Treme a failli me perdre avec ses premiers épisodes. Après le passage de Katrina tout est détruit et les habitants reviennent peu à peu constater les dégâts. C'est lent, très lent (même si on a connu et adoré the wire), on suit le chef indien (what ?) qui tente de reprendre les répétitions pour mardi-gras (re-what ??), c'est vraiment pas folichon, et on se fait un peu chier. On se demande même quel est le sujet de le série, tant tout semble foutu et peu propice à une histoire quelconque.
Et puis la vie reprend peu à peu, la musique fait son apparition, et on commence à s'attacher aux différents protagonistes qui reprennent peu à peu leur destin en main dès leur retour en ville. Et surtout on commence à devenir un habitant de la Nouvelle-Orléans, à commencer à comprendre les codes, et à mépriser les touristes de Bourbon street. On découvre ces musiciens qui vivent de "gigs" en "gigs", ces personnes malmenées, trahies et/ou abusées par l'administration Bush, aussi absente que mal représentée sur le terrain. On assiste à des scènes que l'on aurait jamais vu de notre vivant , des très nombreuses séquences de musique (alors que je n'aime pas du tout le Jazz et serait incapable d'en écouter en dehors) magistralement intégrées aux épisodes, aux défilés indiens, tous témoignages d'un lieu et d'une époque unique.
Et peu à peu, force est de reconnaître David Simon et son acolyte sont des génies. Comment arrivent-ils à rendre bien plus intéressante et addictif cette docu-fiction que n'importe quel épisode de 24h/Homeland/Lost ? Le talent ? Ah oui c'est ça le talent. A tous les étages, en commençant par le Cast incroyable (Lucia Micarelli, Clarke Peters, Steve Zahn, Jon Seda, Wendell Pierce, si je ne devais citer que les plus sympatiques), associés à une dizaine de guests pour le côté musical/scénique qui enfoncent le clou pour nous baigner dans l'ambiance folle de NLO. Je pense que je ne reverrai jamais de personnages aussi complexes que DJ Davis par exemple, à la fois bouffon, critique éclairé, musicologue, éternel optimiste et loser, qui est peut-être celui qui ressemble le plus à un guide dans cette folle histoire.
Je défie quiconque de résumer l'histoire de Treme, car contrairement aux autres séries, il n'y a pas vraiment d'histoire (si ce n'est celle de la vie). Mais beaucoup d'histoires. La seule que je vois un peu dans ce genre est une autre de mes séries préférées : Mad Men, mais Treme est beaucoup plus riche. Elle y ajoute cette faculté qu'avait déjà The Wire de nous faire vivre aux travers de ses personnages sans jamais oublier la vision d'ensemble. Les thèmes abordés sont nombreux, chaque épisode est long, sait prendre son temps, et aucun effort n'est épargné pour nous immerger de plus en plus dans le quartier du Trémé.
La quatrième et dernière saison, permet à la série de faire ses adieux comme elle est venue, avec douceur et intelligence. Merci Treme de m'avoir fait découvrir un univers si loin du mien et Bravo.
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