Wandavision ou la psychanalyse façon Marvel

Après la mort ou la disparition  (nécessaire) de personnages emblématiques tels que Iron Man ou  Captain America, l’univers Marvel s’est retrouvé devant la problématique de savoir comment relancer son univers de super héros.
Plutôt que de trop abuser sur les résurrections (encore que…), les univers parallèles (encore que…bis) , les nouveaux personnages (encore que….bis bis )ou le reboot, Marvel Studio s’est dirigé vers l’approfondissement de certains personnages autrefois secondaires. Ils ont l’avantage d’être connus, mais ils n’avaient pas pu connaître de construction/mise en avant satisfaisante, par paresse d’écriture ou une  impossibilité technique.  Le pari s’avère bon, car ces personnages, dont certains ont leur importance dans les comics,  disposent d’un grand potentiel. Cerise sur le gâteau, Marvel Studio peut également rétroactivement valoriser ou rattraper certains de ses précédents films mal aimés.
Wanda et Vision étaient donc les  parfaits candidats pour s’inscrire dans cette démarche. La sorcière sokoviene était même une candidate idéale au renouveau du MCU, puisqu’elle pouvait se prévaloir d’un passé traumatique sévère et ambigu, ainsi que d’un manque de maîtrise de ses pouvoir. . Pour sa part, Vision constituait le personnage paisible, se plaçant « au dessus de l’ humanité », mais qui avait été tué dans un contexte particulièrement cruel par Thanos.
Néanmoins, après 10 ans de MCU et dans le contexte stratégique vital pour Disney de lutte des plates formes de streaming, Marvel s’est attaché à s’engager dans cette voie, en développant une  série s’annonçant tout à fait singulière pour cet univers partagé.
Dans ce contexte, sous l’empire de l’influence évidente d »House of M », Wandavision a reposé sur un pastiche des séries américaines, sevrant d’écrin au traitement des thèmes du deuil et de la dépression qui affecte Wanda.
Bien entendu, on nous rappelle souvent que ce n’est pas du déjà-vu et que la série retourne à partir de sa moitié, vers un développement classique du  MCU. Mais il apparaît impossible de ne pas leur reconnaître ces velléités d’originalités et d’hommage à la pop culture telle que vécue par nos parents et grands parents.
Ceci étant présenté, que donne la série ?

A l’évidence, Wandavision **est une réussite sur la forme et indiscutablement une réussite quant au traitement du cœur et des éléments de base de la série. En revanche, la production est décevante quant au traitement des éléments plus extérieurs et son format pose question**s.

Pour reprendre les éléments, il est clair que Marvel amis les petits plats dans les grands en ce qui concerne la forme. Ceci tant, au niveau de la reproduction, jusqu’au moindre détail, des sitcoms d’époques, mais aussi des effets spéciaux plus modernes qui ne doivent rien au cinéma. Par ailleurs, Olsen et Bethany montrent les nombreuses classes qui les séparent de l’acteur de série lambda, par un jeu extrêmement précis et subtil. Cerise sur le gâteau, cette série a pu assurer des passages qui vont visiblement marquer le public bien longtemps, tels que la musique d’Agatha, un dialogue entre vision/Wanda dans le passé ou encore la résolution habile des affrontements finaux.
Ensuite, sur le fond, la série réussie indéniablement le développement de Wanda, qui bénéficie d’une véritable origin story. Certes, la série ne révèle rien de nouveau, mais elle nous associe pleinement à sa souffrance et d’ailleurs, nous pose invariablement la même question : qu’aurions nous fait à sa place ? Par ailleurs, la série est très pertinente dans son traitement du deuil  impossible, de l dépression, voir même de syndrome post traumatique. Ce traitement se fait à la fois directement ou via une allégorie, puisque la série reprend chaque étape du deuil. Au volet psychologique, particulièrement dramatique, s’ajoute, de manière harmonieuse, le volet  super héroïque, via la connaissance de ses pouvoirs et l’atteinte de son véritable « statut ».

A côté, Vision bénéficie aussi d’un traitement très satisfaisant, mais plutôt suivant un mode « sparing Partners » et va se poser de belles questions identitaires et jouer dans la subtilité entre l’amour qu’il porte pour sa femme et la condamnation de ses actes.

Le résultat du développement très satisfaisant du cœur de la série, est qu’elle porte un poids dramatique certains qui apporte une réelle émotion et des questionnements assez profonds. A cela s’ajoute le développement d’une nouvelle icône du MCU au sein d’un univers partagé qui s’étend encore, du côté de son volet magique cette fois-ci.

Cela étant, comme je ‘lai indiqué, Wandavision a raté de le coche pour devenir une très grande série, radicalement indiscutable. La faute à un traitement pauvre des éléments plus « externes » au cœur de l’histoire, mais qui ont quant même un impact dessus. Pourtant, lorsque l’on prend la présentation de base du Sword , le retour de Darcy/Woo en version plus « mature » ou le début d’introduction de Monica Rambeau, tout partait bien. Je n’ose même pas aussi citer la liste de références et de fausses pites qui ont été (abusivement il est vrai) été reprises sur le net. La production aurait pu nous offrir un autre volet de développement pertinent qui aurait aussi pu compléter les épisodes hebdomadaires et nous présenter des personnages secondaires profonds. En réalité, Wandavision s’est, au mieux arrêtée en route sur ce plan, au pire s’est radicalement moquée de nous. On constate un vide, un néant et des trames narratives qui promettent, puis ne mènent à rien. Il faut ajouter le traitement de l'antagoniste qui partait bien et puis...plus rien (en plus mal joué par celle qui l'incarne!!)
Le pire est certainement qu'ils ont volontairement créées de fausses pistes (impossible que cela relève de la maladresse) pour susciter le buzz et franchement, c'est une démarche pas joli-joli qui fait de l'ombre à la sincérité du propos de base.

A cela s’ajoute le format, encore plus décevant que Mandalorian : un petit épisode de même pas 30 minutes (presque autant que le générique !) toutes les semaines et un découpage douteux des épisodes à partir du 4ème (avant on comprenait la logique). La série aurait énormément gagnée à être ramenée à 6 ou 7 épisodes maximum.

Enfin, certains reprocheront à Marvel, encore une fois, un manque de courage, alors qu’ils disposaient d’un cadre idéal pour réaliser quelque chose de vraiment fou. On ne peut leur faire ce procès, car il est logique que Wandavision raccroche l’univers du MCU avec cette part de friendly Family. EN revanche, le fait que al série dissimule des indices qui pourraient flinguer à l’avenir toutes les conséquences dramatiques tant de la série, que des précédents films me gène énormément. Il faut rappeler que l’écran n’est pas le même support que les comics…
Mais bon, encore une fois, Marvel empoche un succès populaire et critiques tant auprès des spectateurs, que d’une grande part de la presse. Certes, il existe des voix minoritaires qui se déchainent contre cette série (ou contre le MCU ?) et elles n’auront pas plus tort que les autres. Néanmoins, je reste fasciné de la manière dont cet univers fédère le public et génère l’enthousiasme partout dans le monde, quelques soient l’âge, les origines, la culture ou le niveau professionnel.

Encore un coup de génie pour Marvel, alors que le niveau de la série est, certes, au dessus de la moyenne des productions habituelles qui sortent sur streaming, mais n’atteint pas pour autant celui des plus grandes séries. Dans le genre, on aura sans doute raison de préférer The Boys ou Légion. EN tous cas, elle permet à Marvel de « revenir dans le game », à défaut de « tuer le game », car jusqu’à présent, à part Daredevil, peu de série de la franchise avaient réellement convaincu beaucoup de monde.