Les meilleurs films de 2017 selon Marius Jouanny
36 films
créée il y a presque 8 ans · modifiée il y a presque 2 ansThe Lost City of Z (2017)
2 h 21 min. Sortie : 15 mars 2017. Aventure, Biopic, Drame
Film de James Gray
Marius Jouanny a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
C’est mon premier James Gray, donc je me sens pas d’en faire une critique développée. Il m’en coûte pourtant ! Voilà un réalisateur qui porte sa réflexion jusqu’au bout, fait feu de tout bois et sait proposer un registre métaphorique qui laisse rêveur. C’est précieux pour un cinéma américain qui est trop souvent maladroit, pompeux ou scolaire avec les biopics historiques. Il faut dire qu’ici le sujet est pour le moins attrayant : celui d’un militaire anglais au début du XXème siècle qui laisse sa femme et ses enfants de côtés pour partir cartographier la Bolivie en vue de résoudre un conflit naissant entre ce pays et le Brésil. Le film impose déjà là une posture critique sur les institutions : cet officier voit dans ce dur périple (des mois entiers dans la jungle, quand même) un moyen de laver une réputation entachée par son père.
C’est aussi en quête de gloire qu’il y repart aussitôt revenu, ayant découvert des traces de civilisations en plein milieu de la jungle, bien décidé à découvrir une cité inconnue. Mais c’est surtout une quête d’idéal : l’obsession de croire en une civilisation plus avancée que les Occidentaux, qui pourrait apporter des découvertes de grande envergure. Malgré un soin de rendre l’ambiance sauvage de la jungle sud-américaine et ses peuples primitifs, rappelant par là un certain Herzog et son « Aguirre, la colère de dieu », le film se passe en fait majoritairement en Angleterre, faisant justement de la jungle elle-même un idéal de beauté naturelle peu accessible au spectateur (même si la reconstitution historique de l’Angleterre de l’époque est appréciable). Tout n’est que frustration : lorsque notre explorateur côtoie les serpents et les moustiques, il ne pense qu’à sa famille. Quand il est avec sa famille ou dans les tranchées de 14-18, il ne pense qu’à sa jungle, et ce qu’elle renferme. Le dernier voyage parachève l’aura mystique de l’œuvre, où la quête devient initiatique et affective puisqu’il est cette fois-ci accompagné de son fils. Le grain de la photographie prend alors toute son ampleur graphique dans une scène nocturne à se damner. Avant une dernière scène qui révèle avec panache l’idée sous-jacente du film : nous sommes tous à la recherche d’une cité perdue, mais immatérielle, celle d'une reconnaissance affective inoxydable.
Blade Runner 2049 (2017)
2 h 44 min. Sortie : 4 octobre 2017 (France). Science-fiction, Drame, Policier
Film de Denis Villeneuve
Marius Jouanny a mis 8/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Difficile d’émettre un avis construit tellement la densité du film fait surgir des émotions et des idées différentes. Seulement, Denis Villeneuve et Ridley Scott (il porte le projet depuis 10 ans, ne lui enlevons pas ce mérite) ont réussi le pari de donner une suite légitime, imposante et cohérente plus de trente ans après l’opus original. Puisant aussi bien dans le livre de Philip K. Dick des éléments que le premier Blade Runner a éludé que dans les thèmes chers à Denis Villeneuve (la filiation et la mémoire), cet opus parvient a proposer un contenu original, qui n’est pas simplement une redite ou une variation polie. D’autre part, la forme est émouvante de beauté, tantôt écrasante par des décors diurnes qui contrastent bien avec l’ambiance film noir de l’opus original, tantôt intimiste grâce à des personnages finement développés, qui réinterrogent le thème de l’intelligence artificiel. La démonstration n’est plus celle d’une altérité apparemment désincarnée qui se révèle infiniment humaine, mais d’une autonomisation de l’androïde, qui se réalise par la maîtrise de sa destinée.
