Tony Ferrino est la plus grande star de l’industrie musicale portugaise, il est également admiré au Brésil, au Danemark et en Irak. C’est tout naturellement qu’il atterrit sur le prime time de la BBC pour deux soirées consécutives avec une émission musicale The Tony Ferrino Phenomenon (qu’il prononcera jusqu’à la fin ‘Phenomenom‘) et un entretien sur sa vie et son oeuvre : Introducing Tony Ferrino : Who, And Why ? A Quest. Grand séducteur Tony chante la femme et l’amour lors d’un duo avec Kim Wilde sur Short Term Affair, célèbre les affres de la passion avec Bigamy at Christmas et manie avec talent les sous-entendus délicats dans Fishing for Girls au côté de Gary Wilmot. Tony nous prouve qu’il est aussi un artiste créatif avec son adaptation du Silence des Agneaux en comédie musicale.
Immediately I got off the plane I kiss the ground and, call me crazy,
but I swear the ground kiss me back.
En 1996 Alan Partridge est déjà un phénomène après la diffusion de Knowing Me Knowing You. Le public aime et plébiscite ses créations avec à nouveau le succès de Paul Calf et semble peu connaître l’auteur derrière la perruque. Steve fait quelques apparitions « au naturel » mais préfère la plupart du temps se cacher derrière ses personnages. C’est ainsi qu’est annoncée la diffusion d’un prime spécial ‘Tony Ferrino’ avec la venue du chanteur la veille dans l’émission de Clive Anderson. Le surlendemain est diffusé un faux-entretien de 30 minutes où Tony dévoile toute son agressivité et sa mégalomanie. Steve n’est jamais mentionné et si la confusion n’a pas empêché le succès d’Alan elle semble expliquer pourquoi Tony est resté un personnage confidentiel. Au lieu du traditionnel bouffon Steve créé un Tony très réaliste, bien observé comme d’habitude et qui s’offre un show comme on pourrait en voir le dimanche après-midi. Tony Ferrino est un pastiche subtil là où certains s’attendaient à une parodie féroce.
Pour réaliser un pastiche parfait il faut le plus grand sérieux. Steve demande l’aide de son frère Martin, ex-leader des Mock Turtles, Steve Brown (aka Glen Ponder dans KMKY) pour la musique et fait appel au chorégraphe Bruno Tonioli (aujourd’hui juré dans Danse avec les Stars UK). Le comique de ce ‘Phenomenon’ se cache dans l’observation et les détails, loin du rythme habituel et je peux comprendre si certains spectateurs se plaignent de quelques longueurs. C’est ridicule et mégalo, Tony est une diva qui s’applaudit après un numéro grâce à la magie d’un montage dégueulasse. Les chansons sont typiques de ces crooners en carton des 70’s. Bien sûr pour arriver à ce flot de sensualité Tony s’est entraîné. Voyez l’évolution depuis sa 1ère apparition à la télévision portugaise sous l’objectif d’un caméraman chevronné. Après passage obligé à l’Eurovision avec l’efficace Papa Bendi qui lui assure une victoire célébrée par un bras d’honneur à ses adversaires. Son style enfin défini c’est avec sa chemise en soie et sa gestuelle sensuelle qu’il interprète le génial ‘Taxi Taxi‘. Le pire ? Il chante bien ce con, ses chansons restent dans la tête.
Derrière l’artiste se cache un homme. Découvrez qui est Tony Ferrino dans Introducing Tony Ferrino : Who, And Why ? A Quest présenté par le malheureux Ross Woollard (Peter Baynham). De la fausse carte écrite par ses enfants à ses amitiés controversées Tony dévoile un côté sensible et rageur. Il balance sur ses collègues, ne comprend pas le second degré et manque de s’embrouiller avec Ross.
Avec ses fidèles auteurs Henry Normal et Peter Baynham Steve étoffe sa galerie des idiots qui s’ignorent. Avec une parodie travaillée avec minutie Steve délaisse la fantaisie de ses précédents personnages pour un rendu crédible et kitsch à souhait. Son interprétation est toujours à la hauteur, certes moins grotesque, et plus précise avec une gestuelle très étudiée.
Retrouvez sur mon blog un portrait/hommage à Steve Coogan – L’observateur obsessionnel https://dismoimedia.com/2016/10/20/portrait-de-steve-coogan-lobservateur-obsessionnel/
https://dismoimedia.com/