Wynonna Earp c'est pour moi la révélation qu'il est possible de trouver une série extrêmement mauvaise, et de prendre beaucoup de plaisir à la retrouver chaque semaine. C'est ainsi qu'elle se retrouve avec un petit 3/10, mais abordant fièrement un petit cœur à côté. Parce que cette série, vraiment c'est quelque chose qu'il faut voir, si on est prêt à l'aborder au millième degrés, on se marre un truc de dingue. J'ai rarement autant ris devant un format 40min.
Wynonna Earp c'est d'abord une bouilli de genre qui donne un ensemble totalement ahurissant. L'histoire d'une malédiction qui a lieu à Purgatory (un nom de ville qui donne envie de s'y installer), avec des revenants (sorte de mi-zombie mi-démon) qui ne peuvent quitter la ville, et sont voués à se faire tuer inlassablement par les héritiers Earp. C'est donc Wynonna, accro à la bibine, totalement détruite et barrée, qui a la lourde tâche de zigouiller les revenants à l'aide de son arme magique (qui s'illumine quand il faut tirer sur un méchant). Elle est aidé par Dolls, un membre de la brigade noire (sorte d'organisation secrète montée par Lincoln), de sa sœur qui passe son temps en t-shirt mouillé mais qui connaît aussi parfaitement le latin, et de Doc, un mec immortel qui est la caricature du vieux cow boy tragique. Les épisodes sont agrémentés de tas de revenants qui empruntent les pires idées de Charmed, mais version gore. Sans oublier d'autres secrets, d'autres malédictions à briser, une sorcière machiavélique et allumée et un final qui nécessite de dérouler un plan des lieux du « crime » pour monter un casse à la Ocean Eleven. Bref, il y a tout dans ce western fantastique.
Mais ce n'est pas que l'histoire complètement ridicule de Wynonna Earp qui fait toute la force de la série. Il y a aussi la mise en scène, les effets spéciaux. C'est complètement cheap et la mort de chaque revenant est une attaque de la rétine qui finit par amuser. Mais il y aussi des tas de petites perles d'effets spéciaux qui sont tellement magique, comme la fois ou Wynonna est kidnappé par un revenant mi-docteur mi-boucher, qui a sur sa table d'opération le « corps » d'une femme ouvert, qui fait totalement mannequin de cours de médecine. Mais ce que j'ai préféré c'est les ralentis tellement mal amené tout au long de la saison, avec une apothéose de l'usage lors d'un combat entre Dolls et Doc à la fight club, ou les ralentis sont utilisés pile à l'inverse de ce que ça aurait dû être. Du génie !
La série bénéficie par ailleurs d'un casting totalement hétérogène. Les meilleurs moments de rires sont produits par l'acteur qui joue Dolls, un des pires acteurs que j'ai vu, qui ne sait strictement rien montrer, mono expressif à mort ! Derrière lui suit Bobo (le big méchant de la saison), qui surjoue et se ridiculise dès qu'il utilise ses « dons » de télékinésie. Le casting est par deux fois revigoré par deux actrices de haut niveau : celle qui joue la sorcière du même niveau de Bobo et un autre personnage que je ne spoilerais pas, mais qu'il met obligé d'évoquer tellement sa façon de jouer m'a tué : elle surjoue mais comme elle ne sait pas jouer, c'est encore plus mauvais. Quelle marrade de perso ! Après ça on a droit à une Wynonna Earp qui fait elle le job, accompagné de Doc, qui ne joue pas super bien, mais au moins à l'air de s'éclater. Il est tout de même important de relever que l'actrice qui joue Waverly est juste parfaite pour le rôle, qui sait très bien osciller entre le côté naïf de son personnage, et des éclaires de génie. Elle arrive à bien rendre la subtilité du personnage. Mais après, vu la concurrence ce n'est pas difficile de briller.
Il y a des tas d'arguments qui font de Wynonna Earp une série totalement mauvaise, en tout point. Et pourtant, au milieu de ce côté foutraque, mal écrit, qui en fait des caisses, je ne peux que me dire que c'est aussi une volonté des scénaristes de faire de cette série un gros nanar assumé. Ce qui me fait dire ça, c'est cette façon d'allonger des scènes corrects pour les saborder. Cela paraît parfois tellement volontaire vu l’efficacité comique de la construction. Et puis mine de rien il y a toute cette blague sur l'officier Haught (Hot) , avec les grosses grosses ficelles, et la façon dont l'actrice y va à fond et la relation Haught/Waverly, qui finalement est bien foutu. De même que la relation Waverly/Wynonna, ou même cette intrigue finale qui pourrait presque ressembler à quelque chose, si j'avais décidé de prendre la série au premier degrés. Mais Wynonna Earp, je vous le dis, c'est pas à prendre au premier degrés, mais au millième, et quand on la regarde comme ça, c'est du génie !