Saison 1 (8/10) :
Loin de moi l'idée de critiquer le plaisant film de Michael Crichton, mais il faut être clair : « Westworld » est d'une toute autre dimension. Pour vous donner une idée, le dernier épisode à lui seul est presque aussi long ! Mon malheur a voulu que je sois très fatigué à chaque fois que je la regardais, me demandant si je l'ai même apprécié à sa juste valeur. Décors majestueux, réalisation parfois démesurée, scénario d'une richesse impressionnante aussi bien dans les nombreuses pistes qu'il ouvre que sa narration captivante (l'aspect western prendrait presque le pas sur l'aspect science-fiction niveau intensité!)...
Au-delà de l'impressionnant spectacle visuel et d'un récit qui, s'il se répète très légèrement parfois, n'en est pas moins passionnant, la réflexion vertigineuse sur la condition humaine (et bien évidemment celle des robots) offre plusieurs scènes (voire épisodes entiers) assez incroyables, nous plongeant dans des abîmes de réflexions, d'émotions, parfois de délices tant l'image, les décors, le montage sont constamment un régal pour les yeux, offrant au passage quelques rebondissements spectaculaires et pour le moins inattendus, provoquant, là encore, des sensations très fortes chez le spectateur, d'autant qu'elles ne sont jamais gratuites et apportent, au contraire, un trouble profond, presque désespéré par moments.
D'autant que si elle est relativement discrète (pour peu qu'on puisse appeler discrète des références constantes à Shakespeare, pour ne citer que lui!), l'écriture est pour autant très sûre, précise, sachant exactement comment faire pour qu'une scène fonctionne, ait « de la gueule ». D'ailleurs, si je devais résumer la série, c'est probablement ce que j'écrirais : elle a de la gueule. Mais pas que, loin de là. Même le générique, séduisant sans m'emballer réellement au départ, a fini par devenir un merveilleux moment, tout comme la musique de Ramin Djawadi qui, sans éclipser celle de « Game of Thrones », a... de la gueule, sans oublier l'excellente idée d'y introduire
des morceaux mythiques au piano (« Paint It, Black », « House of the Rising Sun » et « Back to Black », notamment).
Et je ne parle pas du casting qui, lui, a plus que de la gueule : c'est carrément monstrueux. Entre Evan Rachel Wood, remarquable, un Anthony Hopkins récitant brillamment sa partition, l'impeccable Ed Harris, l'intrigante Thandie Newton ou la glaçante (et splendide) Sidse Babett Knudsen, pour ne citer qu'eux (Jimmi Simpson et Jeffrey Wright sont également excellents), chacun apporte une force supplémentaire à des protagonistes déjà passionnants par leur complexité et leur ambiguïté. Une série sur l'humain, la machine, la vie, la mort, emballée avec une intelligence et un sens visuel hors-norme : merci, merci à Jonathan Nolan et J.J. Abrams d'avoir su mettre en place une telle entreprise, avec pour intime espoir que la seconde saison soit de la même trempe. En attendant... Welcome to « Westworld ».