Time of Eve par Miroir-rioriM
Time of Eve est une sympathique petite série que j'ai découvert sur SensCritique, encore une fois. Je ne savais absolument pas de quoi ça parlait, du tout, donc je n'en attendais rien de particulier.
Time of Eve est une série particulièrement courte, elle aurait pu tenir dans un long métrage, de 6 épisodes centré à chaque fois sur un personnage en particulier ... la plupart du temps un robot.
cette série parle de robot, en effet, des robots un peu semblables à ceux qu'Isaac Asimov décrit.
La structure est plutôt intelligente, mais ça donne quand même un goût de trop peu.
Bon, parlons tout de suite de l'inspiration première : Asimov. Ce n'est pas un plagiat, ni une source directe d'inspiration scénaristique, ou même au niveau de l'ambiance, mais c'est le fond, l'univers de base qui est intégralement transcris dans un futur à moyen terme.
L'Univers bénéficie donc de toute la force qu'Asimov a pu lui insuffler, mais l'anime s'approprie également cet univers pour le mélanger au Japon Urbain, et à un univers mêlant corporatisme, politique et citoyens.
L'ambiance s'éloigne assez nettement de l'idée que je me fais des récits d'Isaac Asimov, qui sont toujours teintés d'un peu d'aventure, de solitude, de politique de l'intérieur ( c'est à dire vue par les gens qui la font ), d'éminents scientifiques, et de joutes d'esprits. Là, c'est tout le contraire, on est plongé dans le quotidien tout ce qu'il y a de plus banal, et l'ambiance va essentiellement tourner autour du "Time of Eve" un bar clandestin qui sera le seul point chaleureux de l'anime. C'est ce contraste qui crée à mon avis toute l'ambiance, qui est il faut le dire assez particulière.
L'anime met en scène deux lycéens, peut-être le seul point noir, qui vont faire diverses rencontres toutes plus intéressantes les unes que les autres, et qui vont leur permettre d'affronter diverses situations, un peu à la façon d'Asimov mais dans un contexte quotidien. C'est donc un cheminement plus personnel.
Avant de parler des persos et de la forme, on va vite aborder le fond : l'anime prend clairement partis. Et il réussit il faut le dire à convaincre, et interroge pour ceux qui ne l'ont jamais fait sur le concept d'intelligence artificielle : où apparaît la conscience, où apparaissent les sentiments ? Se surajoute à ces réflexions personnelles la situation politique, qui va transparaître tout au long du film à travers la télévision, mais aussi l'un des personnages. Autre petit point noir que je soulèverais, c'est d'ailleurs les intrigues politiques qui sont présentées de façon un peu bateau, voir caricaturale par moment.
En parlant de la politique, c'est un peu elle qui va soutenir scénaristiquement le film une fois que le premier épisode sera fini, et avec lui la petite enquête menée par les persos principaux. C'est assez difficile de maintenir l'attention dans une série comme ça, ou d'avoir un scénario autre que prétexte, et je trouve que c'est plutôt bien joué pour le coup, même si ce n'est pas l'histoire du siècle.
Les personnages vont donc être le centre absolu de l'anime. L'un n'a, je pense volontairement, pas un caractère particulièrement affirmé, malgré un combat éthique interne qui va constituer un des noeuds de la série. C'est celui auquel doit s'identifier le spectateur, et ça réussit plus ou moins bien étant donné le flou artistique sur l'âge du personnage. Le deuxième va apporter une touche un peu plus dramatique à l'histoire, mais je n'en dis pas plus, je trouve juste ça réussit !
Le chara-design est très sobre, comme l'ensemble de la série, mais n'est pas pour autant impersonnel, il est travaillé tout en simplicité, et ça le fait.
Passons à la forme ( et oui, pour une fois, je fais tout à l'envers, na ! ) : L'esthétique pour commencer est particulièrement soignée. Elle est particulièrement sobre et joue avec les lumières en permanence, et même si c'est conçu par ordinateur, ça reste particulièrement joli.
La mise en scène est également très travaillée et rend bien. C'était de toute façon indispensable avec un rythme aussi lent. Le rythme est lent, il faut s'y attendre, mais ce n'est pas désagréable. Ça retranscrit juste bien le plaisir qu'on a à venir boire un café dans un bar sympa, calme, familial et chaleureux.
Je ne vais pas trop m'avancer sur la B.O, mais il semble me souvenir qu'elle est elle aussi très belle, et colle avec l'ambiance.
Un dernier petit défaut ... l'obsession japonaise pour les seins est encore passé par là. Ce n'est pas aussi flagrant qu'ailleurs mais la scène d'introduction ajouté à l'épisode avec le couple ... *soupir*
Au final, Time of Eve est une série particulièrement honnête qui captive par son ambiance, son fond, son graphisme soigné, sa mise en scène... Elle n'a globalement pas de vrais gros défauts. Il manque un petit truc, tout de même. Une touche d'originalité, un grain de fantaisie. J'ai trouvé ça très "gentil", mais c'est l'ambiance qui veut ça.
Je n'ai pas longtemps hésité sur la note. 7 était trop peu, 9 était trop, le 8 s'est imposé de lui même.