Auréolée de critiques élogieuses et de comparaisons flatteuses avec les séries Lost et X-Files ou le roman Sa Majesté des mouches, Yellowjackets ne propose in fine qu'une tambouille indigeste qui peine à rassasier.
L'excellent premier épisode de la série mettait l'eau à la bouche avec sa réalisation soignée, l’originalité de traitement du sujet et son ambiance 90's parfaitement restituée. On a clairement envie d'en savoir plus.
Malheureusement la suite du repas n'est pas à la hauteur du hors-d'oeuvre.
Gros point noir 1 : la série une raconte pratiquement rien d’intéressant entre les épisodes 3 à 8 (voire 9).
Gros point noir 2 (découlant du #1) : le choix d'alterner en continu de courtes scènes (pas forcément très intéressantes) entre les arcs "1996" et "2021" nuit considérablement à la fluidité de la narration, au rythme de la série, et freine l'adhésion du téléspectateur.
A titre personnel, je n'ai d’ailleurs pas compris l'intérêt des scénaristes de mettre AUTANT l'accent sur les romances lycéennes et les liaisons adultes (souvent sans subtilité) alors que bien d'autres sujets méritaient d'être explorés en profondeur (la fracture progressive d'un groupe, les raisons du traumatisme et la reconstruction, l'organisation de la vie sans les adultes, ...).
Le recours à outrance au tour de passe-passe scénaristique consistant à répéter "ce-qui-nous-est-arrivé-est-terrible-mais-n'en-parlons-surtout-pas-c'est-un-secret" finit irrémédiablement par lasser. Je reprochais déjà l'emploi de ce procédé "artistiquement malhonnête" dans le livre de Joël Dicker Le livre des Baltimore. Dès lors, le récit principal, elliptique, choisit de se concentrer sur des histoires secondaires voire tertiaires comme par exemple l'arc autour de la journaliste
(tout ça pour ça …)
dont la fonction première est alors de "meubler" au mieux, jusqu'à une conclusion qui se fera attendre et qui ne pourra que décevoir. Bonjour la perte de temps ...
Plus globalement, Yellowjackets est selon moi particulièrement raté sur le traitement de l'arc narratif "2021" peu novateur, lent, lourd, qui peine à intéresser.
Une remarque sur Shauna : ce personnage m'a réellement gonflé, toujours à geindre et à se poser en victime alors qu'elle réussit très bien toute seule à
semer la désolation autour d'elle (adultère, meurtre) - le tout sans beaucoup de remord affiché.
Parmi les rares motifs de satisfaction je peux citer :
- l'ambiance certaine de l'arc "1996" (avec de beaux décors) même si pas forcément exploitée au mieux
- le jeu de l'actrice Juliette Lewis (que je découvre) : la seule adulte à être animée de convictions et qui se bat pour ce qu'elle estime devoir protéger - même si dans une moindre mesure Christina Ricci joue bien également
- la performance d’Ella Purnell (vraie révélation de cette saison), charismatique capitaine d'une équipe en perdition et seule capable de discernement,
malheureuse victime collatérale de la bêtise de ses coéquipières. Dommage, c'était ma préférée.
Enfin, le dernier plan de la série montrant
l’enlèvement grotesque de Nathalie
m'a scié et annonce très lourdement une suite
(oh quelle surprise, il y aurait donc d'autres survivants ? Sans blague)
que je ne suis pas certain d'avoir envie de regarder.
En conclusion, une mise en scène inspirée, une B.O. de qualité et 2-3 trouvailles esthétiques ne font pas une bonne série.
L’absence de rythme, la multiplication des incohérences (les citer toutes serait trop long) et l'incapacité à s'attacher aux personnages (du moins ceux adultes) empêchent Yellowjackets de tutoyer les cimes auxquelles elle aurait pu et du prétendre.
Il ressort de tout cela une grosse déception et même une arnaque, annoncée avec le recul dès la scène d'ouverture du premier épisode
non reprise dans la suite de la saison - je déplore par cette occasion la tromperie scénaristique.
Et dire que tout cela doit durer 5 saisons ... Ce sera sans moi !