Timbré (Going Postal), c’est comme si tu ouvrais une lettre attendue depuis longtemps, mais au lieu d’une facture ou d’un prospectus ennuyeux, tu tombes sur une histoire déjantée de bureaucratie, de complots, et de magie, tout ça dans un monde où même les pigeons semblent avoir des opinions bien tranchées. Adapté de l’univers barré et génial de Terry Pratchett, cette mini-série de Sky1 te plonge dans l’univers de Discworld, où les facteurs ne se contentent pas de livrer des lettres. Non, ici, ils sauvent carrément le monde. Ou au moins, essaient de ne pas le détruire davantage.
L’histoire suit Moist von Lipwig, un escroc professionnel avec un nom aussi improbable que sa chance. Après s’être fait attraper par la justice (et en évitant de justesse la corde), il se voit proposer un deal par le Patricien de la ville d’Ankh-Morpork : soit il prend en charge le service postal en ruines, soit… eh bien, disons qu’il n’aura plus l’occasion de recevoir des cartes postales. Moist, malin comme un singe, accepte sans trop savoir dans quel nid de guêpes il vient de plonger. Sa mission ? Remettre sur pied un système postal totalement décrépit, face à une concurrence brutale, un réseau de communication magique, et des employés qui semblent avoir un pied dans la tombe (ou carrément deux pour certains).
Moist est un personnage comme on en voit peu : charmeur, escroc jusqu’au bout des ongles, mais avec ce petit quelque chose qui fait que tu finis par l’aimer malgré ses manipulations incessantes. Richard Coyle incarne à la perfection ce type constamment sur la corde raide, qui doit jongler entre sa propre survie et la gestion d’une bande de postiers excentriques. Son évolution, d’un arnaqueur égoïste à un héros très (très) improbable, est à la fois hilarante et touchante.
Mais Timbré, ce n’est pas qu’un one-man show. Les personnages secondaires sont tout aussi savoureux. Il y a Mr. Pump, le golem stoïque et impassible, chargé de garder Moist sur le droit chemin (ou de l’écrabouiller s’il tente de fuir, au choix). Puis il y a Adora Belle Dearheart, une femme aussi badass que sarcastique, qui gère sa propre entreprise tout en ayant une relation compliquée avec Moist, à base de piques verbales et de regards acérés. Et bien sûr, on ne peut pas oublier Reacher Gilt, le grand méchant de l’histoire, avec sa barbe diabolique et ses plans machiavéliques pour maintenir son monopole sur les communications magiques.
L’intrigue tourne autour de la résurrection du service postal, mais comme souvent dans l’univers de Terry Pratchett, ce n’est qu’une excuse pour explorer des thèmes beaucoup plus vastes. La bureaucratie, le pouvoir des grandes entreprises, la manipulation de l’opinion publique… Tout est traité avec cet humour caustique et décalé qui fait tout le sel de Discworld. Et au milieu de tout ça, Moist, avec ses combines et ses mensonges, finit par comprendre que parfois, il vaut mieux jouer avec les règles du jeu (même si ça lui arrache un bout de son âme au passage).
Visuellement, Timbré est un vrai plaisir. Les décors d’Ankh-Morpork, cette ville crasseuse et grouillante de vie, sont parfaitement retranscrits. L’esthétique steampunk, avec ses machines rouillées, ses tubes en cuivre et ses lettres volantes, donne une atmosphère unique à l’histoire. Chaque coin de rue, chaque bureau de poste déglingué, chaque machine de communication est un clin d'œil à l’univers foutraque de Pratchett. C’est une sorte de chaos organisé, où la magie côtoie la technologie d’une manière aussi étrange que charmante.
Mais attention, Timbré ne cherche pas à être une série de fantasy classique avec des batailles épiques ou des quêtes héroïques. Ici, la guerre se mène dans des bureaux poussiéreux, avec des cachets de cire et des enveloppes en pagaille. C’est une satire de la société moderne déguisée en conte fantastique, avec cet humour typiquement britannique qui oscille entre absurde et ironie mordante.
Cependant, si tu n’es pas familier avec l’univers de Terry Pratchett, la série peut parfois te laisser un peu perplexe. Certaines références, certains personnages semblent surgir de nulle part, et l’intrigue, volontairement farfelue, peut donner l’impression que tout part dans tous les sens. Mais c’est aussi ça, le charme de Timbré : un joyeux bazar où même les moments les plus fous finissent par avoir un sens… enfin, presque.
En résumé, Timbré est une aventure déjantée dans un monde où l’absurde est roi et où les postiers sont des héros (à leur manière). Si tu aimes les histoires qui ne se prennent jamais trop au sérieux, avec des personnages hauts en couleur et une bonne dose de satire sociale, alors cette série est faite pour toi. Prends ta lettre, mets ton chapeau, et prépare-toi à plonger dans un univers où la magie, la bureaucratie et les escrocs charismatiques règnent en maîtres.