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Zorro
5.1
Zorro

Série Paramount+ (2024)

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Oui, l'idée de mettre en scène un Don Diego de la Vega vieillissant devenu alcade de Los Angeles et ayant rangé ses bottes de justicier était bonne car cela permettait de raconter cette histoire sous un autre angle, d'en reprendre les principaux traits tout en rebattant les cartes, après tout Zorro est une mythologie avec laquelle chacun peut composer à condition d'en garder les principales caractéristiques : le costume, le cheval et l'injustice. Le visionnage de ces 6 épisodes n'ont pour l'instant été qu'une longue désillusion, mon état d'esprit vacillant entre l'exaspération et l'ébullition. Attention je spoil !

Quand j'ai entendu qu'une partie du récit allait se porter sur la difficulté du héros d'assumer une double vie, sur la romance entre Gabriella de le Vega - épouse de Diego - et Zorro, j'étais enthousiasmé. La moins bonne partie du Fléau de Capistrano de Johnston McCulley portait sur cette histoire d'amour et de haine de la señorita envers le vengeur masqué d'une part et le bourgeois flâneur d'autre part ; c'était donc un retour au sources. J'ai écrit "la moins bonne partie" car cette romance était des plus laborieuses dans le roman, avant d'être des plus laborieuses dans le film de 1920 et d'offrir tout de même de jolies séquences dans le remake de 1940 signé Rouben Mamoulian, Pardon, j'ai dit "laborieuse" ? Ce n'est rien comparé à cet épisode 4 offrant 40 minutes de profond malaise. Le charme de cette histoire d'amour fondée sur le tiraillement de la demoiselle entre ses désirs profond et ceux de son père est ici transformé en un ennuyeux vaudeville dans lequel le mari est l'amant mais ne semble même pas le savoir.

D'un ennuyeux vaudeville, le récit évolue pour devenir véritablement surréaliste dans l'épisode 5 quand Diego décide de quitter son hacienda pour laisser Zorro et sa femme vivre leur histoire d'amour. Pour rappel, Diego est toujours alcade de Los Angeles, ses obligations devraient l'empêcher quitter la ville. Faire passer le personnage d'un riche oisif à un cinquantenaire plein de responsabilités ne se fait pas avec tant de facilité, je ne peux pas croire à l'histoire qui m'est racontée. En manque d'argent, Zorro accepte de devenir comédien pour le compte de Don Emmanuel et c'est n'est pas une si mauvaise idée, c'est une critique pertinente de la manière dont le capitalisme arrive à engloutir et digérer ses figures de contestation, si seulement l'homme derrière le masque n'était pas la deuxième fortune de la ville. Non, ce Zorro ne peut pas avoir besoin d'agent. Il ne peut pas non plus faire de bains de foule pour des raisons évidentes.

Zorro, comprenant ses erreur se fait alors porté mort. Je ne me suis dit : "Quelle bonne idée, les 3 précédents épisodes semblaient oublier la véritable essence du personnage - justicier à la fois réel et mythologique au service du peuple - le récit fera revenir le personnage plus flamboyant que jamais comme un symbole populaire qui ne peut pas mourir. Le meilleur épisode de la série des années 90 Les Nouvelles Aventures de Zorro avait mis en scène ce moment où le vengeur revient d'entre les morts, faisant comprendre à tous ses ennemis qu'ils ne seraient jamais débarrassés". Qu'avons nous à la place ? Un épisode 6 qui ne mène à rien. Pourquoi Diego prend il le risque de retourner dans le cercueil ? Je ne sais toujours pas, il aurait tout aussi bien pu prendre la décision de laisser Don Emmanuel découvrir un cercueil vide et de ne plus jamais réapparaitre en Zorro, on ne peut pas se permettre de faire un épisode filler dans une série de 8 épisodes.

Dans cet océan de médiocrité surnage un personnage : Le sergent Garcia. Fruit d'une longue mutation qui a duré plus d'un siècle, le sergent d'abord nommé Gonzalès chez McCulley et Fairbanks était un personnage méchant et présomptueux prêt à s'attaquer au moindre indigène pour capturer Zorro ; c'est chez Disney qu'il est devenu le bon sergent Garcia, personnage très intéressant enfermé dans une contradiction qui approfondissait le personnage. En effet, le sergent est un militaire mais surtout un homme du peuple, il se doit d'essayer de capturer Zorro car ce sont les ordres mais il a de la sympathie pour le hors la loi, il sait que ce n'est pas un bandit comme les autres car il se bat contre les injustices, d'où qu'elles viennent. Le sergent est même allé jusqu'à porter le costume noir dans une entreprise qui ne brillait pas par sa finesse. De finesse, le sergent Gadebois n'en manque pas, il est cérébral, il réfléchit, il mène l'enquête, ses conclusions sont bien sûr erronées mais c'est plutôt rafraichissant d'observer que la série parvient à cette unique occasion à offrir des nouveautés pertinentes sur un archétype trimballé de films en séries depuis si longtemps.

Qu'on me comprenne, je suis réceptif à l'humour d'OSS 117, j'apprécie particulièrement Rio ne répond plus et je sais aussi que la série a un but humoristique. Mais OSS 117 est un pastiche des films d'espionnage des années 60 qui repose sur la compréhension et la maitrise de son genre. Si les décors et les costumes de Zorro reproduisent plutôt bien l'ambiances des films et séries précédentes, force est de constater que la série n'a pas les moyens d'offrir des scènes d'actions à la hauteur de celle de 1957, les combats d'escrime sont sur-découpés, il n'y a pas de scène de cavalerie vraiment mémorable, et par ailleurs les scénaristes n'ont même pas été capables d'inventer des raisons d'agir à Zorro. Alors comment remplit-on 8 épisodes de Zorro quand on ne sait pas faire du Zorro ? Eh bien on brade, on y fout des intrigues de chambres, du comique de situation… Le résultat est trop éloigné du matériau original pour être un bon pastiche et trop sérieux pour être une parodie. En somme, c'est une proposition nouvelle à mi-chemin entre la comédie de boulevard et le récit d'aventure, ce n'est pas drôle comme OSS 117, ce n'était pas haletant comme Zorro, c'est boiteux et affligeant.

(A l'heure actuelle 6 épisodes sont disponibles, je mettrai ma critique à jour après avoir vu les 2 derniers épisodes.)

OttoCedille
3
Écrit par

Créée

le 16 sept. 2024

Critique lue 24 fois

OttoCédille

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