★
7.6

Album de David Bowie (2016)

Le vol du moustique au fond de la nuit

"Blackstar" est un morceau étonnant. Un peu rébarbatif au premier abord (les "ah-aah ah-aaah" maniérés). Puis on réécoute. Et on finit par se rendre compte qu'on a encore envie de l'écouter. Et encore. Comme à l'époque des albums aux sonorités froides de "Heroes" et Lodger qui ne se laissaient pas apprivoiser facilement. On pense aussi aux bidouillages sonores de Radiohead (Kid A) avec en plus des ambiances venues de 1.Outside. Ça démarre donc très bien.
Ensuite il y a le remake de " 'Tis a Pity She Was a Whore", bonne chanson à l'origine, aux sonorités étranges (voix trafiquée, sons indus - l'intro évoquait celle de "Terrible Lie" de NIN) qui commence aussi très bien dans cette version 2015. Malheureusement il y a un saxophoniste qui vient souffler dans son bidule de façon un peu trop enthousiaste et insistante et qui gâche tout, tellement c'en est saoulant. Bowie aurait dû conserver la version originale.
Après on enchaîne avec la peu convaincante "Lazarus" qui débute au son d'une guitare sèche évoquant celle du Cure de 1989. Bof. La chanson n'est pas mal (la scansion de guitare électrique un peu étouffée donne une couleur très agréable au morceau) jusqu'au pont/refrain où on a un peu la sensation que ça détone entre la voix et l'accompagnement (ce qui n'est pourtant pas le cas). Et puis le saxophoniste nous refait le coup du solo pseudo improvisé qui ne ressemble à rien et qui soûle toujours autant.
"Sue (or In a Season of Crime)" était déjà à la base une chanson infecte et snob qui faisait apprécier le silence à sa juste valeur. Un remake ne pouvait être que meilleur. Malheureusement, à l'écoute des deux titres précédents, on se doute bien que l'insupportable délire free jazz d'origine ne sera pas complètement effacé. Et c'est le cas. Ça reste chiant, mais toutefois pas autant qu'en 2014.
"Girl Loves me" renoue avec l'ambiance d'étrangeté qui caractérisait "Blackstar" et c'est très bien. On notera toutefois l'absence totale de délire saxophonique.
Ce qui n'est malheureusement pas le cas dans "Dollar Days". Et c'est d'autant plus dommage que la chanson commençait bien. Au lieu de ça, ce foutu saxophoniste revient nous faire un de ses délires pénibles qui irrite autant que le moustique qui vient s'agiter la nuit au-dessus de nos têtes.
"I Can't Give Everything Away", par son rythme, par la manière de chanter de Bowie, par l'inévitable saxophoniste qui est bien évidemment encore là et par le solo de guitare brouillon qui fait immanquablement penser à Reeves Gabrels, évoque un inédit médiocre de Black Tie/White Noise.


★ est donc une énorme déception.
Bien sûr, l'album est vanté partout dans la presse, comme d'habitude dès que Bowie sort quelque chose désormais, mais cette unanimité bobo est franchement malhonnête. Alors j'entends d'ici des tas de gens-qui-savent me dire que ce n'est pas de la musique accessible à tous, qu'il faut avoir une certaine ouverture d'esprit pour écouter ce genre de choses, que c'est expérimental et sans concession (comme d'hab') ou encore que je ne comprends pas ce type de musique (genre "t'es trop con pour apprécier, retourne écouter Let's Dance !") et patati et patala. Je signalerais juste à ces éventuels qu'à côté de ça je sais apprécier Frank Zappa, Captain Beefheart et les Residents (dans le genre musique difficile d'accès, c'est pas rien). Et concernant Bowie que j'écoute depuis que j'ai 10 ans (j'en ai 43 actuellement), je préfère largement des "difficiles" Outside et Lodger à des "faciles" Ziggy Stardust ou Hunky Dory.


Au final, en dehors du morceau éponyme et de "Girl Loves me", ★ est saoulant et pénible. Il y a pourtant plein de bonnes idées, mais celles-ci sont systématiquement ruinées par cet insupportable saxophoniste qui vient nous vriller la tête avec ses arabesques stridentes. Ça doit bien évidemment faire planer les bobos et les amateurs de free jazz new-yorkais, mais pas moi. A la découverte de "Blackstar" en novembre dernier, je m'attendais à écouter aujourd'hui un album qui fasse oublier l'ennuyeuse banalité de The Next Day. Eh bien même pas.

Muffinman
4
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le 8 janv. 2016

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Muffinman

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