David Bowie n'a pas manqué sa sortie. Deux jours après son 69ème anniversaire et la sortie de son dernier album, le dandy du rock, éternel mutant artistique capable de toujours se ré inventer s'en est allé...en laissant beaucoup d'entre nous orphelins. Bowie, c'est mon plus gros choc culturel depuis mon adolescence, j'ai une admiration sans limite pour le personnage, ses avatars borderlines, son sens de l'esthétique, de la provocation et son intelligence. Je pensais qu'en dépit d'une vie bien remplie et des excès qui vont avec, il s'en était sorti et qu'il serait parmi nous encore pour longtemps, à une place différente certes...Je m'étais bien trompé et c'est aujourd'hui son absence définitive qui me fait prendre conscience du vide laissé et de ce sentiment de perte en ré écoutant l'ensemble de son oeuvre avec autant d'enthousiasme (mélangé dorénavant à une infinie tristesse) que lors de mon adolescence.
"la disparition de David Bowie, c'est comme perdre un ami précieux
que l'on a jamais rencontré..."
Blackstar to Major Tom
Son dernier album compte 7 morceaux, construit sur un format semblable à Station to station. L'artiste s'est fait accompagner pour l'enregistrement de ce dernier album par un orchestre de jazz. L'album mélange habilement des sonorités jazzy mais fait également écho à certaines périodes de sa carrière comme des sonorités sombres de Outside ou de la trilogie berlinoise.
L'album commence avec Blackstar, morceau fleuve à tiroirs de près de 10 minutes (aussi long que Station to station même si la comparaison s'arrête là) sur lequel l'artiste mélange sonorités orientales et contemporaines. Les lyrics du morceau sont très sombres, prémonitoires et menaçantes (références dans les textes à Daesh, les images de crucifixion du clip Blackstar me font penser aux films Children of the corn") alors qu'aujourd'hui toutes les théories fleurissent sur le sens caché de ces paroles. Puis vient son single Lazarus, assez sombre et jazzy, Sue et ses percussions superposées. L'album se poursuit notamment avec l'intéressant Girl loves me et le très bon Dollar day. Enfin, Bowie termine très bien son album avec I can't give everything away où se télescopent ses influences actuelles et des réminiscences de sa période berlinoise (le saxophone d' "A new carreer in a new town" de Low ou des accords de guitare qui font penser au jeu de Robert Fripp..). L'ensemble de l'album est indiscutablement crépusculaire rappelant au passage certaines compositions de David Sylvian. L'album fait la part belle au saxophone (tout particulièrement sur le titre Tis' a pity she was a whore) et est très travaillé.
En tout état de cause, j'ai été interpellé comme beaucoup par les clips de Blackstar et de Lazarus , leur aspect prémonitoire et morbide mettant en scène un artiste miné par la maladie nous accordant son dernier chant du cygne....
Passionné d'occultisme et des travaux d'Aleister Crowley, David Bowie sera décidément resté cérébral et mystérieux jusqu'au bout.
Comme le déclarait récemment Tony Visconti qui a produit plus de 10 de ses albums, David Bowie a toujours suivi son inspiration davantage que les goûts de son public, Blackstar constitue une ultime confirmation de cette affirmation.
J'avais écouté l'album vendredi 8 janvier 2016, assez distraitement je dois le reconnaitre. Je dois aussi avouer que je n'étais pas du tout dans les mêmes dispositions d'esprit lors de cette nouvelle écoute le 11 janvier 2016 au soir (et des nombreuses qui ont suivi depuis...), après l'annonce de sa disparition. Les circonstances de la sortie de "Blackstar" m'ont rendu beaucoup plus attentif à ses qualités artistiques et de composition: l'artiste avait encore beaucoup de choses à raconter...
Chapeau bas l'artiste et merci.... tu vas beaucoup me manquer même
si je sais que je ne suis pas le seul!
Blackstar audioBlackstar
videoLazarus video
Ma note: 7/10