Faute d'amour (2017)
Nelyubov
2 h 07 min. Sortie : 20 septembre 2017 (France). Drame
Film de Andreï Zviaguintsev
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
Ce dernier film de Zvyaguinstev dresse un portrait critique de la société moderne ultra-connecté et ultra-individualiste sans tomber dans le procès à charge bête et méchant. Comment s'y prend-il ? En détournant cette problématique par la fugue d'un enfant mal-aimé, dont les parents se préoccupent trop peu. En se focalisant sur le point de vue des parents, le cinéaste prend le risque de perdre en empathie. Mais il reste suffisamment ambivalent sur ce point pour ne pas rendre ses personnages complètement détestable. La scène à la morgue, comme acmé dramatique, achève ainsi un processus douloureux de délitement du couple qui touche juste. Surtout, le film est encadré par quelques scènes de décors extérieurs absolument sublimes, qui viennent alimenter la mélancolie du film, partagée entre quelques moments d'intimité authentiques et émouvants et une réalité désaturée, asphyxiante et accablée d'artifices. Ce genre de contraste n'est certes pas bien original, mais la mise en scène du cinéaste vient donner du relief à la narration pour rendre le drame captivant et déchirant.
Good Time (2017)
1 h 42 min. Sortie : 13 septembre 2017 (France). Policier, Drame, Thriller
Film de Benny Safdie et Josh Safdie
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
Lisez l'interview des Safdie dans les Cahiers du Cinéma, vous en saurez plus sur les deux personnages principaux qu'en voyant le film.
Ce qui n'est finalement pas plus mal, parce que la mise en scène et la direction d'acteurs sont suffisamment chargées de sens pour que les Safdie puissent se permettre d'éluder le background des personnages.
Les plus belles scènes nocturnes de ces dernières années.
I Am Not Your Negro (2016)
1 h 33 min. Sortie : 10 mai 2017 (France). Historique, Société
Documentaire de Raoul Peck
Marius Jouanny a mis 8/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
Coco (2017)
1 h 45 min. Sortie : 29 novembre 2017 (France). Animation, Aventure, Comédie
Long-métrage d'animation de Lee Unkrich et Adrian Molina
Marius Jouanny a mis 8/10.
Annotation :
La réussite d'un Pixar semble tenir à peu de choses, tant certains thèmes abordés par « Coco » (l'enfance et ses conflits familiaux, le désir de s'émanciper en réalisant ses rêves, etc) sont éculés dans le champ du cinéma d'animation. Le génie du studio est toujours de combiner des enjeux prévisibles avec une part d'inattendu qui fait tout le sel du métrage. Ici, c'est le rapport à la mort inspiré de la culture mexicaine, qui est très ingénieusement traité pour un film tout public. Le film ne tombe pas dans la simple représentation d'une vie éternelle après la mort et de son univers fictif car quand les morts sont oubliés par les vivants, ils disparaissent à jamais. C'est ainsi qu'une réflexion sur la mémoire fait une irruption très émouvante et donne une justification puissante aux rituels de deuils mexicains, et au titre du film par la même occasion. Certes, l'univers visuel somptueux et le déroulement narratif du film, s'ils sont encore une fois très riches, n'atteignent pas l'inventivité de chaque instant d'un « Vice-Versa ». Et les scènes chantées sont un peu en deçà de ce qu'on pouvait attendre d'un film sur la culture mexicaine. Mais l'émotion submerge parfois la narration avec le brio des meilleurs films du studio, tout en apportant une réflexion sur la cellule familiale très aboutie, et cela est très précieux.
Loving (2016)
2 h 03 min. Sortie : 15 février 2017 (France). Biopic, Drame
Film de Jeff Nichols
Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Je ne peux m’empêcher de sortir quelque peu déçu de ce « Loving », clairement le plus faible de la filmographie d’un des plus grands cinéastes américains de ces 10 dernières années. Certes, le film remplit parfaitement ses objectifs biographiques et historiques : il est une belle ode au métissage qui pouvait difficilement me laisser indifférent, et retranscrit avec brio le cadre spatio-temporel du Sud des Etats-Unis des années 60, qui nous paraît si lointain tout en étant si proche. Pis, Jeff Nichols prend son temps pour installer une ambiance, un lyrisme qui fait fondre dès les premières secondes, avec cette retenue si caractéristique.
