We Own This City
7.5
We Own This City

Série HBO, OCS (2022)

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Je mettrai finalement un 7 à cette série, car c'est sympathique de retrouver non seulement Baltimore mais certains des meilleurs seconds rôles de The Wire (et jouant souvent des rôles opposés à ceux qu'ils y avaient, tel Jamie Hector passant efficacement de chef de gang sociopathe dans l'une à rare policier ayant des scrupules dans celle ci), et qu'enfin, un des rares qui n'en vienne pas, Jon Berntal (acteur que je trouve terriblement sous-coté depuis l'époque de son excellente performance dans Walking Dead) crève carrément l'écran dans celui d'un ripoux n'ayant même plus conscience qu'il en est un.

Après j'ai clairement plus hésité avec un 6, voire un 5, qu'avec un 8 ou 9.

Tout d'abord parce qu'avec tant de têtes familières pour nous la rappeler (et David Simon parmi les producteurs) il est très difficile de se retenir de comparer cette série à The Wire, comparaison qu'elle ne soutient hélas absolument pas.

Là où l'autre savait avec une grande subtilité confronter le spectateur à une réalité sociale en lui laissant en tirer les leçons sans jamais donner dans des préchi préchas inutiles, ni se montrer gratuitement prétentieuse dans sa narration, c'est ici un peu tout le contraire (je ne sais pas si c'est la conséquence d'être basée sur des faits réels ou du contexte politique américain, mais en tout cas, ça en fait quelque chose de bien moins agréable à suivre).

We Own This City a un coté en un mot lourdingue dans la catégorie signalements de vertu post-BLM, nous faisant longuement assister, en plus des scènes où les policiers se montrent violents, racistes ou corrompus, à l'enquête de la police des police et à leurs propres témoignages le confirmant, à d'interminables dialogues le constatant (avec tout un arc ne menant pas à grand chose au final, d'une enquêtrice faisant un rapport sur le sujet à la mairie -qui d'ailleurs ne débouchera pas non plus sur grand chose au final-, dont le rôle consiste généralement à paraphraser ce que le spectateur a déjà vu ou entendu, puis à lui dire ce qu'il devrait en penser, c'est à dire en gros que c'est mal et qu'il faudrait peut être songer un jour à sanctionner les coupables, mais carrément avec beaucoup beaucoup plus de mots). Et si ça ne suffisait pas on a encore tout une galerie de personnages secondaires, témoins, magistrats qui aimeraient que les choses changent, etc.... pour ajouter leurs propres dénonciations (avec quelques variantes, une insistant plus sur la dimension raciste de l'action policière, un autre sur l'impunité etc...) à ce dont le spectateur s'indignerait très bien tout seul juste en regardant les faits reprochés.

En plus de quoi, la décision de représenter et les faits et l'enquête sur eux et les témoignages et les conversations autour, conduit à une narration chronologiquement à peu près aussi éclatée que la première saison de Westworld. Malgré l'affichage occasionnel* de dates pour qu'on ne s'y perde pas complètement il y a une telle une succession de retours en arrière, de sauts temporels et de flashback lors de témoignages qu'il est difficile au spectateur de ne pas s'égarer entre la multitude d'incidents évoqués et de personnages qui en parlent à diverses époques, ou les expliquent à d'autres.

* un des choix les plus incompréhensibles de la série étant qu'il n'est pas par contre systématique, ils ont jugé plus amusant d'offrir au spectateur (si j'ai bien compris leur critères, ce qui n'est pas certain...) une incrustation de dates pour les voyages dans le temps arbitraires / passage à des sujets différents, mais pas pour les flashbacks découlant de témoignages ou illustrant des conversations (qui eux même peuvent déboucher sur d'autres) ; si on découpait la série à partir des dates apparaissant à l'écran on se retrouverait donc avec des épisodes du style 'affichage de 2006 pour un vieille anecdote illustrant l'histoire d'un personnage / affichage de 2015 pour une scène où l'enquétrice de la mairie parle d'un autre personnage en 2015, suivie d'une montrant un truc qu'il a fait en 2011 / affichage de 2013... et passage à l'enquête de la police des police où quelqu'un témoigne sur un fait s'étant passé en 2008, puis l'action se déroulant en 2008 nous est montrée et ensuite on passe à une scène de vie de la bande de ripoux située en 2007 destinée à nous faire comprendre comment ils en sont arrivés à faire ça, / affichage de 2015 et retour en 2015 pour une scène d'un autre arc suivie des flashbacks en relation, etc...'

Parlant des scènes de vie quotidienne des ripoux c'est finalement les seules ou la série respire un peu, montrant assez efficacement comment des personnages peuvent peu à peu glisser, en s'en rendant à peine compte eux mêmes, de la catégorie flic s'offrant quelques entorses aux règlements mais faisant son travail, à petit corrompu pour arrondir ses fins de mois, et finalement à complet criminel qui ne joue plus le rôle d'un policier que pour favoriser ses activités et lubies. Enfin presque car le choix d'une narration absolument pas chronologique favorise plutôt peu de montrer de telles évolutions, mais disons qu'un spectateur suffisamment attentif aux changements de coiffures et aux dates apparaissant... parfois, doit pouvoir se faire une bonne idée des étapes successives qui ont conduit certains personnages à devenir qui ils sont.

A l'arrivée plutôt une déception, donc, mais qui mérite quand même le détour pour un dernier épisode largement au dessus de sa moyenne, une efficace nouvelle illustration de l'inertie des hiérarchies policières et politiques de Baltimore (si elle n'apprendra évidemment rien au public de The Wire), et comme je disais quelques excellentes prestations d'acteurs qui la tirent vers le haut.

Antonio-Palumbof
7

Créée

le 7 nov. 2022

Modifiée

le 7 nov. 2022

Critique lue 179 fois

2 j'aime

Critique lue 179 fois

2

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