"Utopia" est la parfaite série TV pour geeks : le scénario nous parle d'une conspiration globale qu'une bande de hackers et de misfits tentent au péril de leur vie de mettre à jour, d'une BD qui contient des messages mystérieux, de tueurs sadiques et très perturbés ; la réalisation fait le choix de couleurs artificielles et brillantes - ah, ce jaune ! - et d'un regard constamment distancié sur les personnages et les situations, tombant, comme beaucoup de films du même registre, dans une représentation inutilement graphique de la violence, qui fait d'abord sourire - comme dans l'excellent pilote - puis qui incommode de plus en plus (la pénible scène de torture, qui plombe dramatiquement la série). Le gros problème de "Utopia", à moins (peut-être) d'être geek, c'est que l'énergie de la série tourne peu à peu à vide, par faute d'un scénario qui sache aller plus loin que des mouvements désordonnés et incohérents des personnages... avant de se retourner même contre la narration. Si l'on ajoute que les "révélations" (nécessaires il est vrai) sont systématiquement récitées consciencieusement par les personnages, l'artificialité générale du traitement du sujet empêche la série de jamais décoller, et le téléspectateur se fatigue et se désintéresse d'un thème pourtant pas imbécile ("sauver le monde contre l'humanité", déjà vu quand même ailleurs, par exemple dans le "Inferno" de Dan Brown). Une petite déception donc.