Cependant il construit ses personnages et sa dramaturgie d’un bloc, sans ruptures ni tensions scénaristiques venant quelque peu éroder et sonder la névrose familiale comme il avait pu le faire dans… tous ses autres films. Ici, la menace est uniquement extérieure au couple et à leurs enfants. Le rapport à l’intime et à l’implication émotionnelle s’en trouve alors forcément amoindrie, d’autant plus que le mutisme de l’un comme de l’autre, s’il est bien amené et amène à des scènes très émouvantes, n’exprime pas autre chose que la frustration de ne pas pouvoir vivre où ils veulent à cause d’une justice raciste. Apposer l’adjectif « convenu » à un film de Jeff Nichols serait un comble, et ce n’est pas loin d’être le cas ici tellement son regard bienveillant ne sort pas du cadre. Mais rien que pour cette magnifique scène où l’alter-ego du cinéaste en photographe de « Life », évidemment interprété par le grand Micheal Shannon, passe une soirée auprès de ce couple, les photographiant simplement à faire la vaisselle ou enlacés sur le canapé, on voit bien que Nichols cherche à s’affirmer. Mais la séquence est aussi un aveu qu’il ne se cantonnera qu’à la bienveillance, là où le lâcher-prise qu’opérait chacun de ses précédents films l’amenait vers des thèmes et une dramaturgie plus consistante.
La La Land (2016)
2 h 08 min. Sortie : 25 janvier 2017 (France). Comédie musicale, Comédie dramatique, Romance
Film de Damien Chazelle
Marius Jouanny a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
Psiconautas (2017)
Psiconautas, los niños olvidados
1 h 16 min. Sortie : 24 mai 2017. Animation, Drame, Science-fiction
Long-métrage d'animation de Alberto Vázquez et Pedro Rivero
Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Ce film d'animation espagnol qui a pris deux ans à sortir chez nous est une sacrée bonne surprise. L'univers animalier développé est d'une très grande richesse. Vivant sur une île coupée du monde et ravagée par l'explosion d'une usine chimique, les différents personnages incarnent chacun d'eux un traumatisme infantile qu'ils surmontent chacun à leur manière, certains avec l'espoir de quitter cette île qui semble comme condamnée à la perdition, d'autres en sombrant dans la drogue. Projet que son réalisateur a d'abord publié en bande dessinée puis avec le court-métrage "Birdboy" dispo sur youtube, "Psiconautas" souffre en réalité de sa propre générosité narrative. On comprend tacitement que les ambitions du cinéaste qui signe ici son premier long-métrage pourraient aller beaucoup plus loin. Au point que le projet semble peu adapté au format d'1 heure 15 tellement le potentiel déployé par l'univers pourrait facilement former une série d'animation de plusieurs heures.
Qu'à cela ne tienne, La densité du récit ne fait du coup pas perdre haleine la moindre seconde, sans oublier de ménager des moments plus contemplatifs. La patte graphique est quant à elle délectable, épurée pour mieux proposer des tableaux et des couleurs variés, passant d'un décor de forêt à celui d'une immense décharge de déchets. La violence omniprésente dans le film, ses quelques scènes surnaturelles chargées de symboles, son jusqu'au-boutisme dans l'abordage de thèmes habtiluellement aussi galvaudés que la drogue, les fugues adolescentes ou les catastophes écologiques marquent durablement l'esprit. Dommage que le film soit aussi mal distribué en France : c'est malheureusement le destin des rares films d'animation peu adaptés à un public jeune.
A Beautiful Day (2017)
You Were Never Really Here
1 h 30 min. Sortie : 8 novembre 2017 (France). Drame, Thriller
Film de Lynne Ramsay
Marius Jouanny a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
L'Autre Côté de l'espoir (2017)
Toivon tuolla puolen
1 h 38 min. Sortie : 15 mars 2017 (France). Drame
Film de Aki Kaurismäki
Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
C'est le premier Kaurismäki que je regarde, et il faut bien avouer que sa recette tragi-comique est savamment dosée. Il y a la dérision des frères Coen avec un peu plus de flegme, tout en voulant être au plus proche des réalités sociales. L'humour permet justement de défaire tout misérabilisme et de conférer une identité au film et aux personnages, tous hauts en couleurs et très attachants. Le script n'en finit pas d'étonner jusque dans une fin qui prend parfaitement à contrepied ce qu'on a l'habitude de subir en lourdeurs tragiques. Ici, c'est léger, mais pas moins émouvant et peut-être même d'autant plus.
