Si nous sommes arrivés dans ce drama par le biais de Lee Do-Hyun, c'est parce que, indéniablement, il est très en vogue en ce moment, grâce à son interprétation dans The Glory aux côtés de Song Hye-Kyo (la seule, l'unique). Et sa relation avec l'actrice du même drama, Lim Ji-Yeon. Et son départ à l'armée, mais ne nous perdons pas. Il n'en reste pas moins que si nous connaissons ne serait-ce qu'un peu l'histoire de la Corée du Sud, ce n'est pas sans une certaine appréhension que nous abordons cette série dont le titre en dit long.
Youth of May nous raconte une romance, alambiquée déjà depuis le premier moment, au cours du terrible soulèvement de Gwangju. Sans trop s'y attarder mais sans perdre le nord, le contexte de ces événements ne se laisse pas annihiler par cette histoire entre un étudiant de médecine et une infirmière qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Sans nous faire tomber dans un drama purement historique, les événements avancent en même temps que leur amour. Nous assistons à un moment clé de la démocratie de la Corée du Sud.
Vous l'avez bien compris. Tous ces dramas qui nous ont attiré pour le côté exotique, le rapport interculturel, pour leur histoire, pour les beaux gosses, sont dotés, pour la plupart d'une histoire en surface qui cache une autre beaucoup plus profonde. En fin de compte, il s'agit peut-être de la cause intrinsèque qui nous séduit à notre insu et qui nous donne envie de plus. Comme un genre de nicotine qui nous ferait rendre accro, nous sommes aux aguets d'un récit qui captivera notre attention depuis la première seconde.
Mais l'intention n'est pas anodine. La volonté de s'exporter transpire en douce, l'air de rien. Comme ce maquillage qui veut donner l'impression qu'il n'y a pas eu de maquillage. Et le cadre est trop flagrant pour qu'on ne s'y intéresse pas. Ainsi, d'une façon très ludique, on ingurgite des mœurs, de la culture, de l'histoire, des paysages, dans un pays dont les ressources prennent appui sur leur créativité.
Le soulèvement de Gwangju
Le dictateur Park Chung-hee est assassiné le 26 octobre 1979, après 18 ans au pouvoir. Le général de l'armée de la République de Corée, Chun Doo-hwan, prend le contrôle du nouveau gouvernement présidé par Choi Kyu-hah, le 12 décembre de la même année, encouragé par l'instabilité politique du moment. En mars 1980, les professeurs et les étudiants qui avaient été expulsés à cause de leur idéologie démocratique, retournent dans leurs universités et des syndics très actifs voient le jour. Ils organisent des manifestations dans tout le pays dans le but de mettre fin à la loi martiale, se battre pour la démocratie et la liberté de presse. Ces activités ont culminé avec la manifestation du 15 mai, très présente dans le drama.
Youth of May évoque la fatalité, pas seulement de ce qui est en train d'arriver, mais de ce qui va arriver. Comme l'acceptation d'un tsunami prêt à se lâcher incessamment sous peu, le 18 mai 1980, les citoyens de Gwangju se sont faits massacrer lors des manifestations contre la dictature.
Si cette petite mise au point vous a embêté, vous qui regardez des dramas coréens pour tout un tas de raisons mais cherchant surtout le divertissement (et les beaux gosses, cela n'est plus un secret pour personne), dites-vous bien qu'il vous permettra de comprendre d'autres dramas ou films situés dans la même époque. Surtout que pendant le mandat du général, l'incident a été présenté à tort par les médias comme une rébellion inspirée par des sympathisants communistes. Toute cette chasse aux communistes dont nous sommes témoins dans les films ou dramas qui évoquent ce sujet, peut porter à confusion car, tous ces civils torturés et abattus étaient en fait des démocrates.
Avec un rythme absolument synchronisé, l'histoire d'amour entre ces deux jeunes gens cherche à s'épanouir dans un environnement très hostile. Nous assistons à leur rencontre, comme un jeu mis en place par le destin. Ils se cherchent, se taquinent, s'entrechoquent, se connaissent, se livrant à une chorégraphie innocente, totalement isolés de l'époque qu'ils sont en train de vivre. Si ils entendent de loin les pas de cette révolution latente, ils ne sont pas encore conscients de la gravité. Ce sont encore des enfants.
Mais la deuxième moitié se démarque par un changement radical dans leur attitude. La situation finit par les rattraper. Leur résignation. La contrainte de devoir réagir très vite à des événements absolument horribles et incompréhensibles. Par leur mouvement et leur nouvelle maturité, nos émotions changent. Nous ne sommes plus dans une romance toute mignonne, mais en plein milieu d'un soulèvement qui marquera à jamais l'histoire de la Corée.
Un drama qui vous touchera, déjà par la beauté des quatre personnages principaux, mais surtout par ce massacre qui compte avec des centaines de victimes, des civils et des policiers tués par les soldats pour avoir libéré des manifestants capturés.
Si le sujet vous intéresse vraiment, ne manquez pas de regarder May 18, réalisé par Kim Ji-hoon en 2007, avec Lee Joon-gi. A Taxi Driver, film dramatique historique réalisé par Jang Hoon sorti en 2017, avec Song Kang-ho. L'Homme du président, film réalisé par Woo Min-ho, sorti en 2020 avec Lee Byung-Hun. Et pour suivre l'évolution, 1987: When the Day Comes, drame historique réalisé par Jang Joon-hwan, en 2017 avec Kang Dong-won et dont l'histoire s'inspire des manifestations démocratiques de juin de 1987.