Troie : La Chute d'une Cité, diffusée par la BBC en 2018, avait tout pour faire vibrer les amateurs de récits épiques : des héros légendaires, des dieux capricieux, des batailles monumentales, et bien sûr, le cheval de Troie. Mais malgré l’aura mythologique et les ambitions élevées, cette série parvient à transformer un des plus grands drames de l’Antiquité en une sorte de feuilleton à peine plus intense qu’une querelle de voisinage, avec des dialogues dignes d’un dîner de famille tendu.
L’histoire se concentre sur la romance entre Paris, le prince troyen qui semble ne pas connaître le concept de la diplomatie, et Hélène, la femme la plus convoitée de l’Antiquité. Leur relation aurait dû être la source d’une passion tragique et incandescente. Mais ici, elle ressemble davantage à une intrigue amoureuse de lycée, avec des échanges plats et une alchimie qui, au mieux, semble tiède. Le grand amour de Paris et Hélène ? On dirait surtout une petite infatuation adolescente, aussi intense qu’une après-midi shopping.
Les autres personnages mythiques, comme Achille, Hector, et Priam, manquent cruellement de profondeur. Leurs actions et décisions sont souvent aussi aléatoires que les caprices des dieux eux-mêmes, qui apparaissent d’ailleurs comme des personnages aussi blasés qu’un groupe de spectateurs de série. La tension dramatique censée faire vibrer le récit tombe à plat, et même les grandes figures héroïques semblent plus préoccupées par leurs querelles personnelles que par la guerre qui se déroule à leurs portes.
Visuellement, la série fait de son mieux avec les moyens dont elle dispose, mais le résultat n’est pas toujours à la hauteur. Les scènes de bataille sont filmées de manière confuse, avec des chorégraphies et des effets spéciaux qui rappellent davantage un cours de théâtre amateur qu’un champ de bataille. Les décors, quant à eux, oscillent entre le minimalisme et le kitsch, donnant parfois l’impression que Troie est un petit village sans réelle ampleur, bien loin de la cité majestueuse que l’on imagine.
Les dialogues, censés donner un souffle héroïque et tragique à cette épopée, tombent souvent dans le cliché ou le simplisme. Les personnages débattent de leur honneur ou de leur destin avec la conviction d’étudiants fatigués, et les tirades censées être épiques se transforment en monologues ennuyeux. Même les moments censés être poignants, comme les confrontations entre Hector et Achille, manquent de l’intensité attendue.
La série tente par moments d’ajouter une touche moderne en abordant les thèmes de la politique et des conflits de pouvoir, mais ces efforts sont trop superficiels pour vraiment résonner. On se retrouve face à un drame qui hésite entre la modernité et le respect des traditions mythologiques, sans jamais réussir à trouver un juste milieu.
En résumé, Troie : La Chute d'une Cité est une adaptation ambitieuse mais qui ne parvient jamais à capturer la grandeur ni la profondeur de la mythologie grecque. Plutôt que de faire vibrer, elle finit par rappeler davantage une querelle de famille qui s’éternise, et ses personnages légendaires, réduits à des clichés, peinent à susciter l’émotion. Pour ceux qui espéraient revivre les frissons de l’Iliade, cette série risque de se transformer en une bataille de patience.