Detroit (2017)
2 h 23 min. Sortie : 11 octobre 2017 (France). Policier, Drame, Historique
Film de Kathryn Bigelow
Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Kathryn Bigelow nous reviens 4 ans après son brillant « Zero Dark Thirty ». On peut dire que l'attente valait le coup, tant sa mise en scène est toujours aussi bien affûtée au service d'un cinéma politique radical, qui ici vient gratter encore un peu le vernis de l'histoire américaine, en s'attaquant à son plus gros morceau, les conflits avec les minorités afro-américaines. Débutant avec un style docu-fiction très bien rythmé relatant les émeutes à Detroit de 1967 qui n'est pas sans rappeler « I am not your negro » de Raoul Peck. A ceci près que Bigelow s'invite au cœur de l'action et du conflit là où le documentaire sur James Baldwin vaut justement pour sa prise de recul. L'introduction de « Detroit » peut paraître assez longue tant on tarde à rencontrer les personnages principaux, mais elle est nécessaire et installe une tension qui va s’exacerber lorsque le huis-clos insoutenable dans un motel entre trois policiers racistes et des afro-américains débute. Le déroulement est à partir de là assez classique, mais particulièrement bien exécuté.
Difficile de traiter la cinéaste de manichéisme, tant les faits réels qu'elle relate parlent d'eux-mêmes, et ne peuvent laisser aucune circonstance atténuante à ces gros cons violents qui garnissent les rangs de la police américaine jusqu'à aujourd'hui. Surtout Bigelow parvient à varier ses figures morales grâce au personnage du flic noir tentant vainement de calmer le jeu. Que ce soit lui ou la justice d’État, rien ne semble parvenir à gripper l'engrenage de l'injustice et du meurtre arbitraire. Ça choque, ça fout la nausée, mais c'est loin d'être gratuit, tant l’électrochoc est plus que jamais nécessaire sous l’administration Trump. D'autant que la réalisatrice réserve des moments plus légers, qui équilibrent les registres et évitent de faire tomber le métrage dans le pathos ou la surenchère. C'est donc une nouvelle réussite pour un cinéma américain qui semble parvenir à regarder ses démons avec plus de cran et de franchise qu'auparavant. Avec tout cela, il ne faudrait finalement pas oublier que Bigelow, par un montage en dent de scie et une réalisation au style documentaire très élaborée, nous tient en haleine pendant plus de deux heures sans accrocs.
Baby Driver (2017)
1 h 53 min. Sortie : 19 juillet 2017 (France). Action, Thriller, Comédie
Film de Edgar Wright
Marius Jouanny a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
Edgar Wright, petit génie de la mise en scène, propose un nouveau tournant à sa filmographie après la trilogie Cornetto. Et si "Scott Pilgrim" était une sorte de manifeste de la culture geek, ce "Baby Driver" est un manifeste du rythme musical, du cinéma qui se construit comme une partition de musique à l'image des "Affranchis" que le film cite d'ailleurs (ce n'est pas anodin !). Une telle note est peut-être exagérée, on verra comment je l'apprécie dans quelques mois, mais sur le coup c'était une grosse claque formelle. En reprenant la gimmick du film-jukebox, où rien ne peut-être exprimé sans musique, Wright réinvente et défriche le cinéma d'action tout en étant parfaitement cohérent avec son récit dont la romance m'a ainsi entièrement conquis. Alors qu'avec du recul c'est le même scénario que "Drive", en forçant un peu le trait. Le tour de force n'en est que plus grand, bien que ce soit aussi la limite du film.
Nocturnal Animals (2016)
1 h 56 min. Sortie : 4 janvier 2017 (France). Drame, Thriller
Film de Tom Ford
Marius Jouanny a mis 7/10.
Annotation :
La mise en abyme que propose le film est très pertinente, tant elle parvient bien à faire écho à la mélancolie et l'amertume qui définit la relation des deux personnages principaux. Certes, tout cela est empreint d'un désespoir presque fataliste : il faut voir comment le film détermine le personnage d'Amy Adams à ressembler à sa mère, contre son propre gré. Mais finalement, la noirceur sans concession est tellement rare dans le cinéma américain qu'elle est ici salutaire.
Logan (2017)
2 h 15 min. Sortie : 1 mars 2017. Action, Science-fiction, Aventure
Film de James Mangold
Marius Jouanny a mis 7/10.
Annotation :
Évacuons immédiatement les limites de l'oeuvre : oui, cela reste un film d'action aux scènes de tueries tombant largement dans la surenchère, oui le scénario n'a rien de bien original avec ses méchants-très-méchants et la parenté avec Mad Max : Fury Road est parfois sacrément gênante. Mais pourquoi diable cela fonctionne-il aussi bien ?
