Welcome at The White House!
Sortie l'année de la réélection de Barack Obama, cette série estampillée HBO ne prend pas de gants pour moquer ouvertement la grande messe de la politique américaine. Le fait de choisir comme personnage principal un vice-président, rouage essentiel du système présidentiel en même temps que subalterne ingrat de la plus haute fonction, qui plus est une femme, permet à Armando Iannuci d'observer de près les rouages d'un environnement propice à la satire. C'est qu'entre négociations avec l'opposition pour ratifier tel ou tel amendement, réunions d'urgence entre sénateurs au Congrès ou au Sénat pour voter des lois de politique intérieure et autre campagne d'adoubement interminable pour élire le représentant qui conduira le parti au rôle suprême, la liste est longue des absurdités et des compromis de chacun pour trouver sa place sur l'échiquier. L'équilibre s'en trouve d'autant plus fragile quand à la séparation vie privée/vie publique. Il n'est alors pas rare de manipuler l'appareil médiatique pour ridiculiser l'adversaire et ainsi parvenir à ses fins. L’incompétence le dispute alors souvent à l'égocentricité de ces parvenus pour lesquels faire carrière leur importe bien plus que servir la patrie.
L'envers du décor est peu reluisant et le scénario, bien que volontairement extravagant dans quelques situations, reste assez proche d'une certaine réalité. Cette première saison (une quatrième vient de voir le jour chez les yankees) questionne finalement plutôt habilement le rapport entre les représentants de la vie démocratique d'un État fort et ses administrés, qui n'ont d'autre choix que de confier les pleins pouvoirs à des hommes et des femmes faillibles, et donc pas toujours prompts à prendre les bonnes décisions qui régissent leurs vies. En cela, la comédie maline qui caricature ce petit monde n'en rajoute jamais dans le vaudeville abrutissant et sait prendre son temps pour construire autre chose que de simples archétypes sans aucune consistance. Mention spéciale à Selina Meyer, la Vice-Présidente qu'incarne avec charme et enthousiasme Julia Louis-Dreyfus. Derrière son apparente tyrannie et son assurance à toute épreuve se révèle une femme plus sensible et en manque d'amour qui doit se cacher pour vivre sa relation intime et qui ne peut élever sa fille comme elle le voudrait.
Derrière elle gravite un tas de personnage plus ou moins sympathiques qui ne servent que de miroirs à peine déformants à un système intrinsèquement inabouti. La machinerie américaine suppose des infrastructures et des partenaires parfaitement adaptés à son fonctionnement mais cette belle mécanique se retrouve vite
grippée lorsqu'on ne lui donne pas les moyens, humains et financiers, de ses hautes ambitions. Voila pourquoi, plus qu'une énième moquerie sur les institutions US, cet habile mélange de charge et de politique fiction mérite le détour. La suite aux prochains épisodes..........