The Society, la nouvelle série Netflix (jusqu’à la semaine prochaine), s’adresse aux adolescents, avec des adolescents, dans un pitch qui rappelle Sa majesté des mouches. Dans ces productions Netflix, quels soient à destination d’un public ado ou pas, la qualité est fluctuante. The Society se classe parmi celles qui sont regardables mais bourrées de défauts. Je suis peut-être un peu sévère avec ce 5/10, mais malgré le potentiel de la série, elle reste décevante.
On peut dire que la saison se compose de 3 parties : la mise en place, l'organisation de cette nouvelle société, et la remise en cause. Bien évidemment, elles ne sont pas toutes à la hauteur.
Après un pilot vraiment catastrophique, ou le récit est décousu, ou la multitude de personnages rend la narration et les enjeux brouillon, la série se ressaisi. Une fois le cadre posé, certains personnages sortent du lot et l'histoire se met peu à peu en place. Il est dommage que l'intensité des doutes, du chaos de la situation n'ait pas été plus accentuée sur cette première partie de saison. La série aurait dû/pu aller plus loin dans l’errance des personnages. A mon sens c'est la partie la plus faible.
La seconde partie avec la mise en place de cette société est la plus réussi. L’instauration des règles au fur et à mesure que les évènements les imposent est assez réaliste. L’exercice du pouvoir est complexe, cela nécessite de prendre des décisions difficiles, parfois arbitraires, et les personnes qui décident n’ont pas toujours les bonnes réponses. Pour autant, il faut apporter ces réponses, il faut prendre ces décisions. En cela The Society assume complètement son sujet. Elle sait mettre de côté les parties romances de son intrigue pour aborder de front certains sujets plus intéressants (le procès, le sentiment d’insécurité, la punition, la démocratie…). Ce n’est pas forcément très bien fait, mais c’est fait. La série effleure certaines thématique sur l’instauration d’une société, de ses idéaux, face aux individualités.
Cependant, lorsqu’on détient le pouvoir et qu’on prend des décisions difficiles pour le bien de tous, on est nécessairement contesté ou critiqué. Ainsi la dernière partie de la saison, ou l’on voit des remises en question du pouvoir, était inévitable. Je regrette que cela ait été fait de façon aussi grossière. Cela est dû à deux choses, la première c’est l’ellipse de quelques mois, qui était certes nécessaire pour la narration, mais ne laisse pas les rancœurs ou les inquiétudes s’installer. La deuxième raison, et pour moi la plus décevante, c’est que la série a choisi, parmi tous les jeunes, de n’en montrer que quelques-uns, ce qui est normal. Le problème c’est qu’on a toute la bande de ceux qui dirigent, réfléchissent au pouvoir et agissent (à la limite le personnage de celle qui incarne la religion est plus neutre), et de l’autre côté, parmi ceux qui exécutent les décisions et vivent en subissant, on nous propose deux personnages majeurs, Campbell qui est présenté comme un psychopathe, et Harry, le riche qui a perdu ses privilèges… Sur le dernier pan de la série le personnage de Lexie prend plus d’ampleur, mais on ne l’a pas suffisamment vu précédemment et discuter avec d’autres qui ont les mêmes idées qu’elle, pour qu’on arrive à bien s’impliquer dans ce basculement de la société.
En dehors donc d’un traitement que je trouve globalement facile à suivre, cohérent et assez intéressant, mais qui manque de finesse, il y a deux points que je trouve un peu dommage dans cette série. Le premier c’est, comme je l’ai déjà fait apparaître plus haut, les personnages. Je trouve que ceux qui sont proches d’Allie manquent un peu de subtilité. Elle et surtout Will, manque de charisme. Alors certes certains sont attachants. Mais il est dommage de trouver les personnages plus intéressant du côté plus neutre de l’histoire (Helena, Kelly, Elle, voir Grizz). C’est aussi dommage d’avoir fait de Campbell un personnage aussi manichéen.
Le deuxième point qui me laisse dubitative c’est le choix de créer un mystère autour de l’endroit où ils sont et de ce qu’il s’est passé. Je trouve que ça rajoute un élément supplémentaire que je ne pense pas que la série soit en mesure de traiter convenablement, avec des éléments de réponses crédibles. Alors à quoi bon créer cet artifice ? D’autant plus que ce « mystère » justifie un cadre à la série qui décrédibilise un peu l’ensemble : les personnages ont du réseau juste pour communiquer entre eux, ils ont de l’électricité… Je ne sais pas dans quelles mesures ce contexte est une facilité scénaristique ou est lié au scénario, mais comme je pense que la partie la plus intéressante c’est l’organisation et l’évolution de cette société, sur celle-ci et sur les personnages, je trouve ça artificiel.
The Society est une série regardable, avec un sujet intéressant. Pour autant, on reste dans le cadre d’une série pour ado, ou la finesse d’écriture n’est pas présente. Il faut donc être indulgent sur le traitement « avec les gros sabots » et laisser passer quelques incohérences pour apprécier le visionnage. Je fais aussi une parenthèse sur l’intrigue autour de Campbell et Elle, que je trouve réussi et qui nous apporte un épisode de Thanksgiving sous haute tension.