Il y a comme un parfum iconoclaste et crépusculaire si rarement réussi dans un blockbuster qui est d'abord absolument délectable. Le personnage principal n'est pas seulement l'archétype du gars usé par la vie, il est une boule de souffrance en perdition, dont le revirement de position pour affirmer le peu d'humanité qui lui reste n'est d'ailleurs pas emballé en deux minutes comme c'est le cas d'habitude pour cet archétype. Dès lors, son lien avec la jeune mutante peut avec de telles prémisses se travailler en profondeur et apporter une réelle émotion. Et ce qui finit par conquérir complètement avec ce film, c'est la radicalité de sa proposition qui dépasse la posture iconoclaste pour saisir la portée politique des X-Men (la scène en found-footage est très réussie à ce niveau) tout en restant avant tout un film très intime.
Quelques minutes après minuit (2016)
A Monster Calls
1 h 48 min. Sortie : 4 janvier 2017 (France). Drame, Fantastique
Film de J. A. Bayona
Marius Jouanny a mis 7/10.
Annotation :
Je m'attendais à un film visuellement somptueux mais aux thématiques traitées de manière assez classique. Finalement, si l'aspect esthétique du film est réussi (bien qu'on retienne surtout les scènes où le merveilleux fait irruption) c'est surtout la manière dont il traite la thématique du deuil qui est marquante. Même s'il s'adresse
en partie aux enfants/pré-ados, le film est peu édulcoré et se paye même le luxe de réfléchir de manière plutôt approfondie sur la question de la vérité. En cela, les histoires que racontent l'If ont des vertus démonstratives moins lourdingues que celles d'un conte comme celui du Noël de Scrooge. Et elles le sont surtout d'autant moins lorsqu'elles aboutissent à un exorcisme de la honte et la culpabilité du personnage qui est d'une intelligence terriblement précieux pour ce type de cinéma. Alors certes, le traitement reste classique et parfois un peu tire-larme, certes il enfonce quelques portes ouvertes, mais rien ne vient véritablement parasiter cette évolution narrative qui m'a très agréablement surpris.
The First Lap (2017)
Chohaeng
1 h 40 min. Sortie : 7 décembre 2017 (Corée du Sud). Drame
Film de Kim Dae-Hwan
Marius Jouanny a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
Barry Seal : American Traffic (2017)
American Made
1 h 55 min. Sortie : 13 septembre 2017 (France). Action, Biopic, Comédie
Film de Doug Liman
Marius Jouanny a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique
The Seeds of Violence (2017)
Pokryeokui Ssiat
1 h 22 min. Sortie : 2 novembre 2017 (Corée du Sud). Drame
Film de Lim Tae-Gue
Marius Jouanny a mis 7/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
A Ghost Story (2017)
1 h 32 min. Sortie : 20 décembre 2017 (France). Drame, Fantastique, Romance
Film de David Lowery
Marius Jouanny a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
On pourrait longuement vanter l'originalité d'un tel détournement des films de fantômes (ici, point de ressorts horrifiques, mais plutôt dramatiques) où le fantôme d'un homme vient observer la vie et le deuil de sa conjointe dans leur maison. On pourra soutenir ou rejeter le traitement formel étonnant pour du cinéma américain, même indépendant, où de longs plans fixes (jusqu'à quatre minutes) viennent appesantir la narration du film pour signifier le temps qui passe et la difficulté de se relever de la mort d'un proche. Pour ma part, j'ai pu adhérer à l'expérience même s'il m'aurait fallu plus de beauté visuelle pour mieux apprécier ces longues séquences (mais tout le monde n'est pas Tarkovski) ce qui ne fut pas le cas de presque dix personnes qui sont parties durant la séance. Mais finalement, c'est surtout la tournure du film qui m'a laissé circonspect, qui quitte la relation de couple paradoxale puisque le conjoint est mort et ne peut pas être vu de sa conjointe pour d'autres problématiques indirectement liées. Cette boucle temporelle qu'opère le film est assez fascinante, mais lieu de nombreuses digressions, qui donne un certain goût d’inachèvement, sans pour autant gâcher les bonnes idées du film.
120 battements par minute (2017)
2 h 23 min. Sortie : 23 août 2017. Drame
Film de Robin Campillo
Marius Jouanny a mis 6/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.
