No brain, no pain
Le zombie est une créature déclinée à toutes les sauces et sur tous les supports. Pourtant la mythologie utilisée dévie finalement très peu des oeuvres fondatrices : des balles dans la tête, de...
le 2 févr. 2011
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Lancée en 2010 par Frank Darabont, et basée sur les BD de Bob Kirkman, The Walking Dead est une série post-apocalyptique reprenant une créature mythique plus que jamais à la mode: le zombie. On suit en effet les aventures de Rick Grimes, incarné par Andrew Lincoln, dans un monde déchiré et terrifiant, d'autant plus que la propagation du virus n'est pas mise en scène. Non, le héros, plongé dans le coma, ne se réveille qu'après un mois, permettant un contraste et une surprise d'autant plus forte (ainsi que l'insertion d'un spin-off putassier).
Plus largement, The Walking Dead, c'est une série violente, zombies oblige; mais c'est aussi l'une des séries les plus "branchées chez les jeunes". Vous me pardonnerez l'expression qui a plus de trente ans, mais c'est bel et bien une réalité: moi qui ai 18 ans, je suis mieux placé que quiconque pour établir un podium des séries populaires chez les lycéens et étudiants tel que: 1. Game of Thrones, 2. Breaking Bad, 3. The Walking Dead. Il a donc forcément fallu, un jour, noyé sous les recommandations amicales qui tournaient autour de cette série, que je succombe à la hype (décidément, les expressions c'est pas ça aujourd'hui).
Je me mettais alors à déguster, un par un, puis deux par deux, les épisodes d'une série qui parvenait à établir une atmosphère particulièrement pesante et sombre. Vous me direz "Normal, c'est la fin du monde", je vous répondrai: "Eh bien oui; justement The Walking Dead retranscrit une ambiance lourde et subtilement chargée de désespoir, qui me semble ma foi parfaitement juste et adaptée à ce que veut montrer la série dans sa saison 1." Cette dernière ne dure certes que 6 épisodes; mais c'est assez pour assister à quelques morts, à quelques dialogues intéressants, qui participent à cette atmosphère de plus en plus désespérée, ou encore à quelques décors réellement travaillés (je pense surtout à cette image de l'autoroute dégagée d'un côté, mais embouchée de l'autre).
Plein de choses, donc, qui ne pouvaient que m'encourager à me mettre à la saison 2. Et là, le charme opère définitivement. Plus d'Atlanta cette fois, mais un décor plus rural, plus fermier. Evidemment, je rejoins les détracteurs de la série, et même plus précisément ceux de cette saison-là, sur le fait que cette saison soit très lente, et longue. Mais à mon goût, elle succède avec justesse à une première qui bougeait peut-être un peu trop. Il y a toujours, de plus, cette atmosphère chargée de panique, vraiment propre à cette série, que je pourrais définir de la manière suivante: c'est une sorte de peur que ressent le spectateur, d'avoir conscience qu'à tout moment les personnages peuvent mourir, que personne n'est à l'abri. Cela n'empêche évidemment pas les relations entre les personnages d'évoluer, relations d'une qualité telle qu'on ne retrouvera pas dans les saisons futures.
Arrive alors la saison 3, qui va mettre en scène les personnages environ six mois plus tard: de nouveaux personnages arrivent, toujours aussi attachants, et surtout la bande à Rick va se confronter pour la première fois à un antagonisme de taille. Là encore, je sais que cette saison a pas mal de détracteurs, visant l'antagonisme en question, ou même tout simplement le rythme de la saison, trop lent. Eh bien, personnellement, encore une fois, j'ai trouvé cette saison parfaitement dans la lignée des deux premières. Elle conserve en effet toujours son atmosphère de peur, notamment avec plusieurs rebondissements.
Je pense avant tout aux sautes d'humeurs du Gouverneur et au retour magique de Merle. Ou encore, à ce final hallucinant, peut-être le meilleur de la série pour le moment.
C'est également la première fois que la bande à Rick va se retrouver en position de force, permettant de développer un peu plus les personnages. Pour le reste, rien ne change vraiment: les quelques avancées qu'on aura par rapport à la nature du virus suffisent pour le moment (dans la situation où ils sont, on n'attend pas grand-chose de plus des personnages) et les morts toujours aussi fréquentes permettent de faire évoluer certains personnages tout en se débarrassant des plus inutiles.
Lori et T-Dog, si vous m'entendez.
A ce moment-là, The Walking Dead, c'est aussi une série qui retranscrit avec justesse ce qu'on envisage ce qu'il se passerait si une telle invasion devait arriver. Outre le réalisme fou des zombies dont le maquillage reproduit exceptionnellement bien certains états de décomposition, ou encore la transcription scénaristique quasi parfaite de la BD, l'évolution des personnages, dans les trois premières saisons, sonne vraiment juste.
Que ce soit Shane qui tourne mal, ou Carol qui s'endurcit, on y croit vraiment. Même les antagonismes, comme le Gouverneur, sont travaillés et crédibles (je pense aux scènes avec sa fille).
The Walking Dead, d'ailleurs, c'est aussi de très belles scènes.
Ici, je pense à lorsque Carl annonce à son père la mort de sa mère... par lui-même.
