Au début on pense un peu à The Affair. Cette ambiance particulière propre à "l'upper class new-yorkaise", celle qui vit dans le luxe, et dont l'existence n'est rythmée que par la parentalité tranquille et les tentations adultérines. Grace (Nicole Kidman) est psy, elle vit avec son mari Jonathan, oncologue de renom, et leur fils dont le prénom n'a strictement aucune importance, dans un immeuble indécemment bourgeois en face de Central Park.
Le ronron de la vie de famille laisse place à une attraction étrange envers une jeune mère de famille dont le fils fréquente la même école que le gamin dont j'ai fait l'économie du prénom (ça doit être un truc du genre Chad, ou Jake je pense). Ça vire rapidement au crime et le côté suspense policier prend naturellement le dessus sur l'air familier du "ki ki l'a tuée ?" de The Killing à The Night of, où chaque personnage est tour à tour suspecté d'avoir commis l'irréparable. Chaque épisode construisant une culpabilité avant de la "défaire" en fin de programme. Le dernier plan équivoque orientant le spectateur sur la piste d'un personnage qu'on avait pas encore envisagé comme assassin potentiel jusque là.
Après deux épisodes accrocheurs, la série tombe dans le remplissage pur et dur (épisode 4 rempli d'air à 80%) jusqu'au dernier épisode qui nous révèle le fin mot. Elle vaut essentiellement pour sa réalisation plutôt sobre (même si quelques plans sans focus à la The Third day surviennent dans la deuxième moitié de la saison), et par son casting (Nicole Kidman, Hugh Grant, Donald Sutherland et Edgar Ramirez).
Et c'est fou ce que parvient à faire Nicole Kidman nonobstant sa violente paralysie faciale due à l'abus de botox. Tout de même... Quelle actrice. Si elle était en pleine possession de ses traits, elle serait exceptionnelle. Mais pour le moment elle n'utilise que ses yeux et sa voix, un peu comme Edith Scob dans les Yeux sans visage, un sérieux handicap. Le reste demeure figé. La bouche entrouverte perpétuellement, comme un poisson qui évalue le danger en face d'un appât scintillant dans une eau trouble*. Ce refus de vieillir - comme Tom Cruise d'ailleurs est flippant pour un spectateur neutre. Avoir la cinquantaine et vouloir rester à 33 ans à jamais, n'augure rien de bon quant à ses vieux jours. Car malgré les progrès de la chirurgie esthétique, au bout d'un moment, il n'y a plus grand chose à rabattre derrière les oreilles à l'aide d'un fil d'or.
Ni fait ni affair
A l'inverse Hugh Grant n'en a trop rien à faire de sa ganache, il est ridé et fait bien son âge. Il incarne sans trop se fouler un mari trouble qui cache une tonne de secrets à sa compagne. Rien de fou non plus, notez bien, mais c'est un type qu'on a toujours plaisir à voir (The Gentlemen récemment). Il a quand même le profil du mec qui va se faire mettre par des bodybuildeurs porto-ricains sur Riker's island. Dans les faits, c'est lui qui fait le coup de poing à un type qui veut son autographe. On croit rêver mais bon.
On jugera son explication d'adultère pas des plus courageuses devant sa femme et son fils : "non mais vous comprenez, cette mère de famille était vulnérable, j'ai pas voulu la rembarrer, j'ai couché avec elle à cause de mon cote St Bernard du sexe", alors qu'il lui suffisait de dire "bah oui fiston, mais tu aurais vu ses sacrées meules, j'ai pensé à rien d'autre, j'ai déconné j'ai honte". Ça aurait été bien moins faux jeton. Surtout que la Grace a bien failli succomber également... Mais rétrospectivement c'est pas si con que ça, car les épisodes construisent un Jonathan plus manipulateur qu'il n'y paraît (enfin que l'image de Hugh Grant ne le paraît). Ce rôle a peut-être une résonance avec sa vie personnelle. Les plus jeunes ne s'en souviennent pas, mais il avait morflé dans les années 90, après avoir trompé sa compagne avec un tapin à 10 sac dans une ruelle de Los Angeles.
Le cas de Donald Sutherland est encore plus compliqué. Il a joué le méchant un nombre incalculable de fois dans sa vie, si bien que lorsqu'il apparaît à l'écran pour la première fois dans son rôle de milliardaire, avec son sourire sardonique, on se doute bien qu'il ne campe pas un philanthrope, et qu'il est mêlé de près ou de loin à l'embrouille, et qu'on le suspectera autour de l'épisode 6. Ça gâche un peu tout. Le vrai coup de théâtre serait qu'il n'y soit pour rien dans cette histoire. Et ça serait un truc bluffant pour le spectateur.
Perso c'était mon suspect idéal, un riche boomer qu'on a pas encore suspecté 5 épisodes avant... Finalement, c'est bien le mari infidèle anglais et psychopathe qui a fait le coup. On est reste un peu sur notre faim au final, surtout la scène de procès.
Mention à Mathilda de Angelis dont le physique spectaculaire évoque une Jennifer Lawrence italienne. Elle a peu de texte mais elle n'a pas volé son cachet, car la caméra ne nous épargne rien de son intimité à chaque apparition. Elle a le mérite de troubler le spectateur masculin à défaut de jouer complètement juste (les voix éraillées un cache misère d'actrice ou point fort sur les hommes cisgenres ? vous avez 45 minutes).
A part ça, rien. Rien qui ne soit du déjà vu, ou du déjà filmé. Certaines scènes feraient un très beau spot publicitaire pour visiter Central Park, c'est toujours aussi bien boisé.
The Undoing ne pose qu'une seule véritable question : Mais ké k'branle HBO depuis des années ?
*c'est beau ce que j'écris quand même.