Si les cinéastes ne se sont jamais privés pour adapter sur grand écran certains des plus grands succès de la télévision, la tendance actuelle serait plutôt à l'opposé. Scorsese et Spielberg ont ainsi annoncé que leurs films Shutter Island et Minority Report auraient droit à une seconde vie sur la petite lucarne. Une bonne manière de creuser un peu plus l'univers développé dans leurs long-métrages. Robert Rodriguez avait lancé la tendance en portant son cultissime Une Nuit en enfer sur petit écran. Objectif annoncé, explorer la mythologie et les origines du fameux Titty Twister à travers dix épisodes de cinquante minutes. Soit cinq fois la durée du film originel, à une vache près. Alors forcément, pour tenir la distance, il a fallu modifier un peu le scénario original.
Un peu comme pour le long-métrage, la série peut se diviser en deux parties. Avant et après le lap dance de Salma Hayek, remplacée ici par la jeune Eisa Gonzalez, qui ne manque pas de charme non plus. Les cinq premiers épisodes suivent scrupuleusement la trame narrative du film, racontant la cavale des frères Gecko vers le Mexique. Les personnages y sont plus fouillés, les scènes rallongées, une sous-intrigue est ajoutée tandis que plusieurs personnages secondaires font leur apparition. Ces derniers font d'ailleurs trop souvent office de cache-misère, et ne font qu'un bref passage avant de disparaître sans explications. Si leur impact sur le scénario se fait parfois ressentir, ils sont pour la plupart loin d'être indispensables.
Après deux épisodes de transition, From Dusk Till Dawn rentre dans une seconde partie qui, dans le film, peut se résumer à un jeu de massacre d'une demie-heure environ. Du coup, pour tenir quatre épisodes, Rodriguez a choisi de s'éloigner de l'histoire d'origine pour une exploration du temple sur lequel se trouve le Titty Twister. Une bonne idée mais qui se retrouve vite gâchée lorsque la trame se divise en deux sous-intrigues : d'un côté, les frères Gecko dans une histoire alambiquée à base de mythologie mexicaine ; de l'autre la famille Fuller dont les mésaventures manquent cruellement d'intérêt, entre rebondissements téléphonés et décisions incompréhensible. Résultat, les deux derniers épisodes gâchent un peu ce qui, jusqu'à présent, s'avérait être une bonne relecture du film.
Robert Rodriguez n'a pas confié sa série à n'importe qui, et en a même réalisé quatre épisodes. Globalement on retrouve sa patte et celle de son ami Tarantino dans la mise en scène, toujours aussi pêchue et survoltée. On pouvait craindre que le passage sur petit écran ne nuise à la qualité, il n'en est rien. L'autre point de doute pour les fans concernait les répliques, qui faisaient tout le sel d'Une Nuit en Enfer. S'ils n'ont pas le mordant ou la justesse de l'originel, les dialogues sont toutefois de qualité, même si on regrettera que pas une des punchlines du film n'ait bénéficié du transfert.
Côté casting, hormis Robert Patrick, alias le T-1000 de Terminator 2, la plupart des acteurs sont inconnus voire débutants. Ils s'en tirent avec les honneurs, mention spéciale au duo Cotrona/Holtz, même si le premier a un peu de mal à faire oublier Clooney, et à Eiza Gonzalez, sexy en diable et qui prend parfaitement la place de Salma Hayek. Au final, From Dusk Till Dawn est un excellent complément au film dont elle creuse l'univers, même si elle est loin d'être exempte de défauts. Les novices trouveront une série bien ficelée mais parfois un peu bancale, dont le virage à 180 degrés à mi-parcours risque de rebuter plus d'un. Un peu comme Une Nuit en enfer, finalement. On attendra de voir ce que les producteurs comptent faire pour la saison 2, qui a déjà été annoncée.