Au XIXème siècle les navires britanniques de l’expédition Franklin, le Terror et l’Erebus sont pris dans les glaces alors qu'ils sont à la recherche du passage du Nord-Ouest, visant à supplanter celui du Cap Horn pour atteindre l’Asie.
Adapté de l’ouvrage de Dan Simmons, les créateurs se sont également servis de témoignages d’époque, d’analyses scientifiques et de biographies pour conserver l’aspect historique et dresse un portrait de conditions de navigation et de risques liés à de telles expéditions, et l’agrémente de surnaturel, permettant de combler les zones d’ombres sur la disparition soudaine de ces deux navires.
Viendront alors les attaques d'une mystérieuse créature, particulièrement agressive, venant s’ajouter aux conditions de survie difficiles et aux tensions de l’équipage, sans pour autant que l’épouvante ne prenne le pas sur l’intrigue. Un croisement des genres façon survival en milieu hostile.
L’homme face à la nature et aux éléments. Voilà donc une belle idée. Tout est bien amené et la mise en scène est assez prenante, lente mais rythmée et réserve son suspense faisant la part belle à un trio de personnages, tous excellents. On remarque particulièrement Jared Harris nostalgique et grand déprimé devant l’éternel.
Souvent dialoguée, la série opte pour une ambiance intimiste et délétère. Les scènes d’action sont tout autant surprenantes qu’elles sont rares. Les décors de glace sont impressionnants malgré parfois un aspect cheap, les reconstitutions sont réussies et les flashbacks nous permettront de mieux cerner les personnages, leurs attentes, leurs déceptions et le choix qui en découlera à faire partie de l’expédition, sans que cela gêne à la narration, venant plutôt se heurter avec talent, au dénuement de leur situation présente. Ces moments pointent les enjeux économiques d’une Angleterre prête à tout pour ses conquêtes, d’hommes dépassés par leur mission et les attentes de leur pays. Les personnages évoluent dans une attente inquiétante, de maladie et de légendes qui finiront par avoir raison de certains…
Du huis-clos de l'introduction et de l'étouffement des décors en milieu confiné, viendront ensuite les expéditions extérieures avec les grands espaces désertiques, le silence entourant l’immense environnement glacial et ouvrent le récit. La crainte de la longue nuit, la violence de certaines scènes et la beauté des aurores boréales, se mêlent aux craintes superstitieuses et aux envolées christiques qui participent au surréalisme des situations.
Un premier épisode sans que l’on sache vraiment où l’on se dirige, pour ensuite rentrer dans le feu de l’action. Mais des situations qui auraient méritées soit d’être approfondies soit totalement éliminées notamment sur le personnage de Hickey, et un final qui laisse sur sa faim, malgré une dernière scène de toute beauté. On peut aussi regretter que les caractérisations ne soient pas plus approfondies, ou trop tard où l’empathie fait défaut pour se précipiter dans l’émotion en seconde partie de manière trop abrupte.
Pourtant, et même si la créature peut sembler accessoire, et n’est pas franchement réussie, elle est peut-être la parabole de la défense de la nature contre la colonisation de ses terres, induits par ailleurs par la présence de deux inuits en début d’intrigue, investis dans la sauvegarde de la bête. De croiser le physique au spirituel, le connu à l’indicible, la raison à la folie, confère à l’ensemble une ambiance métaphysique qui en fait tout son charme.
L’homme défait de sa sécurité, déprimé et découragé, face à la mort prochaine, deviendra lui-même le véritable danger pour ses compagnons. Mais la sauvegarde des uns dépendra aussi de la force des autres, et nous laisse entrevoir des envolées humanistes salvatrices, seules rempart contre l’adversité.
Une série qui, dans le panorama habituel, reste un agréable moment.