Prévient Vinnie Terranova.
3 ans d'avance sur Les Affranchis,
12 ans avant The sopranos et 19 avant Les infiltrés.
3 œuvres majeures post Wiseguy (titre original de la série).
Et les 3 premières saisons de la série*, fierté de l'auteur Stephen J. Cannell, accompagné de l'inséparable Frank Lupo et David J. Burke - alors fidèle scénariste de Michael Mann - sont quasi d'une maestria identique dans l'écriture (milieux, psychologies, géopolitique) et la densité narrative (mention spéciale aux épisodes intimistes hors mission). Comme toute grande série, le pilote insémine doucement son univers aussi addictif que masochiste dans votre p'tite tête pour ne plus lâcher son emprise (C.Q.F.D. avec cette chronique écrite 35 ans après).
Wiseguy, mec malin, roublard et joueur, est plus que le récit de missions undercover bordeline (Serpico, Donnie Brasco, Miami Vice, Training day, Point Break...), plus que la 1ère incursion télévisée sur le quotidien du mal(e) mafieux, c'est la tentative d'un homme de garder foi en son humanité et en ses origines. Un dilemme cornélien qui vire parfois au fratricide telle une tragédie grecque version fin des 80's et souvent à la crise familiale, existentielle, spirituelle ou conjugale.... Habitant tout personnage de chaque rivage, le doute est la seule certitude.
Oeuvre phare encore non éditée en DVD/Blu-Ray en France (et partiellement en Zone 1 aux States), Wiseguy est aussi un agent révélateur d'immenses talents. Un exemple : le cycle Mel Profitt a permis de lancer le déjà génial Kevin Spacey, à Sam Mendes de le repérer pour le multi-oscarisé American Beauty dixit l'intéressé et de découvrir le troublant William Russ à l'apogée de son talent.
Mais cette série est aussi et d'abord servie par le génial duo multi-récompensé (Emmy awards, GoldenGlobe, Prix Edgar Allan Poe...) de Ken Wahl, qui a fait ses armes avec Phil Kaufman et Paul Newman, et Jonathan Banks avant Breaking Bad, Better call Saul... Une fausse collaboration en faveur d'une vraie amitié pour ces 2 pros aussi différents que réciproquement dévoués à leur sacerdoce auto-destructeur.
Avec également (pour beaucoup à leurs débuts ou apogées) : Annette Bening, Ron Silver, Stanley Tucci, Jerry Lewis, Tim Curry, Chazz Palminteri, David Strathairn, Debbie Blondie Harry, Michael Chiklis, Fred Dalton Die Hard 2 Thompson, Patti D'Arbanville, Glenn Eagles Frey, Maximiliam Shell, Paul Winfield, Robert Die Hard Davi, Paul Les Experts Guilfoyle, Thomas CobraKaï Ian Griffith, Joe Dallesandro, Tim Homeland Guinee, Billy Dee Williams, Darlanne To live & die in L.A. Frugel, Kim Manhunter Greist, Joan Severance, Joan Twin Peaks Chen, Traci Lords, Oliver Platt, Steven Bauer*... j'en oublie beaucoup mais jamais l'oncle Mike joué par Jim Byrne, le magnétique Ray Sharkey génialement doublé par Daniel Russo et encore moins Michel "Vinnie" Vigné dont sa voix aussi rocailleuse que délicate transpire à merveille le jeu tourmenté de Ken Wahl.
Qui dit mieux ? (excepté son frère d'arme plus solaire mais tout aussi crépusculaire Miami Vice )
Je ne parle volontairement que du casting.
Pour l'histoire au réalisme assassin, autant ne rien révéler aux chanceux néophytes ignorant encore cette infiltration captivante dans la vie de Vinnie Terranova : une descente aux enfers pour tenter de sauver la dignité de son pays babylonien.
A vous de jouer si vous êtes malin (MP).
"Dans mon quartier, la possession constitue 90% de la loi. Les dix autres, on s'en fout."
Sonny Steelgrave
"Et bien, te voilà dans une suite à 900$ par jour au Georges V et moi dans la chambre miteuse du pavillon Karl Marx. C'est génial. Quand j'étais sous couverture, c'était avec des prostituées marquées au fer rouge."
Frank McPike à Vinnie.
"Ce sont des gangsters de la MBA. Ils n'honorent pas ton parrain, ils honorent le rachat par emprunt."
Frank McPike.
"Il n'y a rien de tel que la mort pour faire circuler les bonnes vieilles énergies. C'est à la fois exaltant et terrifiant. C'est un peu comme l'amour, je suppose."
Mel Profitt (qui deviendra la superbe série éponyme avec un "t").
"Je vends de la paix et de la tranquillité à des prix raisonnables pour une clientèle méritante."
Roger Loccoco, mercenaire à la solde d'un marchand d'armes aka le magnétique William Russ.
"Je ne suis pas un flagorneur Winston ; je suis un Sicilien et nous voyons les alliances avec un œil fataliste."
Vinnie Terranova.
"Je vends du sexe, pas de l'affection. L'affection est gratuite... mais personne ne demande jamais."
Une prostituée de Brooklyn.