L'idée de base de Tulsa King n'a rien de bien original, pour ce qui est de confronter un affranchi New Yorkais à un cadre n'ayant rien à voir on se rappellera notamment de Lilyhammer avec Steven Van Zandt qui en envoyait carrément un au fin fond de la Scandinavie.
Quant au personnage de mafieux sur le retour de Stallone, s'il l'incarne très bien (une de ses meilleures performances d'acteur depuis des années je dirais), il est dans un grand écart un peu trop permanent entre son coté brute et son coté philosophe, ou son coté brave gars plutôt sympa et celui sans scrupules qu'il adopte dans ses affaires.
Ceci étant dit, manque d'originalité, excès de facilité pour le protagoniste et message un brin douteux à ce stade mis à part, comme je le disais dans le titre, la série est étrangement attachante. Les protagonistes s'ils sont plutôt des stéréotypes que très originaux ont tous un coté sympa, leurs mésaventures et interactions sont souvent amusantes, et l'intrigue a ce qu'il faut de rebondissements et de moments plus détendus pour être plaisante à suivre. Au point que lui accordais un généreux 7 quand j'ai publié la première version cette critique.
Mais...
Il manque terriblement à Tulsa Kings le genre d'aspérités (ou retours à la noire réalité pour le spectateur) qui ont fait la force des Sopranos quand Tony en venait jusqu'à tuer des proches pour se protéger, ou de Breaking Bad ou Snowfall montrant les victimes collatérales de leurs protagonistes. Ce qui donne à Tulsa King un coté publicité gratuite pour le crime franchement dérangeant (et d'autant plus que la série est destinée au public a priori plutôt jeune de MTV qui la produit).
Tulsa Kings aurait pu avoir un vrai potentiel de s'approcher de ce genre séries, si elle avait pu trouver le courage de donner de vraies conséquences aux actions de son héros (autre que de le voir juste réussir en tout et s'enrichir, sans même causer beaucoup de victimes collatérales, pas même dans son gang pourtant en grande partie composé d'amateurs).
Le début de la saison 2 m'avait donné quelques espoirs, et je me disais que ses concepteurs venus des Sopranos et de Sons of Anarchy allaient se décider après avoir bercé le spectateur un moment avec son ambiance sympa à lui donner un peu de noirceur.
Hélas à voir la suite, pas du tout, ils n'introduisent des moments un peu plus sérieux que pour créer un peu de tension dramatique avant de revenir au ronron habituel et donner encore plus le beau rôle à leur gangster restant sympa, au point que ça en devient de plus dégoutant de complaisance envers un personnage de mafieux.
En fait réfléchir à cette série en la comparant aux Soprano, à Breaking Bad, à Animal Kingdom, Snowfall, Boardwalk Empire, Fargo ou autres histoires de qualité centrées sur des anti-héros, c'est réaliser le degré de décadence morale où a sombré l'Amérique, qu'incarne une série qui ne sait plus raconter que la success story d'un gangster héroïsé, incroyablement sympa par rapport au style de vie qu'il mène, et systématiquement blanchi par des scénaristes lui offrant généreusement des ennemis pires que lui qu'on oublie qu'il tue, ainsi qu'une immunité absolue à toute conséquence de ses actions (en particuliers celles qui pourraient lui faire perdre le beau rôle). Manfredi c'est les USA aux crimes systématiquement excusés par la méchanceté de leurs ennemis. Manfredi c'est Trump, le criminel proche des gens qui gagne toujours à la fin.
En conclusion, cette série est une telle merde sur le plan moral que tout d'un coup (très exactement vers la fin du 9ème épisode de la saison 2, vous comprendrez sans doute pourquoi en le voyant) je suis passé d'apprécier ce truc à une détestation totale, ce qui me fait descendre ma note de 7 à 5 au final.