Rares sont les pays européens pouvant se vanter de rivaliser avec les séries américaines, ceci est notamment du à un manque d’originalité (bon nombre ne font que recycler les concepts états-uniens sans réussir à se les approprier). L’Angleterre est surement celle qui arrive à faire de l’ombre à son confrère transatlantique. La raison est assez simple, la « british touch ». Cette aptitude à créer des univers singulier même sur des genres ultra classiques et permettant ainsi de donner un cachet à bons nombres de séries (Jekyll, Luther, la fureur dans le sang, mad dogs et bien d’autres encore). De ce fait, le pitch d’Utopia avait de quoi intriguer : une secte peu scrupuleuse, des individus impliqués à leur insu dans un complot. Pour autant, on était loin de se douter que cette œuvre serait aussi radicale !
Sur le papier, l’histoire et les enjeux semblent assez classiques. Les sectes meurtrières et les complots mondiaux ne sont pas vraiment des éléments orignaux. L’erreur aurait été de passer son chemin en pensant qu’Utopia se limiterait à jouer de ces ingrédients en ajoutant l’univers de la BD pour se démarquer. En effet, même si le début de série se concentre sur ces points, petit à petit on va découvrir que se n’est que la face caché de l’iceberg et que les enjeux sont bien plus importants que ce que l’on pouvait imaginer. Au fil des épisodes, les révélations nous entrainent de plus en plus profondément dans une intrigue qui ne cesse de nous surprendre.
On s’étonne de voir que ce qui constituait le fil rouge de départ se termine dès la première heure. L’histoire évoluant assez rapidement, ce constat déroutant se fera vite oublier tant l’enchainement des événements est passionnante. Les éléments permettant de comprendre les tenants et aboutissants de l’intrigue étant parsemés ci et là, il est fortement conseiller de rester attentif. Une information clé pouvant être facilement ratée, notamment pour comprendre ce qui relie les deux histoires narrées.
Les personnages sont particulièrement bien travaillés. On se retrouve avec une palette d’individus tous plus ou moins barrés. C’est d’ailleurs cette intention de créer un univers centré sur des protagonistes crédibles mais décalés qui permet de nous faire accepter une histoire assez extravagante. Traité d’une manière plus « classique », il est fort probable que l’œuvre aurait sombré dans l’indifférence totale.
En effet, le plus frappant est surement la façon dont Dennis Kelly aborde son sujet. La scène d’introduction est représentative quant aux intentions artistiques de l’auteur : deux tueurs psychotiques, des couleurs saturées, un humour glaçant et un modus operandi original.
Par moments politiquement incorrect, le réalisateur n’hésite pas à aller jusqu’au bout de ses idées et on ne s’en plaindra pas. On retiendra une scène de torture bien corsée et dont les instruments utilisés sont des plus banales, pouvant être reproduire chez soit donc.
Pour terminer, on soulignera le soin apporté à l’image. L’utilisation de couleurs rend certaines scènes irréelles. Utopia comporte son lot de plans magnifiques ce qui rend le visionnage d’autant plus délectable.
A l’heure actuelle, Utopia est LA surprise de l’année en ce qui concerne les nouvelles séries. Logique donc de se réjouir à l’annonce d’une mise en chantier d’une seconde saison.