Animal
3.6
Animal

Album de Shining (2018)

Nickelback viennent d'appeler, ils veulent qu'on leur rende leurs riffs

Nan nan nan nan nanananananan les mecs qu’est-ce qui s’est passé là sérieusement ? Vous avez mangé trop de guimauve ou quoi ?


Franchement, on vous a connu, vous étiez des grands pontes incontournables de la scène metal ET de la scène jazz, le blackjazz étant l’un des mariages les plus improbables mais pourtant les plus énergiques, planants, destructeurs et j’en passe des adjectifs les plus dithyrambiques pour vous qualifier, vous avez passé 18 ans à vous forger un parcours hors norme et du commun, tout ça pour en arriver à ÇA ?
À titre de rappel, Shining est probablement l’un des groupes les plus originaux des deux dernières décennies, passés du free jazz au prog pour en arriver au jazz black metal, avec une discographie au beau fixe à chaque nouvelle sortie, confirmant toujours plus son statut de groupe majeur. Eh bien, quid de leur état aujourd’hui ?



  • Les chants gutturaux explosifs ? Bye-bye.

  • Le jazz anarchico-chaotique ? Tintin.

  • Tout le toutim extrême ? Gone.

  • Le metal prog ? Désolé.

  • Le saxophone méga-burné ? PARTI AUSSI PUTAIN !


Ces 18 ans de musique extrêmes n’auront été qu’un prétexte à Shining pour devenir un groupe… « commercial » ? D’ordinaire je ne supporte pas ce mot mais là franchement, c’est tout ce qui me vient à l’esprit, quand tout ce qui faisait le sel d’un groupe expérimental passe aux oubliettes pour ne plus donner que ça.


Donc voilà, Animal c’est un truc mou, fade, ultra-formaté, qui sent le matériau de récup à quinze octaves à la ronde, du rythme au chant emo éraillé jusqu’à la racine des yeux, qui fait mal à la tête et pour lequel tu ne bats du pied que par pitié… De loin on perçoit quelques pauvres notes de synthé pop nul, des rythmiques vues et revues, rien de quoi rehausser le niveau ou ne rappelant le bon vieux blackjazz des familles… On croirait entendre un mashup désespéré de Nickelback et Methods of Mayhem, pas les meilleures des références donc...


Donc que peut-il éventuellement rester de l’ancien Shining, celui du blackjazz démentiel ? Éventuellement quelques mélodies à la consonnance légèrement indus et une ou deux lignes du chant de Munkeby les rares fois où il finit par se rendre compte qu’il s’est trompé de groupe pour faire cette gerbe, mais ça ne suffit vraiment par à sauver tout un album de 35 minutes.
Un morceau à sauver éventuellement dans ce fourbi dégoulinant de metal à la guimauve ? « My Church » peut-être, dont le refrain repose sur un crescendo éloquent, « Take Me » et « Animal » en prime s’il ne fallait en garder que trois, pour leur lointaine filiation avec le Shining d’antan, mais tout le reste, la décharge du black et de la musique indus, même pas du jazz puisqu’il n’y en a plus…


Alors oui, un mauvais album dans une discographie immaculée ça arrive parfois, c’est normal qu’un groupe s’égare de temps en temps, mais vu que cet album été annoncé comme un « tournant radical » dans la musique de Shining… Franchement, il y a de quoi avoir peur…

Aldorus
2
Écrit par

Créée

le 25 oct. 2018

Critique lue 156 fois

1 j'aime

3 commentaires

Critique lue 156 fois

1
3

D'autres avis sur Animal

Animal
Margoth
4

Déception animale

[...] Les Scandinaves se sont donc totalement métamorphosés sur Animal. Et nul doute que de la même manière, on sentira une mutation significative du côté de son public. Exit jazz et saxo, place aux...

le 14 déc. 2018

2 j'aime

Animal
Aldorus
2

Nickelback viennent d'appeler, ils veulent qu'on leur rende leurs riffs

Nan nan nan nan nanananananan les mecs qu’est-ce qui s’est passé là sérieusement ? Vous avez mangé trop de guimauve ou quoi ? Franchement, on vous a connu, vous étiez des grands pontes...

le 25 oct. 2018

1 j'aime

3

Animal
Necromerguez
2

Shining Gun Kelly

Bon à la base j'avais pas nécessairement l'intention de faire une critique de cet album que j'avais aussitôt oublié après écoute, mais leur dernier single m'a fait rappeler que cet "oeuvre"...

le 27 janv. 2022

Du même critique

Madame Bovary
Aldorus
4

Emma la femme de mauvaise vie

Non non et non, rien à dire sur un style d’une perfection sans faille (j’aime les pléonasmes) dont on nous a rebattu les oreilles jusqu’à épuisement en classe de Terminale. Rien à dire sur le...

le 12 août 2016

18 j'aime

11

proanomie
Aldorus
5

L'indestructible

Et si, dans un genre lui-même terré au fin fond des abysses de la musique, existait encore un sous-genre si obscur que même les fonds marins n’auraient rien à lui envier en termes d’underground...

le 17 janv. 2018

11 j'aime

Cro Man
Aldorus
4

Décevant, y a pas foot-o

Pour peu qu’on soit un tantinet afficionado de Wallace & Gromit c’est toujours avec plaisir que l’on s’introduit dans une salle projetant le dernier des studios Aardman. En termes de créativité...

le 8 févr. 2018

11 j'aime

1