The Virtues ne serait surement jamais passé devant mes yeux si la mini-série de Channel 4 n'avait pas été présentée durant le festival Séries Mania de Lille. Après avoir visionné ses 4 épisodes, je n'ai qu'une question : Qu'est-ce qui m'a fait attendre si longtemps ?
Car le charme est immédiat. C'est un charme triste et pudique dès les premières minutes, un charme introverti qui s'inscrit immédiatement dans les yeux d'un immense Stephen Graham, très vite supplanté par son rôle. Derrière le personnage fragile de Joseph qu'il incarne à merveille, se cache une profondeur que la série n'a de cesse de creuser jusqu'aux dernières minutes, une profondeur faites d'un présent qui se défile et d'un passé qui reviendra côtoyer le futur que le personnage tente de se donner.
L'histoire de The Virtues se découvre et en parler ici serait presque criminel. Car le parti-pris de Shane Meadows et Jack Thorne est d'en dire le moins possible en nous laissant spectateurs des interactions entre les individus qui composent cette douloureuse introspection d'un homme fragile à la lutte avec lui-même. Les instants de vie que l'on suit sont dissimulés derrière un brouillard de sentiments. Il se passe finalement très peu de choses au cours de ces quatre épisodes qui s'appuient principalement sur les non-dits et le jeu des acteurs.
Ai-je déjà mentionné que Stephen Graham est magistral ? Le guignol de Snatch et l'exubérant Al Capone de Boardwalk Empire s'illustre ici dans un rôle complexe. Véritablement touchant, presque bouleversant dans plusieurs longues scènes où son corps s'exprime tout autant que son visage, il est entouré d'un casting irréprochable qui représente la véritable force de cette histoire poignante.
En à peine 4 heures, The Virtues réussit à nous émouvoir, à imbiber nos yeux de la détresse d'un homme fébrile, perdu, qui tente de tenir bon en cherchant à se raccrocher à ce qu'il peut pour ne pas se laisser engloutir par ses démons. La beauté triste de la série se situe dans ce qu'elle cache, dans ce qu'elle refoule, dans ce qu'elle nous dévoile petit à petit au rythme d'un passé de plus en plus présent.
Allez-y l'esprit vierge et laissez-vous dériver, doucement, d'un regard à un autre, d'un sourire à un tremblement, d'un mouvement de tête à une larme. Il y a si peu à dire et tant à ressentir. Essayez.