L'homme est un lapin pour l'homme
Voilà la réussite la plus déconcertante de cette année. Son nom ? Utopia. Un titre mystérieux, qui ne laisse rien présager. Avant d'entrer dans cette première saison, je ne savais pas où je mettais les pieds. Je croyais même que c'était une série comique, à cause de l'affiche jaune pétant. Quand c'est jaune, ça veut dire que c'est marrant, non ? Non mais LOL, quoi !
Oui, le parti pris esthétique est assez déroûtant. L'intrigue étant centrée autour d'un comics, on retrouve une image caractéristique du médium, avec un cadrage très soigné et surtout des couleurs extrêmement saturées et qui pètent aux yeux. Vert, jaune, rose... C'est aussi bariolé qu'un paquet de Dragibus. Niveau musique, c'est impeccable aussi, et une fois de plus, le thème musical est, en plus d'être bougrement entraînant, extrêmement trompeur.
Parce qu'Utopia est tout sauf une série comique. Désolée pour les amateurs d'humour anglais, mais si vous cherchez la marrade, passez immédiatement votre chemin ! Utopia a beau parler d'un comics, cela va bien au-delà et Ian, Becky, Wilson et Grant, quatre membres de la communauté de fans de la BD, vont l'apprendre à leur dépens. Contactés par un autre utilisateur du forum qui se targue de détenir la deuxième partie de la bande dessinée, l'existence de ce manuscrit les conduit à la fugitivité.
La série est oppressante. Dès les premières minutes de l'épisode, l'angoisse monte, tandis que le psychopathe Arby ne cesse de lancer ses "Where is Jessica Hyde ?" à tout bout de champ. Jamais ce sentiment ne nous quittera. Les personnages ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Accorder leur confiance à une personne extérieure est un risque énorme, et ceux en qui ont peut croire donnent toujours l'impression de jouer double jeu. Impossible pour le spectateur de désigner les bons ou les méchants, en tout cas pas plus que le groupe de fugitifs.
Je ne pense pas avoir jamais été aussi tendue en regardant une série. L'esthétique pop, même si elle est sympa, colorée, tout ce que vous voulez, tend à renforcer le côté sombre de l'intrigue. Un malaise s'installe. En éteignant son téléviseur/son ordinateur, la paranoïa germe. L'utopie ne sera pas pour tout de suite.