Première série Marvel à débarquer sur Disney+, WandaVision a des airs de petite révolution en comparaison du reste du Marvel Cinematic Universe. La romance des deux Avengers continue dans une vieille émission sitcom typique des années 50, mais dans ce paradis en apparence féérique quelque chose cloche.
Enfin un intérêt artistique ?
Disons-le franchement, le Marvel Cinematic Universe n’a jamais été très original. Il restera à jamais une saga dotée d’une formule classique, favorisant l’action et l’humour, tout en mettant le paquet dans les effets spéciaux. Quelques films sortent du lot bien sûr, mais c’est encore un argument de plus pour démontrer à quel point le MCU fait l’éloge du vide. Avec une vingtaine de films il est devenu la franchise la plus rentable du cinéma. Pourtant, c’est toujours très difficile de réduire le cinéma à « ça » et d’intégrer sans rougir le Marvel Cinematic Universe dans ce que l’on nomme fièrement le « Septième Art ».
Combien de films du MCU sont marquants ? En vérité, très peu. Et cela en rapport avec l’argument précédant comme quoi les exceptions sont forcément noyées dans le maelstrom de niaiseries et d’inintérêts des autres productions. Ce qui ressort du MCU quand on fait un bilan global c’est que tout est inégal. On peut très bien avoir une œuvre avec une vision spécifique qui va soigner son esthétisme et son efficacité comme Captain America 2 le Soldat de l’Hiver. Puis, un film comme Ant-man et la Guêpe fade et désordonné. Malheureusement, c’est bien cette deuxième catégorie vide d’âme qui domine le MCU. Alors forcément WandaVision paraît être la véritable première production originale à s’extirper un tant soit peu de la formule marvelesque.
Ma Wanda bien-aimée
WandaVision est une série qui met sur le devant de la scène deux Avengers secondaires, et ce n’est pas une mauvaise chose du tout. La trinité des Avengers composée de Captain America, de Thor, mais aussi et surtout d’Iron Man s’est souvent accaparée tout l’espace alors que d’autres personnages s’avèrent tout aussi intéressants si ce n’est plus. Wanda Maximoff en est un parfait exemple et représente à mon sens l’un des rares personnages du MCU qui évolue réellement au fil des différentes intrigues.
Au commencement, elle est une adversaire redoutable des Avengers dans Age of Ultron, au point de démanteler l’équipe quasiment toute seule et faisant même de l’ombre à l’antagoniste principal du film. Son passé tortueux découvert dans le même film lui confère une personnalité plus chaleureuse et suscite facilement l’empathie, elle est déjà une âme brisée constamment malmenée par les fantômes du passé. Dans Civil War, elle essaye de comprendre son pouvoir mais est contrainte d’affronter le sentiment de crainte qu’elle inspire malgré toutes ses bonnes intentions. Enfin, Infinity War et Endgame dépeignent une Wanda dont la folie et la rage décuplent sa puissance. La série qui nous intéresse s’incruste donc parfaitement à l’histoire de Wanda, car après avoir perdu la dernière chose qui pouvait lui fournir une infime lueur d’espoir dans la noirceur de son existence, voilà que l’héroïne semble enfin vivre une vie heureuse et parfaite dans un contexte pourtant bien malsain.
Hommage aux sitcoms
Dès les deux premiers épisodes de WandaVision, la référence à « Ma sorcière bien-aimée » saute littéralement aux yeux. Image en noir et blanc, humour typique des sitcoms de la télévision américaine, personnages typiques eux-aussi dans leurs façons de s’exprimer, et bien sûr un générique animé tout aussi représentatif de l’époque. C’est rafraichissant de voir le MCU essayer quelque chose de neuf et de complétement différent, surtout quand il parvient à faire naître une alchimie savoureuse entre tous les éléments propres aux sitcoms et l’intrusion de certaines caractéristiques du MCU. Ainsi, quand WandaVision parodie progressivement les sitcoms des années 50, 60, et même 70, la touche du MCU apparaît de temps en temps au profit de gags amusants. C’est notamment le cas quand Wanda ou Vision utilisent leurs pouvoirs ou y font des références (l’un étant un robot et l’autre une sorcière) afin d’être momentanément décalés de l’ambiance dominante dans le but de constituer les principaux ressorts comiques de l’intrigue.
Et pourtant, malgré ses innovations salutaires la série rebascule très tôt vers son ancienne formule. Cet équilibre fragile entre la parodie des sitcoms nimbée par un mystère propice aux théories diverses est rapidement flanqué à la poubelle dès le quatrième épisode. En effet, après trois épisodes mystérieux c’est comme si le MCU avait admis l’idée que le fan typique n’était pas capable de nager avec bonheur dans un océan d’incertitudes. Cet épisode en particulier n’existe en réalité que pour rembobiner les débuts de la série et fournir une réponse aux interrogations sans laisser le plaisir au spectateur d’élaborer sa propre théorie. Artistiquement, ce retournement de situation n’est pas non plus une bonne chose. Nous quittons trois épisodes imbibés d’un certain charme pour replonger dans quelque chose de plus banal, preuve que le MCU n’arrive pas à assumer pleinement sa prise de risque avec sa série initialement aux antipodes de ses autres productions. En l’occurrence, il aurait été plus intéressant de conserver l’ambiance et de pérenniser un maximum le mystère de l’intrigue.
Conclusion
Depuis Avengers Endgame et après une année 2020 sans production Marvel, c’est à la série WandaVision de relancer la machine du MCU. Autre mission importante, elle entame les débuts de la franchise sur Disney+.
Dans l’ensemble, WandaVision est une bonne surprise en se réappropriant les sitcoms à l’américaine des années 50, 60, et même 70. La touche du MCU reste également présente et saupoudre subtilement le tout afin de constituer une alchimie savoureuse dont découle les principaux ressorts comiques. On regrette simplement ces quelques égarements où le MCU n’a pas confiance en son projet et rebascule facilement dans ses pires travers. Comme c’est le cas dans sa manie de fournir des réponses à toutes les interrogations, sans laisser le spectateur élaborer lui-même ses propres théories alors qu’un mystère intéressant plane sur toute l’intrigue.
What is grief, if not love persevering