X files est la série qui m’a fait découvrir le sens véritable du mot culte. Depuis presque dix ans maintenant, je m’endors avec un épisode, choisit au hasard, comme tout bon fidèle qui s’intoxique avec les bonnes paroles de son guide spirituel.
Ceci étant dit, ce dévouement, cette passion pour les pérégrinations de Fox Mulder et Dana Scully n’est pas dénuée de raison. Avec le temps mon niveau de lecture s’est transformé, a su évolué. Là ou enfant je ne voyais qu’une distraction exaltante car terrifiante, l’adulte s’est reconnu dans les traits de l’agent du FBI assoiffé de vérité. Sa partenaire n’était plus simplement l’incarnation de la femme, mais un mélange de projection, de toutes les femmes que j’avais pu croiser.
C’est dans ce climat d’approche évolutive que j’ai commencé a véritablement comprendre le sens du gimmick emblématique : The truth is out there
En effet les parallèles que l’on peut établir entre un show et la réalité et vice versa sont par essence une évidence, mais rarement j’ai pu trouver dans un univers fictif, un discours aussi remplit du bon sens qui étouffe dans nos sociétés dites civilisées, dans l’anonymat le plus total.
Plus concrètement je veux parler tout d’abord du rapport complémentaire et égalitaire qui existe entre le mystique Mulder et la rationnelle Dana. C’est déjà en soit une réussite que de confier les traits hystériques à l’homme. Ici pas de pépettes dans une représentation permanente, multipliant les crises de nerfs. La femme défend la logique, la science, les rapports de causes à effets, quand l’homme est capricieux, nerveux, en permanence sur la corde raide. Néanmoins dans cette relation souvent chaotique, il n’est pas évident de distinguer le dominant du dominé et ceci pour une bonne raison. Comme dit précédemment, ce tandem est équilibré, l’un accepte les défauts de l’autre et sait jouer les grands ou les petits, selon les circonstances… et vice versa.
Ce rapport égalitaire, cette saine interdépendance souffle un vent de fraicheur, encore et surtout aujourd’hui. Les rapports entre hommes et femmes et à fortiori entre êtres humains ne sont pas compliqués. X Files nous rappelle qu’il suffit d’être soi-même et d’accorder ce même statut à l’autre pour que les choses deviennent réelles et incroyablement fortes.
Ce qui m’amène au deuxième point. Directement en aval de cette relation de couple implicite, puis explicite, on trouve cette obsédante quête de vérité. Ces deux agents, moqués par leurs comparses vont mener une foultitude d’investigations, rencontrant des loups garous, des fantômes et tout un tas d’autres éléments, aux frontières du réel. A chaque fois, ils se heurteront aux préjugés des autres, enfermés dans leur carcan respectif, refusant de voir la vérité pourtant devant leur porte. Mulder cherchera les réponses dans l’étrange, quand Scully tentera de rationaliser les faits. Ensemble ils feront la lumière sur un bon nombre de vérités masquées.
Cette volonté extrême de poursuivre le vrai et de le trouver, non pas tout seul, mais par l’union de deux esprits libres et respectueux l’un de l’autre véhicule, une valeur fondamentale. Alors qu’on nous bassine les oreilles avec la suprématie virtuelle de l’individu, X-Files vous démontrera tout au long de ses neufs saisons deux choses primordiales. Premièrement l’individu n’est rien sans autrui pour le compléter et deuxièmement, la vérité est partout sauf ailleurs, il vous suffit juste de vous pencher pour regarder.