Les bonnes intentions, c'est là le drame.
On aimerait s'en réjouir, on voudrait s'en satisfaire, on voudrait les juger pour elles-mêmes, et pas pour le résultat à l'écran, parce qu'on respecte, parce qu'on salue, parce qu'on applaudit l'envie de ces deux scénaristes.
Seulement l'échec n'en est que plus cuisant.
Sur une trame on ne peut plus cliché, une dystopie comme on en ose plus depuis les années 70 tellement on l'aura usée jusqu'à la grosse ficelle (à un ou deux Equilibrium près), voilà t'y pas qu'on colle des réflexions censément subversives et profondes, qui vous mettent mal à l'aise tant le fond est d'une embarrassante naïveté.
Les dialogues et interprétations, eux, ne dépareraient pas dans un spot parodique de la télé des Inconnus.
Mais ça, peux-tu seulement le comprendre ?
Trepalium est ambitieux (en contexte français, s'entend), et ça c'est une bonne chose.
Trepalium est également prétentieux, sans jamais être à sa propre hauteur.
On y retrouve tous les tics et les tocs de l'intellectualisme à la parisienne, cette fausse intelligence le petit doigt en l'air qui confond le cynisme avec la naïveté, et qui cherche à se justifier sans cesse d'oser déplacer son propos dans le cadre de l'imaginaire.
Comble de l'échec, Trepalium réussit l'exploit de contredire son propos initial en démontrant malgré lui (et sans même s'en rendre compte) que les problèmes dont il s'efforce de traiter ne sont pas une question d'organisation sociétale, qu'ils sont inhérents à la race humaine. On le voit bien : contrairement à ce que les scénaristes cherchent à nous faire croire, ce n'est pas la société du travail, qui est malade, mais l'homme dans son ensemble, quel que soit le côté de la barrière où il se trouve. Ce qui implique que quelle que soit la société (du travail ou non) qu'il construira, il reproduira indéfiniment les mêmes erreurs pour les mêmes raisons. Ergo que c'est lui qui est à blâmer, et pas les schéma économique ou législatif auxquels il se conforme. Tout le contraire du point de vue que la série comptait défendre, en somme.
Plutôt, donc, revoir Charlie Jade - qui n'est pas, lui non plus, dénué de défauts, mais qui les porte haut.
Souvenez-vous.
C'était il y a onze ans.