Annotation :
L'intérêt du film repose sur l'équilibre salvateur entre ses deux dynamiques narratives : celle, individuelle, d'un couple homosexuel dont l'un est touché par le sida et celle, collective, de l'affirmation progressive du mouvement Act Up Paris. Campillo évite astucieusement beaucoup des poncifs de ce genre de film, il ne relate par exemple pas les plus grands coups médiatiques d'Act Up, se concentrant plutôt sur les débats et problématiques internes, par les scènes régulières d'AG hebdomadaire du mouvement. Cette partie-là du film, aux accents documentaire, pose une réflexion bien construite sur la capacité d'un mouvement politique à dépasser ses propres limites et à instaurer un microcosme démocratique efficace, tout en rappelant la cause défendue : combattre les lobbys pharmaceutiques et l'Etat qui laissent mourir des centaines de personnes dans une indifférence polie.
L'autre partie plus intimiste, concentrée sur les effets et les souffrances de la maladie, mais aussi sur une histoire d'amour crédible (avec des scènes de sexe remarquables d'émotion) se greffe au reste sans que cela paraisse trop hétérogène. Le cinéaste a notamment recours à des effets de style plutôt réussis qui lient les deux parties du film, symbolisant la maladie qui contamine le corps cellule après cellule. Mes légères réticences premières sont donc bien démenties, même s'il y a dans la narration et la bande-son des mimiques typiques du cinéma français qui systématise trop le déroulement du film. D'autant que les dernières scènes alourdissent quelque peu la dramaturgie en dénotant du reste du film. Mais on ne peut enlever au métrage le mérite d'être à la fois un bon film politique et un drame parfois déchirant.
Wind River (2017)
1 h 50 min. Sortie : 30 août 2017 (France). Thriller, Drame, Policier
Film de Taylor Sheridan
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Difficile d'émettre un avis sur ce film, tellement la résolution narrative impose une rupture nette, inattendue, violente autant dans sa forme que dans son fond. On comprend en quoi elle sert le propos du film, qui tend à éveiller les consciences à coups d'électrochocs en donnant une voix aux amérindiens oubliés et toujours parqués dans des réserves au fin fond des contrées froides d'Amérique. Tye Sheridan propose la même démarche que "Comancheria" dont il a signé le scénario, celle de dénoncer le mépris des Etats-Unis pour la misère de ses milieux ruraux. Cette fois-ci réalisateur, il propose une forme très intéressante, qui met en valeur le territoire naturel baigné de lumière enneigée. Les personnages sont habilement esquissés en début de métrage, mais au lieu de donner une consistance à cette esquisse, il consacre la dernière partie de son métrage à l'irruption d'une violence inouïe, comme j'en ai rarement vu au cinéma. Bien qu'elle ne soit pas gratuite, son jusqu'au-boutisme interroge au point de remettre en cause sa pertinence. Autant dire que le mysticisme chamanique introduit dans la bande-son et certains passages est complétement castré par cette douloureuse résolution, sans qu'on puisse totalement le déplorer.
Moonlight (2016)
1 h 50 min. Sortie : 1 février 2017 (France). Drame
Film de Barry Jenkins
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Il faut d’abord remarquer que « Moonlight » fraîchement oscarisé ne tombe pas dans les travers habituels des productions de drames holywoodiens. Pas de prise d’otage larmoyante, pas de surenchère dans le misérabilisme mais une pudeur bienvenue et un traitement de l’homosexualité sensible et pertinent. Cependant le film tombe dans d’autres écueils : celui tout d’abord de proposer une forme ampoulée d’artifices peu audacieux et plus ou moins gênants comme les nombreux ralentis, les fausse caméras à l’épaule et une bande-son générique. Certes, l’exercice contemplatif fait souvent mouche, et le récit sait prendre son temps là où il faut pour amener l’émotion, ce qui est déjà appréciable, et amène à une vision de l’affect et du sentiment amoureux qui se conclue avec beaucoup de douceur. Il s’en dégage une sensation d’inachevé qui n’est pas désagréable mais qui est finalement le symptôme d’un autre problème, celui de la narration. En découpant le récit en trois époques un peu (de loin) à la manière du « Steve Jobs » de Danny Boyle, Barry Jenkins propose un déroulement systématique qui laisse sur sa faim concernant le développement des personnages secondaires et même l’évolution du personnage principale qui manque de fluidité. Une telle démarche permet de beaucoup s’appuyer sur les non-dits et sur la suggestion, ce qui est pertinent pour cerner un personnage mutique et mal dans sa peau, mais la distanciation opérée ainsi avec le spectateur fait perdre au film sa force émotionnelle, qu’il ne retrouve que trop brièvement dans ses dernières scènes.
