Foncez en toute confiance !
Créée par Aaron Guzikowski (Prisoners, dont on vous parlait il y a quelques mois), the Red Road est une série de type drame / mystère. Dans une ville fictive du New Jersey où les tensions sont bien palpables entre la communauté amérindienne et la communauté blanche, un sheriff va devoir s’allier à un truand notoire… La série a été diffusée sur Sundance TV dès février et sa diffusion vient tout juste de s’achever aux Etats-Unis. En France, la série est à découvrir sur Sundance Channel le 27 avril dès 22 heures.
On avait très peu parlé de Sundance TV jusqu’ici. Pourtant, depuis 2013, le network semblait vouloir se positionner comme s’il avait quelque chose à prouver. Avant, Sundance Channel, c’était essentiellement des dramas comme on pouvait en voir sur sa « petite soeur » AMC (Rubicon, the Prisoner, ou encore Hustle). En 2013, la chaîne a tout misé sur des séries originales comme Top of the Lake, une mini-série pleine de mystères résultant d’une co-production internationale (on vous en reparlera à coup sûr !), et Rectify, sur la vie après la prison, qui était la toute première série originale produite par la chaîne. Des choix qui très clairement traduisaient la volonté du network de pouvoir proposer des productions de qualité dans la lignée du cinéma indépendant, mais pour le petit écran. Bref, pour avoir vu la plupart de leurs nouvelles séries: j’étais déjà conquise avant de poser mes yeux sur the Red Road, qui est la seconde création originale de Sundance TV.
Harold Jensen (Martin Henderson) est un flic du coin, père de deux adolescents et marié à Jean (Julianne Nicholson), fille alcoolique et un peu dérangée d’un politicien au bras long. Face à lui, Philip Kopus (Jason Momoa), Lénape de sang-mêlé, escrot notoire, est de retour dans sa ville natale. Les routes des deux hommes se croiseront à plusieurs reprises, et souvent lorsque la famille Jensen sera en crise.
Retrouver Jason Momoa (North Shore, Stargate Atlantis, Game of Thrones…) et sa silhouette imposante – pas DU TOUT rassurante – était une très bonne surprise, parce que je ne l’attendais vraiment pas dans ce type de rôle. Parlant à voix souvent très basse, se dressant comme une grosse armoire à glace menaçante, l’homme est dans son personnage et est plus qu’intimidant: il fait véritablement peur. Charismatique même lorsque son personnage glandouille et observe simplement ses ennemis se tirer dans les pattes, Jason Momoa a une véritable présence à l’écran. Et intimide. (oui, je l’ai déjà dit… je sais…)
L’émotion passe très bien et on ressent le malaise des personnages autant que leurs accès de haine: le casting est incroyable à ce titre, et c’est une véritable réussite ! Je ne compte plus le nombre de séries où un personnage censé être au fond du trou et au bord de la dépression a simplement l’air d’avoir un mauvais transit intestinal lorsqu’il est incarné par un acteur sans substance ou trop mal aise dans ce rôle.
L’épisode 1 est un peu fouilli est j’ai eu un peu de mal à suivre l’enchaînement des évènements pendant les 30 premières minutes, me demandant souvent où est-ce que le scénariste voulait en venir exactement. Peu convaincue par le pilote, j’ai néanmoins enchaîné avec l’épisode 2, pour me faire une opinion sur the Red Road… et là, les choses se sont mises en place, chassant cette impression de voir se jouer sous mes yeux un spectacle qui dans le fond ne m’atteint pas vraiment. Le mystère se met en place, les premières pièces du puzzle sont disposées sous nos yeux… et automatiquement, on cherche à trouver un sens à tout dans l’attente de la suite et de la mise au jour des secrets des protagonistes.
Autre élément appréciable: il n’y a pas de véritable « héros » ou de « méchant ». Chaque personnage occupe tour à tour les deux rôles; la frontière reste constament floue, et l’identification de la nature de chaque personnage est pratiquement impossible. Oubliez donc tout référentiel ayant trait au bien ou au mal: the Red Road est également différente de ce point de vue-là.
La photographie et le traitement de l’image sont magnifiques et ajoutent à l’ambiance pesante, presque claustrophobe de la série. Le rythme est une subtile variation entre la lenteur oppressante et quelque chose de beaucoup plus effréné. Le résultat final n’est ni véritablement une série policière, ni complètement une série spectaculaire: the Red Road a pris le parti de tout miser sur le développement des personnages et sur les effets de narration… et c’est sacrément appréciable !
Malgré toutes ces qualités, the Red Road n’a réuni que 0.34 millions de téléspectateurs devant son series premiere, avec une moyenne de 0.16 millions de téléspectateurs devant chaque épisode. On ne sait pas encore si Sundance TV renouvellera the Red Road pour une seconde saison, mais son créateur et scénariste Aaron Guzikowski a déjà dit qu’il avait encore beaucoup d’idées à exploiter. Je suivrais cette éventuelle saison 2 avec grand plaisir !
Sacrément difficile de s’exprimer sur la série sans aborder son intrigue trop en détail ! The Red Road est ma bonne surprise de cette année: je suis difficile, je me lasse des séries qui surfent sur les tendances déjà usées jusqu’à la corde… et the Red Road n’est tombée dans aucun de ces travers. La série est originale, bien écrite et visuellement très belle. Le seul reproche que je pourrais faire serait la lenteur insoutenable du pilote qui a presque failli me faire interrompre mon visionnage de la série… Mais à part ça, n’hésitez pas: foncez en toute confiance !
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