Trepalium
5.9
Trepalium

Série Arte (2016)

Trepalium est pavé de bonnes intentions.

Les bonnes intentions, c'est là le drame.
On aimerait s'en réjouir, on voudrait s'en satisfaire, on voudrait les juger pour elles-mêmes, et pas pour le résultat à l'écran, parce qu'on respecte, parce qu'on salue, parce qu'on applaudit l'envie de ces deux scénaristes.
Seulement l'échec n'en est que plus cuisant.


Sur une trame on ne peut plus cliché, une dystopie comme on en ose plus depuis les années 70 tellement on l'aura usée jusqu'à la grosse ficelle (à un ou deux Equilibrium près), voilà t'y pas qu'on colle des réflexions censément subversives et profondes, qui vous mettent mal à l'aise tant le fond est d'une embarrassante naïveté.


Les dialogues et interprétations, eux, ne dépareraient pas dans un spot parodique de la télé des Inconnus.
Mais ça, peux-tu seulement le comprendre ?


Trepalium est ambitieux (en contexte français, s'entend), et ça c'est une bonne chose.
Trepalium est également prétentieux, sans jamais être à sa propre hauteur.
On y retrouve tous les tics et les tocs de l'intellectualisme à la parisienne, cette fausse intelligence le petit doigt en l'air qui confond le cynisme avec la naïveté, et qui cherche à se justifier sans cesse d'oser déplacer son propos dans le cadre de l'imaginaire.


Comble de l'échec, Trepalium réussit l'exploit de contredire son propos initial en démontrant malgré lui (et sans même s'en rendre compte) que les problèmes dont il s'efforce de traiter ne sont pas une question d'organisation sociétale, qu'ils sont inhérents à la race humaine. On le voit bien : contrairement à ce que les scénaristes cherchent à nous faire croire, ce n'est pas la société du travail, qui est malade, mais l'homme dans son ensemble, quel que soit le côté de la barrière où il se trouve. Ce qui implique que quelle que soit la société (du travail ou non) qu'il construira, il reproduira indéfiniment les mêmes erreurs pour les mêmes raisons. Ergo que c'est lui qui est à blâmer, et pas les schéma économique ou législatif auxquels il se conforme. Tout le contraire du point de vue que la série comptait défendre, en somme.


Plutôt, donc, revoir Charlie Jade - qui n'est pas, lui non plus, dénué de défauts, mais qui les porte haut.
Souvenez-vous.


C'était il y a onze ans.

Liehd
1
Écrit par

Créée

le 11 févr. 2016

Critique lue 1.1K fois

8 j'aime

9 commentaires

Liehd

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

8
9

D'autres avis sur Trepalium

Trepalium
patatedestenebres
4

ça manque de Tetra-Grammaton.

Bon, Trepalium, le retour de l'anticipation à la française donc. L'idée est toujours bonne, de transposer le présent vers un futur proche, pour faire de la dénonce et - depuis quelques années - de...

le 8 févr. 2016

10 j'aime

Trepalium
No-R
8

Désobéissance civile...

Certes le jeu d'acteur n'est pas au top, certes la réalisation n'est pas extraordinaire et le budget semble-t-il n'a pas été très conséquent. Mais justement, avec peu de moyen, peu de spectacle ou de...

Par

le 19 févr. 2016

9 j'aime

Trepalium
Specliseur
4

Du bon ouvrage finalement gâché.Déception.

Trépalium est une série française qui a misé sur son ambiance "1984" plutôt que sur les effets spéciaux. Elle prouve une fois de plus que la façon de raconter une histoire avec des scènes fortes et...

le 12 févr. 2016

9 j'aime

4

Du même critique

Black Mirror
Liehd
5

En un miroir explicitement

Avant d'appréhender une oeuvre comme Black Mirror, il convient de se poser la question qui fâche : pourquoi un auteur se pique-t-il de faire de l'anticipation ? Réponse : parce que c'est un genre "à...

le 7 mars 2016

105 j'aime

37

Coherence
Liehd
8

C'est dans la boîte !

Leçon de physique quantique, appliquée au cinéma : L'expérience est simple. Enfermez huit acteurs de seconde zone, cinq nuits d'affilée, dans votre pavillon de banlieue, isolez-les de l'extérieur,...

le 19 mai 2015

104 j'aime

Andor
Liehd
9

Le Syndrome Candy Crush

Puisqu'on est entre nous, j'ai un aveu à vous faire : au départ, je ne voulais pas regarder Andor. Après avoir tourné la page Obi Wan, et usé de toute ma bienveillance partisane à lui trouver des...

le 31 oct. 2022

96 j'aime

26