Donc voilà, j'étais plutôt satisfait de cette série jusqu'à l'arrivée de la saison 4. Car, je demande à ceux qui encensent cette saison: que s'est-il passé pendant cette saison ? Concrètement, je veux dire ? Je suis d'accord pour dire que la deuxième partie de la saison insiste bien sur la psychologie des personnages, permettant ainsi de n'en laisser aucun pour compte; mais elle présente aussi des longueurs affligeantes (ce mot ressemble bien trop à Affligem, ça me donne soif). Pour moi, le principal atout de cette saison demeure dans sa première partie.
Le fait qu'une maladie se répande est très très plausible, et certains personnages deviennent enfin intéressants (Beth, qui s'en fout lorsque son petit copain meurt).
Si l'on pouvait trouver un autre point fort à cette saison, c'est cet épisode de mi-saison, spectaculaire à souhait et intense émotionnellement. Le reste des épisodes, j'avais déjà l'impression que la série avait déjà perdu cette atmosphère de peur, pour lui préférer cette focalisation surfaite sur les personnages.
Ça ne s'arrange pas dans la saison 5, où certes l'on reste dans la lignée de la précédente, mais où l'on assiste clairement à une saison de transition. Naviguant entre antagonismes caricaturaux et anecdotiques et de faux épisodes de survie qui s'étirent de façon à pouvoir tenir le quota des 16 épisodes, la saison a tendance à baisser en qualité, d'autant plus qu'il n'y a pas le focus sur les personnages qu'il pouvait y avoir dans la saison 4, et que certains sont oubliés (et sautent même des épisodes !). Ce n'est pas qu'il ne se passe rien dans cette saison: c'est surtout qu'elle se perd dans des futilités pas vraiment utiles ni au développement du personnage, ni à celui de l'intrigue. Et puis, en parlant de développement des personnages, la saison 5 a souvent eu tendance à pousser ses protagonistes à devenir caricaturaux.
En effet, si le final de la saison 4 (allez, et puis l'épisode 1 de la saison 5) sont parfaitement dosés et badass, le reste de la saison 5 veut trop complexifier ses personnages, en vain, et en fait du même coup au mieux des coquilles vides, au pire de vagues images de ce qu'ils pouvaient être dans les saisons précédentes.
Bien sûr, il reste des scènes fortes, comme celle de l'égorgement dans l'épisode 1. Mais quand je vois une série que j'aimais tant basculer du côté obscur de la série B (voir Morgan le Yamakasi et son batôn), je me dis qu'elle a quand même sacrément perdu de niveau. Les pétages de plombs successifs de Rick, ou même les monologues psychopathiques de Carol sont de moins en moins crédibles, tant les enjeux entre les antagonismes deviennent flous et parfois sans valeurs: on peut mettre ça sur le compte de sa folie, mais pourquoi est-ce que Rick pète un câble, sinon pour se taper la femme de Pete ? Alors oui, c'est badass, oui, c'est cool à voir; non, ça n'est pas crédible.
Cette saison m'a paru clairement comme un saison de transition, qui n'a pas vraiment d'identité propre et semblait se perdre par moments. Heureusement, de nombreux éléments (notamment éventés par les lecteurs de la BD) poussaient à croire que la saison 6 sera de meilleure qualité.
Mais non. Même si l'on poursuit l'intrigue d'Alexandria dans cette saison 6, avec Morgan comme nouveau personnage important, la série qui m'avait fait vibrer dans ses trois premières saisons reste bien pauvre. "La saison 6 sera la saison de l'arrivée de Negan, antagoniste particulièrement coriace des comics, attendu avec impatience par les fans." On pourrait volontiers appliquer cette phrase comme synopsis de cette sixième saison. Entre filler-episodes et allées et venues inutiles ne visant qu'à développer des relations entre les personnages devenues redondantes et faussement complexes, on ne bondit plus que de cliffhanger en cliffhanger, poussant le spectateur à poursuivre toujours plus loin son avancée dans la série, sans que la qualité escomptée, ou même les promesses faites, ne soient au rendez-vous. Car, oui, la saison 6 est la saison de l'arrivée de Negan. Durant les vingt dernières minutes de l'épisode final.
En massacrant, comme attendu, l'un des personnages principaux, SANS QUE NOUS SACHIONS DE QUI IL S'AGIT.
Dites-moi s'il vous faut plus de raisons pour vous décrire à quel point les scénaristes ont décidé de se foutre de plus en plus de la gueule des spectateurs. La série en est même réduite à simuler de fausses morts, signe de son audace perdue et de son incapacité à retrouver cette identité violente et surprenante, impitoyable, qui faisait son charme.
Bien sûr, je radote. Quelques rebondissements sont agréablement surprenants, et quelques épisodes sont d'un bon crû, et je reconnais que le season finale, hors sa longueur et son cliffhanger, a quelque chose d'angoissant - dans le bon sens du terme. Mais l'abus d'antagonistes, d'intrigues secondaires inutiles et chronophages, a eu raison de la qualité de cette saison, dont même les effets spéciaux, même si le maquillage des zombies est toujours au rendez-vous, m'ont parfois déçu. Les ficelles se voient de plus en plus, la série tourne parfois en rond, symptômes d'une série qui s'essouffle et qui reste, pour moi, sur deux saisons de transition faiblement alimentée par une intrigue d'Alexandria largement insuffisante. J'espère bien que l'arrivée de Negan, dans cette saison 7, saura redonner à cette série l'audace et le prestige qu'elle mérite, et qu'elle la fera sortir du carcan scénaristique dans lequel elle semble s'enfermer de plus en plus.
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Créée
le 31 mars 2015
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