Cinq ans d'attente, cinq ans de doutes et d'épuisement pour Justin Vernon, qui n'a pas arrêté et qui a finalement réussi à accoucher dans la douleur d'un disque mystique et ambitieux. Comme dans For Emma, forever ago, nous sommes invités à entrer en communion avec les prières d'un homme.
Les collaborations avec James Blake ont laissé de belle traces et la production du disque s'en ressent tout le long. Comme Radiohead à la sortie de Kid A, Vernon n'a pas hésité à être radicalement lui-même, à expérimenter comme bon lui semblait, à l'aide de son synthétiseur sampler fétiche. Grand bien lui en a pris, le résultat est déroutant et jouissif. On retrouve notre géant aux pieds d'argile, qui mélange au gré de ses envies, la folk, le jazz et l'électronique. On se dit qu'on écoute parfois un disque de Gospel, d'une modernité ahurissante.
Le plus dur est peut-être sur les premières écoutes d'oublier le folkeux au cœur brisé, retiré du monde qui nous avait tant ému. En toute résilience, on se plaira à explorer ce nouveau monde, si intriguant, à partager les expériences singulières d'un homme, qui nous livre ses prières comme autant d'invitations à retrouver notre paix intérieure. Et pendant quelques instants, il ne nous reste plus qu'à apprécier, la douceur délivrée par ce dernier hymne, en guise d'au revoir.
Bon Iver réussit ici la boucle parfaite, nous livre son travail le plus intéressant à ce jour et assurément un des grands disques de l'année.