En 2002 démarra sur FX un des plus grands shows de l'histoire de la télévision américaine : The Shield, créée par Shawn Ryan, anciennemennt scénariste de la série Angel et d'un film d'Adam Rifkin et de Tony Markes, "Welcome to Hollywood". Le show dura 7 saisons pour 88 épisodes et s'arrêta donc en 2008.
The Shield suit Vic Mackey, le leader d'une unité anti-gang de quatre policiers corrompus, la Strike Team, dans le district fictionnel de Farmington, Los Angeles et de ses collègues, proches et un peu plus éloignés. Chacun de ces personnages aura sa (ses) storyline(s) passionnante(s) durant les sept saisons. Car l'écriture de Shawn Ryan est d'une efficacité redoutable. Alors que chaque saison amène son bad guy, qu'il soit gangster et donc légitimement mauvais ou policier de haut rang venu pour enquêter sur les actions de la Strike Team, Ryan se permet d'aligner une longue storyline en début de saison deux, qui reviendra hanter Vic Mackey et ses compères jusqu'à la fin de la série. En termes d'écriture, c'est un chef d'oeuvre pur et simple. Par exemple, la saison 4 avec l'arrivée d'un nouveau capitaine jouée par Glenn Close est autant un délice, qui continue avec le passage immense de Forest Whitaker en lieutenant poussé à la faute par Vic Mackey. Le bras de fer entre les deux est probablement l'acmé de la série. Il se termine au début de la saison 6, peut-être justement le moment le moins bon de la saga avec l'arrivée d'Alex O'Loughlin et de Michael Peña. C'est d'autant plus étrange que la saison 6 est en fait la deuxième partie de la saison 5, coupée à la manière des Sopranos. La dernière saison est excellente, avec chaque personnage voyant sa storyline terminée, de manière très nihiliste, comme d'habitude chez Ryan & Kurt Sutter, autre scénariste de la série.
Et c'est là que The Shield fut très fort. La série démarre très mal, finit très mal et pourtant, on ne tombe jamais dans l'excès. Tout semble crédible, comme cette course-poursuite initiale où Mackey et son équipe va chercher des paquets de dope dans l'anus d'un dealer en lui faisant baiser son futal dans la rue. Le casting aide beaucoup. En effet, si des types comme David Rees Snell, Kenneth Johnson, Benito Martinez ou encore Catherine Dent ou Jay Karnes étaient excellents, c'est le duo terrible Michael Chiklis - Walton Goggins (son breakout role, peut-être son plus grand rôle à aujourd'hui, un chef d'oeuvre d'interprétation) qui se trouve être le véritable bijou de la série, l'atout majeur. Les deux acteurs démarrent amis, finissent ennemis et leur affrontement est d'une violence contenue impressionnante que les deux acteurs arrivent à passer avec un regard, un geste... C'est tout simplement du prodige, à ce niveau-là pendant 6 ans. Dans les récurrents, on aura vu passer Anthony Anderson à contre-emploi, Sticky Fingaz, RonReaco Lee, Ron Canada... Que du beau monde. Que dire de la bande-son impeccable, du générique très court et très accrocheur à l'explosion de hard rock et de gangsta rap lors des scènes de rue? Parfaitement adéquat pour l'immersion et le spectacle.
The Shield est un modèle d'écriture, de développement de personnage, de mise en scène, de violence, de dramaturgie et même de buddy show. Pendant que la vie de Vic Mackey s'écroule, le spectateur ne peut qu'être captivé par tant de talent, devant et derrière la caméra. The Shield est un chef d'oeuvre de show, un des plus grands cop shows de l'histoire.