The Night Of
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The Night Of

Série HBO (2016)

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Il est temps que je sois lucide avec moi-même : je ne me réalise pleinement que dans la haine. C'est donc avec un incomensurable plaisir non dissimulé que je vais m'atteler à détruire un succès bien entendu immérité. A moi l'ire de puceaux cinéphiles, à moi les dislike des comptes créés spécialement pour l'occasion, à moi l'excommunication de senscritique. Pour cela quoi de mieux que le dernier carton venant d'HBO, bastion inattaquable du bon goût, le village gaulois qui résiste à l'envahisseur critiquophile.


Bon et de quoi ça cause cette merde ?


The Night of, que pour des raisons pratiques qui regardent l'auteur nous renommerons TNO, s'inscrit dans une mouvance post-The Wire essayant de dépasser le simple but du divertissement en y mettant du sens à travers une fresque sociologique. On se sert d'une situation initiale à hauteur d'individu, ici un meurtre, pour exposer comment la société y réagit, bien souvent par ses administrations, ici le sytème judiciaire et carcéral.


Là premier problème: cette thématique a déjà été exploitée au moins 100 fois. En considérant les grands marqueurs de l'histoire du cinéma cela fait depuis au moins 60 ans que l'on s'interroge sur le système judiciare (12 Hommes en Colère, 1957; Anatomy of a Murder, 1959) années auxquelles on peut en rajouter au moins 20 si l'on parle de justice de façon plus générale (Fury, 1936; The Ox-Bow Incident,1943).
Si l'on prend en compte les documentaires contemporains sur les prisons américaines ou les tueurs en série dont on a été abreuvés, tout ce dont parle TNO a déjà été étudié de manière plus exhaustive, il n'y a rien d'original. D'autant que le fait de vouloir s'attaquer à plusieurs sujets conduit la série à n'aborder que superficiellement ces thèmes.


TNO souffre d'un problème plus grave dans sa construction qui dénote à mon sens un manque d'intelligence dans sa fabrication et par conséquent de profondeur du propos.

Dans toute oeuvre du genre réussie il y a la volonté de cultiver une ambiguïté en présentant équitablement les points de vue des différents camps, comme pour abolir l'empathie naturelle d'un personnage principal et pouvoir s'adresser à la partie rationnelle et objective de notre esprit.
Or TNO présente une narration biaisée des évènements. Tout va dans le sens pour faire de Nasir Khan une victime du système. Dans l'enquête préparatoire on nous montre un avocat de la défense qui ne bosse pas (mais faut le comprendre il a des problèmes de santé qui eux pour le coup bénéficient d'un traitement jamais vu dans une série) à l'inverse d'une accusation qui avance dont la démarche est malhonnête car orientée.


Prenons pour exemple le moment où la procureur examine la caméra de surveillance montrant la victime embarquer dans le taxi: elle en conclut de son point de vue que le temps que Nasir met à la prendre est symbole de préméditation alors que le spectateur a vu cette scène de l'intérieur où l'hésitation était clairement exposée. De notre point de vue son hypothèse ne peut donc qu'être erronée et Nasir victime.


En y additionnant des artifices dramatiques pratiques (genre la valse des avocats et tous les twists autour de la jeune représentante) TNO échoue à présenter une narration neutre.


Bon admettons que tel un Atlas des temps des modernes Nasir Khan soit condamné à porter toutes les injustices twistiques du monde, reste l'espoir que sa souffrance serve à développer des opinions intéressantes. Ben non le pauvre bougre aura été sacrifié sur l'hôtel de la dramatisation forcée des séries.
Passé par la case prison qui ne mérite pas que l'on s'attarde plus que de raison tant elle manque de contenu et d'originalité parlons du procès qui est censé être le moment cristallisant la vision d'ensemble.


Et donc d'après vous ? Ben oui c'est un flop. Ce qui frappe en premier lieu c'est qu'un acte basé sur la parole manque à ce point d'éloquence, les dialogues sont des affrontements show off dans la forme dont on aurait enlevé les punchlines, la scène de l'interrogation de l'expert l'illustre spécifiquement.
Ce passage est intéressant car il montre aussi les limites de la démonstration dans son manque de complexité. Si le monde des séries post 2000 a bien été infusé par une tendance c'est l'exposition du travail de la police scientifique. En fonction de l'analyse des blessures ou d'une simple projection de sang, on peut déterminer tout un tas d'hypothèses sur l'arme utilisée, le poids/taille de l'aggresseur, s'il est droitier, gaucher... sans compter les empreintes, fibres, poils laissés qui permettent d'affiner le profil physique. Et bien tout ce travail d'analyse, de confrontation, de réflexion est absent du procès de TNO (ou tellement réduit à sa potion congrue qu'il est négligeable). C'est quand même la honte de se dire qu'un épisode random des Experts met la misère à ton mémoire sur komençavatromallajustice.
Finalement cette partie réussit à synthétiser la série non pas dans sa réflexion comme elle le devrait mais dans tous ses échecs puisque on y retrouve aussi sa manière de t'expliquer ce que tu dois comprendre en surlignant.


Au moment où la mère quitte le tribunal on nous montre un plan de plusieurs secondes durant lequel tout le jury se retourne pour bien faire comprendre qu'il l'a vue et que ça risque de les influencer. Et comme si ça suffisait pas dans la scène d'après on voit un face-à-face entre l'avocate et la mère avec une explication textuelle de ce qu'il y a à retenir.


Même dans sa conclusion TNO ne s'épargne pas la facilité et sitôt l'épilogue terminé le sentiment du tout ça pour ça?! demeure le dominant car on réalise qu'on vient de passer 8 heures devant la télé pour apprendre que la prison rend les gens méchants.


Comment avec tous les éléments à charge (dont le témoignage de Nasir) les jurés peuvent-ils être amenés à l'impossibilité de trancher ? Juste parce que dans le coin il y avait deux ou trois types pas nets ?
=> flagrant délit de prise pour un con du spectateur par les scénaristes.


Malheureusement pour elle The Night Of tombe dans l'écueil de l'oeuvre à portée théorique, condamnée à être brillante sous peine de passer pour un argumentaire pédant et prétentieux.

Djéba
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le 1 mai 2017

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Djéba

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