Comme toute série bien troussée, Tulsa King sait se rendre addictif sans multiplier les cliffhangers en fin d’épisode. Comme on est chez Taylor Sheridan, le récit est posé, les personnages intéressants et les excès de violence explosent par fulgurances seulement. Deux atouts majeurs apparaissent rapidement : la qualité du casting et la classe de la mise en scène. Sylvester Stallone, bien entendu, en boss ambigüe, à la fois bon mec et adversaire sans pitié, rayonne totalement. La série lui permet d’explorer les fêlures de certains de ses personnages iconiques (Rambo et Rocky en tête) tout en surfant sur sa renommée de dur-à-cuir. L’acteur dégage, à 75 piges, un charisme qui colle idéalement à son personnage. Il est entouré de personnages qui ont tous leur importance et qui sont tous parfaitement interprétés.
Le récit en lui-même est classique. Un capo qui sort de prison est envoyé au vert dans le trou du cul du monde. Dans cet endroit insensé, il se crée un nouvel univers entouré d’une bande d’acolytes un peu paumés. Il se forge forcément certaines inimitiés et se fâche avec ses anciens amis. La tension monte à plusieurs étages sur fond d’une improbable rédemption auprès de sa fille et de rencontres féminines qui prennent une place intelligente dans l’ensemble. Du classique donc, filmé plutôt pépère, mais qui soigne très bien le portrait de ses protagonistes et de la ville qui les abrite. Une série avec des gangsters pas vraiment comme les autres, qui sait utiliser l’humour sans en abuser et qui évite donc le ton trop décalé qui ferait passer les menaces diverses pour des leurres sans danger.
Très bien emballée, la série possède une véritable identité avec sa photographie soignée, son ton à la fois old school et très actuel. Si la résolution des différentes intrigues peut décevoir en dépit d'un clin d’œil salutaire aux vieilles séries B, le résultat tient la route jusqu’au bout. On y trouve de l’action, de la noirceur et du second degré. Taylor Sheridan et Sylvester Stallone chassent en terrain conquis mais le mariage de ces deux univers fait mouche avec une touche des frères Coen et une connaissance certaine des classiques des films de mafia. Un vrai bon moment et un résultat qui ne fait pas pschit. N’en déplaise aux Inrocks qui, évidemment, ont détesté. Vivement la saison 2 !