Le geste comme horizon narratif
La cellule familiale est singulièrement traitée par Kim Daehwan dans « The First Lap ». Le postulat narratif initial est pourtant au cœur des problématiques habituelles sur la...
le 1 nov. 2017
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La cellule familiale est singulièrement traitée par Kim Daehwan dans « The First Lap ». Le postulat narratif initial est pourtant au cœur des problématiques habituelles sur la famille : un couple de trentenaire est confronté aux responsabilités financières et aux pressions parentales à propos du mariage et des enfants. Un postulat qu'on pourrait a priori coller à n'importe quelle génération, dans n'importe quelle partie du monde. La spécificité de celle décrite par le cinéaste apparaît néanmoins rapidement : cette attitude dilettante, cette dérision perpétuelle, difficile de croire qu'elle caractérisait les parents de ce couple, de la mère qui « voudrait pouvoir se vanter » du mariage de sa fille, au père alcoolique qui clôt le repas par quelques remarques criées à son fils. Le déroulement narratif peut ainsi paraître très systématique, puisqu'il est rythmé par deux repas de famille plutôt houleux, d'autant que le montage des plans tous caméra à l'épaule impose un temporalité pensante.
Tout l'intérêt réside en fait dans la manière dont le cinéaste s'appuie sur les détails du quotidien et sur la gestuelle de ses deux acteurs principaux pour donner une consistance au métrage. Des dires de l'actrice principale qui est brièvement intervenue en fin de séance, Kim Daehwan avait écrit un script pour chacun des deux acteurs, mais les a retiré pour le tournage, les laissant démunis face à la caméra. Cette grande part laissée à l'improvisation fait apparaître tout un répertoire de signes, de gestes. Ils nous en apprennent autant sur les pratiques de la culture coréenne (on en sort avec une folle envie de se jeter sur la cuisine coréenne) que sur la manière de vivre d'un couple qui se laisse doucement porté par le courant, quitte à redémarrer le dialogue avec difficulté lorsqu'il est nécessaire. Le réalisateur trouve ainsi un credo original et unique pour narrer un récit d'une banalité confondante. D'autant que l'évolution mentale des personnages est bien là, magnifiquement symbolisée par la dernière séquence : ils finissent par accepter la vie telle qu'elle est, sans direction prédéfinie, embrumée de toute part, mais laissant une part de réjouissance radicalement spontanée.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ces perles méconnues..., Journal d'un cinéphile : année 2017, Les meilleurs films de 2017 et Festival du film Coréen 2017 : Journal d'un membre du jury du prix senscritique
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le 1 nov. 2017
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