Robin, il en a gros. Robin, il veut plus travailler avec Batman. Robin, il a des problèmes pour gérer sa violence. Dès qu'il met le masque, il jubile à chaque genou retourné, à chaque épaule luxée, à chaque bras cassé. Il jouit du bruit extatique d'une mâchoire fracturée ou du son sec d'un crâne claquant sur le bitume. Alors Robin, il est parti de Gotham et il est inspecteur de police à Détroit. Jusqu'au jour où une adolescente au cheveux violets vient le voir. Elle vient juste d'assister au meurtre de sa mère et a d'étranges et inquiétants pouvoirs.
Une secte millénariste la poursuit car "elle est la clef pour assurer le retour de son père". S'ensuit un road movie qui croisera le chemin d'une superbe noire au cheveux de feu et au tempérament littéralement incendiaire, d'un ado au cheveux vert qui change de forme.
Tous ont un point commun, ils sont orphelins et privés de leur passé. Ils sont à la recherche d'une famille, et veulent répondre à une question : qui est le père de Raven ?!
Titans est une série est une série qui avait bien commencé. La réalisation était soignée, avec un choix photographique marqué, le tout se rapprochant des films Kickass. Pas de gore, ni de complaisance appuyée pour la violence mais pas de bienveillance non plus. Ça fracasse des corps, ça tue, ça mutile, ça torture physiquement ou psychologiquement. Sans gros plans, mais sans complaisance.
La raison de cette maturité : Geoff Johns, scénariste et co-producteur.
Mais dès le début de la deuxième saison, adieu la créativité et retour au calibrage adolescent de la série avec tout le run de la première saison résolu de façon inintéressante et consternante dès le premier épisode. Et c'est partie pour l'entrée dans le moule des séries DC, plus là pour faire marcher le rayon marketting que pour développer la moindre intelligence d'écriture. Donc c'est la ronde action / romance / crise affective / action / questionnement psychologique à deux balles...
C'est mort !
Pourtant Titans explorait de façon appréciable l'univers DC. On y rencontre la Doom Patrol, Hawk and Dove, personnages profonds liés par un désespoir autodestructeur, Jason Todd, le nouveau Robin qui casse du flic quand Batman n'est pas là.
D'ailleurs, la confrontation avec Dick Grayson est subtile comme deux grands frères qui s'enverraient des piques sans jamais tomber dans une outrance immature.
On y rencontre également Wonder girl, Dona Troy, qui elle aussi a abandonné son rôle de sidekick de Wonder woman.
Tous des jeunes adultes éjectés trop rapidement et brutalement de l'enfance et qui ont rompu avec la figure tutélaire.
Il y avait de quoi faire en matière de scénario captivant et mature... Il fut décider que le bêtifiant et le lénifiant étaient sans doute plus propice à la consommation passive des cerveaux.
Je n'y croyais plus après les bouses télévisuelles que sont Arrow, Flash et autres Supergirl mais cette première saison de Titans réconcilie avec la capacité du cinéma américain à porter à l'écran de façon intelligente des personnages de BD super-héroïque dans une série TV.
A voir pour la suite...