It Comes at Night (2017)
1 h 37 min. Sortie : 21 juin 2017 (France). Épouvante-Horreur, Thriller
Film de Trey Edward Shults
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Il faut préciser que je n'ai pas vu le film dans les meilleures conditions (écran d'ordi) mais j'ai tout de même pu apprécier ce film post-apocalyptique peu commun. Jouant la carte de l'épure narrative, il nous plonge dans un huis-clos familial éprouvant. Le plus étonnant reste finalement que, loin de chercher un antagoniste horrifique comme le film le laisse entendre, c'est par le pur onirisme que la réalisation entend effrayer le spectateur, et cela fonctionne plutôt bien. Pour pleinement aboutir la proposition, il aurait fallu s'écarter plus encore de l'esthétique horrifique habituelle et surtout étoffer les personnages, qui restent à l'état d'archétype.
The Square (2017)
2 h 22 min. Sortie : 18 octobre 2017 (France). Comédie dramatique
Film de Ruben Östlund
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Finalement, « The Square » est assez loin des préjugés que je pouvais me faire sur son pseudo-intellectualisme, tant il s'avère avant tout une comédie grinçante très efficace sur le milieu artistique et bourgeois de Suède. De très nombreuses situations narratives tournent en ridicule leurs codes sociaux avec un humour parfois proche du burlesque, qui prend parfois une tournure plus glaçante et dramatique (comme pour la scène qui donne sa couverture au film, très mal insérée au reste du métrage par ailleurs). Les médias, le milieu artistique et les réseaux sociaux en prennent sacrément pour leur grade. Le souci relatif, c'est que le personnage principal est profondément antipathique pendant la majeure partie du film, tellement il se complaît dans sa médiocrité. Le métrage se rattrape néanmoins dans la dernière partie en montrant que la maladresse du personnage ne l'empêche d'exercer une certaine auto-critique. Ce retournement de registre est représentatif de la vision de l'art contemporain transmise par le film, qui dénonce sa marchandisation tout en ne discréditant pas totalement les créations (finalement, l'aperçu qu'on a de l'exposition The Square donne plutôt envie de s'y rendre). L'opposition entre bourgeoisie faussement altruiste et pauvreté extrême d'une partie de la population, si elle est un peu trop systématiquement assénée, trouve elle aussi son revers salvateur avec la relation pathétique entre notre conservateur de musée et un garçon de banlieue révolté.
Dunkerque (2017)
Dunkirk
1 h 46 min. Sortie : 19 juillet 2017. Action, Drame, Guerre
Film de Christopher Nolan
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Le nouveau Nolan est arrivé : l'occasion d'incessantes joutes entre les fanatiques et les détracteurs de son cinéma. Si bon nombre de critiques lui crachent dessus par principe, il faut tout de même avouer qu'en qualifiant son nouveau métrage "Dunkerque" de "film expérimental", le bougre donne le bâton pour se faire battre. On ne peut pas nier que sa démarche de mêler les destins individuels en symbiose pour exprimer le mouvement collectif de l'évacuation en catimini des 400 000 hommes par la Manche est assez remarquable, grâce à un montage ciselé, qui déroule les événements par échos de points de vue différents... Pas de quoi cependant y voir l'audace expérimentale d'un Gus Van Sant qui proposait une forme bien plus radicale avec "Elephant". La tension ne se relâche pourtant jamais, appuyée par une bande-son et des ressorts narratifs ne laissant aucun répit.
Sauf que le mécanisme se prend à son propre jeu : en systématisant les retournements de situation et les scènes laissés en suspens, il confère une artificialité à sa narration qui laisse trop apparents les rouages du spectacle. Il y a de nombreux moments de bravoure filmiques dans ce film, qui fiche la peur au ventre comme si on était réellement sur le point de se faire canarder par les avions allemands sur cette maudite jetée. L'idéalisme dans la tourmente qui transparaît du film est par ailleurs suffisamment nuancé (contre toute attente, un aviateur échoue à sauver un navire d'évacuation d'un bombardier ennemi) pour se démarquer des autres productions du genre. Néanmoins Nolan ne réinvente pas le film de guerre comme il l'avait fait pour les films de super-héros avec "The Dark Knight" et le thriller avec "Memento" et "Inception". Il produit un paroxysme continue qui ne s’essouffle pas mais, notamment à cause d'une quasi-absence d'écriture des personnages, manque d'un supplément d'âme.
