Saison 1 :
Je vais être franc, je n'ai jamais aimé Stallone. Je ne crois d'ailleurs jamais avoir aimé un seul film où Stallone a joué. Non, même pas Rocky - le premier -, ni First Blood, le premier Rambo. J'ai toujours été fan de Schwarzie, en fait, et il me semblait absolument incompatible d'aimer deux acteurs aussi diamétralement opposés opérant dans le même registre...
Ceci posé, je dois aussi avouer que j'ai "rencontré" Stallone, pour la première fois, dans ce Tulsa King, une série assez moyenne (très moyenne, même) qui semble avoir été inventée et écrite par une IA à partir de concepts "vendeurs" qui ont dû enchanter les financiers de la plateforme Paramount+, du genre : "on va plonger un maffieux sorti des Sopranos dans l'Amérique rurale des cowboys, avec une petite dose de Sons of Anarchy par là dessus". Et "on va choisir un dinosaure du cinéma de papa - pas trop cher, si possible, qui puisse incarner sans trop se forcer (pas de numéro d'acteur, SVP !), justement, un personnage de dinosaure...".
Le début de la première saison de Tulsa King s'avère profondément réjouissant : une fois habitué au visage de Stallone défiguré par la chirurgie esthétique, comment ne pas aimer ce "vieil homme" sorti de 25 ans de taule (ce vieil acteur qui boucle 25 ans d'exil loin du "grand cinéma" par une participation promotionnelle à la première série d'une nouvelle plateforme) ? Il est complètement déphasé par rapport à son environnement, que ça soit notre époque ou la ville de Tulsa, à des années lumières de New York... ce qui nourrit les deux premiers épisodes de gags à la fois simplistes, évidents, et complètement attendrissants... Et c'est là que je me suis mis à... "aimer Stallone". A moins que je sois tomber sous le charme de Dwight 'The General' Manfredi, son personnage, c'est possible, aussi.
La suite de la première saison n'est pas aussi réussie que son introduction : les rires sont plus rares et moins francs, on retombe sur les rails bien usés d'histoires mafieuses trop calibrées, avec ennemi psychopathe à la tête d'un gang de bikers (SOA, donc...), avec la complicité de flics ripous, contre lequel Manfredi va avoir du mal à déployer son armée bancale de "bras cassés" (dont certains nous sont particulièrement sympathiques, il faut aussi le reconnaître). Pendant que du côté des headquarters new yorkais, les anciens collègues de Manfredi ne la jouent pas non plus franc-jeu. Bref, on ne s'ennuie pas, mais il n'y a pas non plus de quoi crier : "venenez voir !".
Mais finalement, la seule chose qui ne fonctionne vraiment pas dans cette histoire, c'est cette relation improbable entre le mafieux et la (bien plus jeune) agente du FBI, qui plombe toute la saison, jusqu'à justifier une conclusion au dernier épisode en forme de cliffhanger pourrave. On se demande bien quelle mouche a piqué les scénaristes de Tulsa King pour nous avoir pondu ça. Et on espère que la seconde saison rattrapera ce faux pas...
[Critique écrite en 2024]
Saison 2 :
Les scénaristes de Taylor Sheridan ont corrigé la plupart des défauts de la première saison de Tulsa King dans cette nouvelle bordée de 10 épisodes. Exit, très rapidement, l’agente du FBI (envoyée en Alaska !), remplacée par une nouvelle amoureuse beaucoup plus crédible (Danna Delany, ex- Desperate Housewive, lumineuse). Même amélioration du côté des antagonistes, puisque Dwight (Stallone) et sa clique affrontent à la fois leurs anciens employeurs de New York, une équipe mafieuse compétitive, un puissant propriétaire local (Neal McDonough, délicieusement haïssable) et un gang de Chinois particulièrement violents. Bref, de quoi faire monter en puissance la partie thriller de Tulsa King, qui semble même déboucher à un moment sur un véritable drame avec l’explosion d’une voiture piégée…
Mais, soyons honnêtes, ni le drame, ni la tension du thriller ne font réellement partie de l’ADN d’une série qui ne fonctionne jamais aussi bien que dans la bonhommie, les plaisanteries entre potes, et les plaisirs « simples » de la vie. C’est quand Stallone laisse percer sa bonne humeur, son plaisir même – synchrone avec celui de son personnage retrouvant le goût de la belle vie, de la famille, de l’amour après des années de prison – que la série prend réellement tout son sens, et qu’elle nous devient chère. Les histoires de famille, les réconciliations entre parents et enfants, les choses que l’on fait pour ses vrais amis, les moments passés avec des proches à boire, plaisanter, écouter de la musique live, l’amour des chevaux, les blagues autour d’un joint ou d’un gâteau parfumé à l’herbe, le choix d’une nouvelle voiture,… toutes ces choses qui font que « la vie est belle » nourrissent la série d’une manière finalement très inhabituelle, et compensent le manque de réalisme de la partie « gangsters », qui semble toujours « hors sol ».
On rêve que Sheridan, Stallone et leur équipe investissent plus encore sur le côté « doux » de leur création, dans les saisons suivantes. Evidemment, la dernière scène du dixième épisode fait l’inverse, et laisse croire que Tulsa King va monter en intensité. Espérons très fort que ce ne sera pas le cas.
[Critique écrite en 2024]
https://www.benzinemag.net/2024/11/21/paramount-tulsa-king-saison-2-la-belle-vie/