Dans la famille Puella Magi Madoka Magica, je veux le fils

Après le suicide de sa meilleure amie, Ai Otoo se déscolarise et se laisse aller au tourment, cloitrée dans son appartement. N’ayant plus aucune raison de vivre, elle suit les instructions d’une entité mystérieuse et obtient un œuf magique. Après avoir cassé l'œuf dans un monde parallèle qui se matérialise pendant son sommeil, Ai est chargée de sauver les gens de l'adversité qui se présente à eux. Ces personnes s’avèrent être toutes mortes de la même cause : Le suicide. Une même cause mais des raisons différentes qui seront matérialisé par un démon différent que Ai devra affronter. De ce fait, elle pense pouvoir se rapprocher de sa meilleure amie décédée. Alors que des traumatismes passés, des regrets inoubliables et des peurs innées éclosent dans le monde de Wonder Egg Priority, cette jeune fille découvre les différentes luttes intérieures qui tourmentent l'humanité et les sauve de leurs pires craintes.

• Les Forces

Le scénario est intéressant et original, ce qui va nous plonger directement dans l’univers violent et happant de Wonder Egg Priority. Le réalisateur nous dépeint un portrait pessimiste de l’adolescence et notamment des jeunes filles en proie aux complexes, au désespoir et à la solitude. L’animé cherche à trouver tout au long de ses 12 épisodes les causes des suicides chez les adolescents. Des causes qui peuvent prendre de multiples facettes, ce qui permet d’attaquer un sujet aussi difficile que celui-ci de différentes manières. La série aborde également les thèmes de la dépression, du père absent, de la scarification et plein d’autres mal-êtres récurrents chez les adolescents.

Mais l’animé propose également des combats épiques qui ne sont pas sans rappeler ceux de Puella Magi Madoka Magica ou encore ceux de Kill La Kill. Les monstres que Ai est chargée de tuer sont aussi originaux que sinistres. Ils représentent les causes indirectes du suicide des victimes : Le gourou de secte devient un grand pantin terrifique et manipulateur, le violeur, une immondice à grande gueule baveuse, et le personnage imaginaire (d’une personne souffrant de schizophrénie), un ennemi invisible que seule la victime terrorisée peut voir. Des antagonistes horrifiants qui vont donner du fil à retordre à Ai Otoo. On va également s’interroger sur les raisons pour lesquelles la protagoniste se bat. Par pur altruisme ? Mais, n’est-ce pas un peu égoïste d’imposer aux personnes qui se sont suicidées de revenir à la vie ?

Cet animé propose aussi et surtout des moments de tranches de vie divertissants et attachants entre Ai Otoo et les nouveaux amis qu’elle se fait au cours des épisode. La protagoniste va rencontrer d’autres filles, dans le même cas qu’elle, qui chassent des démons dans leur rêve dans l’espoir de retrouver leur proche qui s’est suicidé. L’acte de casser l’œuf symbolise le début de sa nouvelle vie : une vie d’action où elle essaye d’aller vers les autres et de quitter le refuge psychologique qu’était son appartement. Ce qui permettra de découvrir les différentes personnalités de ses nouvelles amies : des adolescentes en deuil qui évoluent, se rebellent et deviennent progressivement des jeunes adultes.

Pour ce qui est de la forme, il n’y a rien à redire. L’esthétique générale est très jolie, que ce soit les décors ou les chara-design. L’utilisation de la caméra et du cadrage est bien maîtrisée, surtout quand il s’agit de montrer les émotions des personnages. L’animation est également fluide et dynamique durant les scènes d’action. Le studio CloverWorks fait comme d’habitude du très bon travail et le réalisateur Shin Wakabayashi (qui a travaillé sur Attaque des Titans, Fullmetal Alchemist Brotherhood ou Darling in the Franxx) est le responsable d’un visuel de si bonne qualité.

• Les Faiblesses

Malgré les nombreuses qualités qu’on peut attribuer à cet animé, certains défauts gâchent le rendu final. Beaucoup d’éléments ne sont pas exploités : que ce soit le fait qu’Ai soit devenue une hikikomori, le fait qu’elle revienne à l’école, ou tout simplement l’ensemble des personnages secondaires. Chaque épisode, il y a une à deux victimes de suicide qui sont ressuscitées, et on n’en entend plus jamais parler, c’est fait de manière presque industrielle. Comment peut-on s’attacher aux personnages si on ne les voit que durant 5 minutes, et qu’on sait pertinemment à l’avance qu’ils vont être sauvé puis effacé définitivement de l’intrigue ? Et puis je ne parle même pas du manque cruel d’enjeu durant les scènes d’action : On a un protagoniste qui ne peut pas mourir (bah oui, il est dans un genre de rêve lucide) et une personne à protéger mais qui elle, est déjà morte. On brasse les personnages comme dans une usine et ils sont présentés de manière assez superficielle en plus. Mis à part les 4 protagonistes centraux, leurs rôles se résument à : « Toi tu es morte à cause d’une X raison, c’est triste, mais ferme ta gueule il y a ton démon qui te poursuit, mais heureusement que l’héroïne est là pour te sauver ! Adieu. » (je caricature à peine). Ça se veut profond et réfléchi mais j’ai l’impression que parfois, c’est plus un prétexte pour créer des nouveaux combats qu’autre chose.
De plus, les scènes d’action suivent exactement le même paterne, la spécificité des différents protagonistes et antagonistes n’est que très peu exploitée, ce qui rend les combats linéaires et répétitifs. Et puis, voir des gamines qui complexent puis qui se font complimentées par leurs amies pendant 12 épisodes, je trouve ça un peu redondant. D’autant plus que les sujets sérieux et profonds dont la série vantent les mérites, sont traités de manière assez elliptique et superficielle. Il ne suffit pas de montrer des personnages androgynes, dépressifs, scarifiés ou schizophrènes, deux secondes à l’écran pour prétendre avoir bien traité les sujets respectifs. Faire l’inventaire de tous les maux dont souffrent les adolescents, n’a rien de spécialement intéressant si ce n’est pas abordé et mis en scène de la bonne manière.

Malgré les nombreuses critiques que je lui porte, Wonder Egg Priority est tout de même un animé touchant, intéressant et dynamique. On ne s’ennuie pas, au contraire, on prend plaisir à suivre le quotidien mouvementé de ces 4 jeunes filles. La fin de la première saison propose de nouvelles intrigues prenantes, l’animé est prometteur et n’a pas encore révélé tout son potentiel. Pour les fans de «Magical Girl», de tranche de vie mais surtout pour ceux qui sont touchés par les thèmes abordés, l’animé vaut clairement le détour. Mais après avoir vu Puella Magi Madoka Magica, cet animé a beau être davantage coloré, il fait un peu pâle figure.