Ça (2017)
It
2 h 15 min. Sortie : 20 septembre 2017 (France). Drame, Fantastique, Épouvante-Horreur
Film de Andy Muschietti
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Tout le problème de « It » est de ne pas parvenir à trancher entre film d'horreur sur l'enfance comme peut l'être « Poltergeist » et conte horrifique comme peut l'être « Le Labyrinthe de Pan ». M'est avis qu'il avait le plus de potentiel en conte horrifique : les scènes d'horreurs sont en effet beaucoup trop nombreuses et répétitives (deux d'affilées aux 2/3 du film, c'était vraiment dispensable) alors qu'il suffisait de garder les plus marquantes et originales (et il y en a!) pour mieux se concentrer sur le registre du conte et sur le développement des personnages. En l'état, c'est déjà très satisfaisant tant le métrage aborde des thèmes très difficiles à traiter (le harcèlement scolaire, la violence familial, le deuil) avec une maturité exemplaire et un ton ambiguë à souhait, où le fil conducteur est une enquête qui lie les différents personnages de la même manière que dans « Super 8 » ou « Les Goonies ». Surtout, l'esthétique du film parvient à matérialiser avec grande pertinence les angoisses enfantines, notamment dans la dernière partie où certaines images marquent la rétine et rendent la conclusion plutôt émouvante. Le soufflet pourrait donc tout aussi bien retomber ou prendre son envol dans la suite prévue où les personnages seront devenus adultes, car une grande partie de son aura est justement de traiter avec justesse le thème de l'enfance.
Les Proies (2017)
The Beguiled
1 h 33 min. Sortie : 23 août 2017 (France). Drame, Thriller, Historique
Film de Sofia Coppola
Marius Jouanny a mis 6/10 et a écrit une critique.
Annotation :
Voir critique.
Le Jeune Karl Marx (2017)
1 h 58 min. Sortie : 27 septembre 2017. Drame, Historique, Biopic
Film de Raoul Peck
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Février.
Tout comme pour son documentaire sur James Bladwin, Raoul Peck valorise l'intelligence d'une pensée en s’éclipsant derrière elle, tout en faisant preuve d'une grande intelligence cinématographique. Dans l'un comme dans l'autre, il parvient à saisir les enjeux et l'essentiel de la pensée des auteurs sans la trahir. Mais l'opus sur Marx s'avère bien plus classique tant il reprend la narration et l'esthétique du biopic. Sa grande originalité est de traiter de la vie d'un penseur tellement important qu'on se demande encore pourquoi ça n'a pas été fait avant. Son grand défaut est d'adopter le seul point de vue de Marx, préférant par exemple un regard dogmatique sur sa querelle avec Proudhon qu'une véritable confrontation dialectique. Vous me direz que le format (un biopic de 2 heures) n'aurait pas permis d'aller beaucoup plus loin, et c'est certainement vrai. Il n'empêche, cela reste un poil trop scolaire à mon goût.
Le Concours (2017)
1 h 59 min. Sortie : 8 février 2017.
Documentaire de Claire Simon
Marius Jouanny a mis 6/10.
Annotation :
Les choix artistiques de Claire Simon sont louables : faire une introspection totale, au plus près du déroulement de chaque épreuve de la Fémis, sans contextualisation artificielle (voix-off ou interview). Ainsi, l'identification successive aux candidats comme au jury est constante, renforcée par des choix de montages très efficaces et une attention portée aux détails (s'attarder sur les mains d'un candidat pendant un oral, par exemple). C'est instructif sur les critères de sélection d'une école de cinéma, mais on peut tout aussi bien extrapoler à n'importe quel processus de sélection sur concours. Il y a une curiosité jouissive dans le regard de Simon, qui parvient avec un dispositif formel très simple à captiver pendant deux heures, laissant ébloui face à l'originalité de certains candidats, et amusé de la fébrilité visible de certains autres. Il y a l'idée de réunir en un même endroit des personnalités et des passionnés de tout horizon : c'est avant tout un film sur l'ardeur amoureuse pour le cinéma, et c'est finalement le principal critère de sélection.