S'atteler à reconstituer les événements qui ont conduit au siège de Waco et à son issue tragique n'avait rien de simple. Au final, cette série semble ne pas s'en sortir trop mal, malgré son parti pris. Ce qui s'est passé exactement, on ne le saura sûrement jamais. Les deux parties (gouvernement d'un côté, Davidiens de l'autre) continuant, 25 ans plus tard, de se rejeter mutuellement la responsabilité. Dès lors, tenter de raconter cette histoire, c'est, pour plusieurs moments déterminants, faire le choix de privilégier une version par rapport à l'autre.
Et sur bien des points clés, c'est ici la version des Davidiens qui prévaut. C'est, je pense, ce qui surprend le plus lorsqu'on aborde la série. Vu de France, le blocus et sa fin meurtrière ont été perçus comme une tentative des forces de l'ordre de raisonner une bande d'illuminés forcenés qui ont finalement préféré périr que se rendre. Version privilégiée par les médias américains et donc relayée par ceux du reste du monde.
Ce que l'on apprend ici, c'est que la vérité est un peu plus complexe que cela (non que l'on témoigne ici d'une vérité absolue et irréfutable, mais nous sommes mis en face d'un certain nombre de faits qui permettent de questionner la version officielle).
Pour tenter d'éviter l'écueil du manichéisme, les deux camps sont divisés en extrémistes et en modérés. Du côté de l'ATF, l'agent Jacob Vasquez se prend de sympathie pour les Davidiens, tandis que son supérieur orchestre un violent assaut. Du côté du FBI, le négociateur Gary Noesner tente coûte que coûte de trouver une issue par le dialogue, alors que le chef de la Hostage rescue team (HRT) pousse pour un assaut. Chez les Davidiens, Steve privilégie les négociations, se heurtant plusieurs fois à l'inflexibilité de David Koresh. Cette volonté de peindre en nuance de gris est à saluer. Toutefois les antagonismes au seins des différentes agences gouvernementales semblent trop appuyés, laissant apparaître les partisans de l'assaut comme les "méchants" de l'histoire. L'écueil du manichéisme n'est donc pas totalement évité au final.
Le traitement du personnage de David Koresh, quant à lui, est intéressant mais discutable. Présenté comme un prêcheur habitée, son côté manipulateur n'apparaît pas ou peu, et seulement sur le tard. Durant tout ce qui précède le premier assaut (celui de l'ATF qui signe le début du siège), il est dépeint comme un leader juste et empathique, un être spirituel détaché des plaisirs de la chair, s'intéressant à l'étude de la Bible mais non au pouvoir. Ce n'est que durant le siège qu'apparaîtront les traits négatifs de sa personnalité : sa folie, son aveuglement, son influence néfaste, son obstination. On saluera toutefois la prestation d'un Taylor Kitsch irréprochable. De même pour Michael Shannon dans son rôle de négociateur.
Durant les six épisodes, le récit est mené à bon train. La narration est simple mais efficace. Elle ne se disperse pas trop et tient en haleine. Tout juste lorsque le dénouement approche, le va et vient des négociations téléphoniques commence à paraître redondant et tourner un peu à vide. Le final, savamment orchestré, est poignant et restitue bien l'émotion qui a dû s'emparer de l'Amérique suite à cette tragédie. La question de ce qui a provoqué l'incendie ne permettant pas d'être tranchée par les éléments de l'enquête, d'autres faits viennent éclairer la possible origine du feu, encore une fois incriminant le FBI.
Au final, les forces gouvernementales se trouvent accablées par la série et les Davidiens relativement épargnés. Une position qu'il aurait certainement fallu nuancer davantage. Notamment parce qu'on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi un groupe d'étude de la Bible a investi près de 200.000$ en armes, munitions et masques à gaz.