Une seule réflexion résume pour moi l'expérience Treme.
Une scène typique clôt la première saison de la série : un enterrement de la nouvelle-Orléans. Musique et danses dans la rue.
Ce moment, qui parait habituellement à la fois si familier et folklorique, n'a cette fois rien de commun avec ce que j'avais vu par ailleurs.
Pour deux raisons. D'abord parce que je connais quasiment intimement, non tant pas le mort, mais tous ceux (ou presque) qui composent le cortège. Ensuite parce que danser dans la rue ne m'apparait plus du tout comme saugrenu ou déplacé. Ou même amusant.
Serais-je devenu un tout petit peu habitant de la nouvelle-Orléans grâce à cette nouvelle magnifique création de David Simon et Eric Overmyer ?
Et, au fait, l'argument à la con à récuser immédiatement : faudrait être fan de jazz pour apprécier. Rien de plus faux. Le jazz est peut-être le style musical qui a tendance à me laisser le plus froid, et il s'agit ici souvent de musiques VIVANTES : jazz, certes, mais aussi folk, blues, new-orleans, soul-funk, pop, country-cajun, tout y passe, et/mais joué par des supra-pointures (vache, le nombre de « grands » apparaissant au détour d'une scène ! Costello, Robicheaux, les frères Neville, Cassandra Wilson, pour n'en citer que trois ou quatre qui me viennent comme ça à l'esprit. Le plus drôle, c'est que la plupart du temps, ils ne jouent même pas...)
Pour le reste, les gens de goût, ceux qui font de « The wire » une des meilleures séries ayant existé, peuvent se jeter, s'ils ne l'ont déjà fait, dans cette nouvelle expérience, belle, riche, foisonnante, haute en couleur (les indiaaaans !) sans hésitation. C'est du même tonneau, de la même qualité d'écriture, de jeu, on y trouve la même conscience politique, le prétexte policier en moins.
Enfin, pour ceux qui n'auront toujours pas envie ou qui renâcleront devant la beauté éblouissante de ce qui leur est proposé ici, je n'aurais qu'à paraphraser le professeur Creighton (aka the-génial-John Goodman) découvrant en même temps l'objectif de la webcam et youtube:
« you can suck my hairy balls !!!».