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Qu'espérer d'une série dont le titre est la traduction d'une formule à l'utilisation erronée ?

J'avoue que je n'attendais pas grand chose et que pour certains points, je fus quand même déçue. Woodkid à l'ouverture... pour des percussions et des chœurs somme toute assez banals sur fond de flots de sangs envahissant Rome. Une représentation ma fois plutôt correcte des courses de char... pour un empilement de clichés sur les gladiateurs, à commencer par celui qu'annonce le titre : "ceux qui vont mourir". Un nombre important de rôles féminins et trois relations queer... pour qu'une soit toxique, une soit l'esquisse d'un viol et la troisième serve à justifier un joli costume, un maquillage charmeur et la présence d'un personnage dans la scène finale (pensée à toi, Amante-figurante-à-une-réplique-unique, même si la caméra te coupe à moitié dans le dernier épisode, je t'aimais bien). Dans ces décors parfois originaux (le Cirque Maxime, la basilique Julia, Ostie, le temple de Saturne, le temple de Vesta) évoluent des personnages qui ont tout de ceux de l'excellente série Rome, attachants bien qu'ambivalents moralement... le côté attachant en moins. Si un personnage vous semble sympathique, il deviendra sans doute détestable dans la seconde moitié de la saison, ou sera totalement oublié par la narration et les personnages – s'il a la chance de survivre. Et naturellement, quand ils ne sont pas occupés à se rendre oubliables, certains se prennent d'un accès de folie après avoir sniffé du scénarium et agissent comme après un échec critique au jet d'intelligence, ou un glitch qui vous enverrait soudainement dans le décor. Parfois, ce sont simplement des enchaînements d'action mal huilés qui feront hurler "MAIS C'ÉTAIT SÛR EN FAIT". Petit bémol également sur la violence inutile des derniers épisodes et le sexe gratuit du début de la série. Quant à la musique, si elle n'est pas mauvaise en soi, elle n'est pas non plus marquante, à quelques exceptions près (Let The Game Begins, si jamais). Écoutez l'album sans les images, fermez les yeux et violon et violoncelle vous emmèneront peut-être dans un drame de palais au XIXe siècle.

Malgré un latin aux fraises (Aedile ludi ? Décidez-vous sur la langue au sein d'un même mot !) et aucun papyrus un tant soit peu correct à l'écran (passons sur le "parchment" entendu au détour d'un dialogue), il faut reconnaître à la série son excellent travail visuel. Plusieurs fois j'ai eu envie de faire une capture d'écran tant le jeu des contrastes et la palette bleue/pourpre/or/brune étaient un véritable plaisir pour les yeux. Les costumes et les coiffures s'y accordaient naturellement, et si tous n'étaient pas parfaitement historiques, l'esprit y était au service de l'aspect général. La plupart des acteurs jouent très bien leur rôle également, notamment pour les personnages de Tenax, Cala, Domitien, Antonia, Viggo et Kibwe, et naturellement Vespasien, mais le talent d'Anthony Hopkins n'est plus à prouver (et puis il a l'habitude maintenant d'être le roi vieillissant père d'un aîné guerrier et d'un cadet politicien habile avec les mots, n'est-ce pas Odin ?). Mention particulière à Titus qui passe d'une apathie de huit épisodes à des pointes d'humour pince-sans-rire dans les derniers, le tout avec une voix chuchotée qui fait de lui un empereur Batman – c'est un style. Enfin, je salue l'attention portée à de petits détails de civilisation : la présence des Vestales au premier rang des spectacles, la couleur des vêtements qui dépend de la faction que l'on soutient, les dauphins qui comptent les tours de la course, les langues étrangères (bien que modernes, au moins en arabe ou en grec)... Cela compense le boulier, l'inconsistance des langues, la Vestale exécutée avec effusion de sang et les papyrus (ces derniers représentant non pas une, ni deux, mais bien six secondes scandaleusement incorrectes sur huit heures de série).

L'intrigue d'ensemble se tient également, j'ai même plutôt aimé le fait que l'on suive deux anti-héros, voire héros négatifs (Tenax et Domitien), et certains retournements peuvent être surprenants, aussi n'ai-je pas détesté cette série. Il m'est même arrivée de réellement apprécier certains épisodes et certains personnages secondaires, voire tertiaires, m'ont beaucoup plu. Cependant, si votre liste à voir est déjà longue comme un jour sans pain, je ne pense pas qu'il faille vous précipiter sur celle-ci, et si la Rome tardo-républicaine ou des premiers siècles de l'Empire vous intéresse, laissez-vous plutôt tenter par Rome.


Ah oui, tiens, j'aurais aussi pu parler des "QUOI ?" que m'ont fait pousser les passages où il était question du Vésuve....

Helarchiviste
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le 26 juil. 2024

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