For what ? - The last three years !
The Shield est souvent comparée à the Wire, en concurrent. Si cette dernière offre un profond pamphlet socio-politique proche du documentaire, the Shield est un véritable coup de poing dans le visage du spectateur jouant sur les codes des séries - cliffhangers, tension, twists - pour mieux asséner son K.O. Certes, le fond est sans doute moins subtil, moins profond mais peut-être plus puissant.
La série plonge le spectateur dans le quotidien de la police de la Californie. Véritable chronique du L.A ordinaire, au sein de Farmington, district virtuel mais que l'on imagine bien trop proche de la réalité, entre les dealers de drogue, les meurtres tordus, les guerres de gangs, les mafias, le racisme et la prostitution. L'on suit donc des flics de base qui arpentent les rues pour de simple histoires de voisinage ou de mœurs, des détectives qui traquent des serial killers et la Strike Team, colonne vertébrale du show, inspirée du fameux scandale Rampart qui chassent les dealers. L'on regrettera néanmoins que ce savant équilibre tende à disparaître dans la seconde moitié de la série.
Rien ne semble arrêter cette brigade de choc et the Shield dépeint leurs écarts, leurs travers mais surtout leur longue et inéluctable descente aux Enfers. La série joue sur la tension, parfois jusqu'à l'outrance, jusqu'à l'étouffement et parfois même l'engourdissement et l'impassabilité. Elle marque toutefois au fer rouge, qu'il s'agisse de Vic, des glauques affaires du pauvre Dutch, des décisions troubles ou doubles des hauts placés, des trébuchements de Claudette, de l'opiniâtreté de Kavanaugh, du jusqu'au boutisme de Shane. Vic, Lem, Shane et Ronnie vont chacun leur tour connaître leur petit chemin de croix - machine infernale qui s'enclenche dès le pilote et ne cesse de faire tourner ses rouages pour les broyer lentement.
Et au final, pendant ce long silence, interminable, pesant, sous le bourdonnement des néons, les sirènes, derrière cette vitre, continuent de lancer leur son lancinant.