Emportés par un vent exquis

The Rise of the Phoenixes est une série en 70 épisodes, basée sur Huang Quan, un roman de Tianxia Guiyuan et co-produite par Netflix avec Croton Media (Syndication Chinoise), K. Pictures, Hao Mai Culture, Iqiyi, COL Group et New Film Association.
Les noms en langue chinoise pour presque toutes les choses liées à l'empereur ou l'impératrice ont toujours été précédées par l'épithète "Dragon" ou "Phoenix". Cette série va donc s'attacher aux intrigues de cour autour de l'empereur dans la dynastie Han et de l'empire de Tian Sheng. Une histoire de pouvoir et d'amour dans la Chine antique, une bataille entre les héritiers du trône pour devenir le Grand Phoenix.
À qui sait attendre, le temps ouvre ses portes.* The Rise of the Phoenixes est une série qui se mérite. L'adaptation du roman offre de nombreux arcs narratifs, Un empereur qui doit trouver des équilibres dans sa politique extérieure pour protéger l'empire et une politique intérieure avec des héritiers qui se battent sans merci pour le trone. Une cour dangereuse donc, où chaque geste est interprété, mesuré. Il vaut mieux faire attention à chacun de ses gestes, parole ou même à son thé ,qui pourrait bien être empoisonné.
Un prince déchiré entre son amour et ses ambitions, une héritière partagée en sa sauvegarde et ses passions, une histoire d'enchantement, etc …
Le rythme est parfois lent et prends le temps de s'installer mais permet d'autant plus d'apprécier quand l'action s'emballe parfois brusquement. Le livre d'origine Huang Quan est un roman d'aventure :
Prophéties, Intrigues de palais, complots, guerres, batailles,amitiés, trahisons, coups de théâtres. Le destin des des deux principaux personnages n'est pas un long fleuve tranquille.

Exquis : Qui produit la plus délicate impression. Exquis donc...
Il n'est pas toujours facile de mettre des mots sur des idées. Parfois, elles glissent, s'évanouissent, changent, se transforment. Pourquoi cette série d'aventure plutôt qu'une autre ?
The Rise of the Phoenixes bénéficie d'une qualité cinématographique et estéthique qui outre la réalisation ( Shen Yan et Liu Haibo), le doit sans doute à William Chang (The Grandmaster, In the Mood for Love, Ashes of Time) en directeur artistique et créateur de costumes. William Chang Suk-ping (chinois :張叔平; né en 1953) est un Hong Kong concepteur de production, costumier, monteur. Chang est un collaborateur important du réalisateur de Hong Kong Wong Kar-wai avec lequel il travaillera sur In the Mood for Love et 2046. Il a également collaboré avec des réalisateurs tels que Stanley Kwan , Patrick Tam , Yim Ho , Tsui Hark , Jiang Wen et Johnnie To. Il sera nominé aux Oscars du meilleur costume pour son travail sur The Grandmaster.
Connu pour son perfectionnisme et son obsession du détail Il a créé avec son équipe des tenues et décors magnifiques. Il voyage dans le monde entier et particulièrement en Corée du Sud et au Japon à la recherche des tissus les plus appropriés et fait réaliser les tenues entièrement à la main.
Un travail et un budget énorme compte tenu du nombre de personnages. Son talent et son expérience lui permet de nous proposer cette touche supplémentaire de beauté et de magie qui fait le succès de The Rise of the Phoenixes. Brocards et indiennes de soie, voiles de coton, organzas, lins brodés, chaque tenue est pensée pour mettre en valeur les personnages. Des décors et costumes qui nous offrent une voyage merveilleux dans la dynastie Han.

L'amour repose au fond des âmes pures, comme une goutte de rosée dans le calice d'une fleur*.
The Rise of the Phoenixes c'est avant tout une histoire d'amour entre les deux personnage principaux, Ling Yi prince de Chu et fils de l'empereur et Feng Zhi Wei, héritière de la monarchie précédente. Elle marque le retour à l'écran de Chen Kun pour le role de Ling Yi et la première a la télévision pour Ni Ni pour le role de Feng Zhi Wei
Shakespeare nous l'avait bien dit dans Roméo et Juliette, les grands amours sont les amours contrariés et doivent surmonter les obstacles. Ils seront nombreux, ces obstacles pour le prince et la princesse. Les yeux échangent leurs regards, et les êtres existent* dit le proverbe. C'est un amour tout en délicatesse, dans les mots, les regards qui nous portera jusqu'au dernier épisode.
Chun Ku incarne son personnage en profondeur : intelligent, rusé, violent, sensible, délicat. L'alchimie avec Ni Ni, d'une beauté impériale gracile mais volontaire, fonctionne bien et nous offre quelques moments de grâce. Le contexte d'étiquette de la cour permet de proposer des dialogues intelligents et légers.
Au final, c'est un roman d'aventure soigné qui souffre de certaines longueurs mais remplit plutôt bien sa mission. On peut parfois trouver ce que l'on recherche avidement, cette émotion esthétique qui nous fait du bien à l”âme.

*Proverbe chinois (1905)
*Félicité Robert de Lamennais, Les paroles d'un croyant (1833)
*Les plus beaux proverbes de la Chine (1803)