Leçon de vie
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Je suis un spectateur "historique" de la série dont j'ai suivi les premières saisons à la TV dans les années 90 (putain ça rajeuni pas d'écrire ça). Depuis j'ai eu l'occasion de m'y replonger au gré des rediffusions et je constate que la série tient sacrément bien le coup et que la magie opère toujours. La base de la réussite tient je crois à une qualité d'écriture servit par une réalisation qui fait le job. Pourquoi ça marche ? Parce qu'on nous présente un cadre crédible où les choses ne sont pas faciles (on est loin des séries où le policier trouve toujours une place de parking) où les protagonistes doivent courir dans les couloirs se prendre la pluie sur la gueule ont peur, rentrer chez eux en métro etc. La série ne s'interdit pas également une certaine critique sociale en montrant des pauvres des paumés des désespérés pour lesquels les protagonistes ne peuvent pas grand chose à l'image de ce malade mental qu'on renvoie dans la rue en plein hiver un soir de noël et auquel l'infirmière Carol Hathaway porte des crayons de couleurs.
Pour compléter mon propos voici quelques réflexions effectué en 1996 (au début de la série) et qui après relecture me semble toujours avoir une certaine pertinence.
On remarque d'abord qu'une grande quantités de personnages est mise en scène et ces personnages sont tous immédiatement identifiables grâce notamment à leur silhouette et à des caractéristiques vestimentaires simples (des blouses de couleurs différentes différencient les infirmières des médecins).
Si une foule est mise en scène on ne suis par contre qu'une minorité de personnages principaux (ceux qui ont une vie hors de l’hôpital).
Les personnages fonctionnent par petits groupes de 2 ou 3 individus qui s’agglomèrent en fonction de catégories professionnel, d'affinité ou de relations amoureuse. Après quelques épisodes le spectateurs au courant développe le sentiment d'être un initié aux relations d'une communauté.
Dans un même épisode 2 ou 3 histoires impliquant 2 ou 3 personnages différents sont développé. Ce qui permet aux spectateurs ayant raté un ou plusieurs épisodes de ne pas se sentir perdu.
La dramaturgie mise en œuvre présente à l'époque la nouveauté de proposer plusieurs histoires se déroulant dans le cadre d'un lieu quasi unique et dans un temps limité.
- Fractionnement et alternance d'histoires
- Entre-coupage des actions par les scènes leimotives que sont les admissions aux urgences et les opérations, au cours desquelles les mêmes phrases sont toujours répétés ("1,2,3 on le bouge", "Ca charge, On dégage").
Le leitmotiv par sa répétition même donne l'impression au spectateur d'être au courant alors qu'il ignore le véritable sens de l'opération mise en oeuvre, outre le fait que ces ruptures provoque la mise en suspens (suspend et suspens !) des actions engagées elle fournissent au spectateur le sentiment de s'identifier à l'univers montré, univers de crise et de mort paradoxalement rassurant puisque par sa répétition même, il réafirme le principe que la vie continue pour les personnages (et du coup pour lui-même).
Si l'unité d'action classique est complètement explosée, les unités de temps et de lieu assurent la cohérence du récit.
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le 14 févr. 2021
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