Après l’excellent Tygers Of Pan Tang sorti en 2016, Ritual est attendu d’oreille ferme par les fans du groupe (dont je fais partie depuis la sortie de Wild Cat, autant dire des lustres). Il faut dire que Tygers of Pan Tang revient de loin, et a bien failli disparaître. Heureusement, depuis l’arrivée de Jacopo Meille au chant, les affaires se sont arrangées pour ces vétérans de la scène anglaise, tant ce vocaliste a apporté une réelle sérénité et un talent certain. Il suffit d’assister à un de leurs concerts pour comprendre qu’il est capable d’interpréter les chansons de toutes les époques. Et c’est justement à une telle rencontre que nous convient les Anglais cette fois.
Autant le dire tout de suite, Ritual ne ressemble pas à son prédécesseur. Si l’on retrouve la patte de Robb Weir sur la plupart des compositions et les lignes mélodiques de Jacopo Meille, Tygers of Pan Tang a décidé de se renouveler, en proposant des compositions peut-être moins évidentes que celle du précédent album, mais qui apparaissent plus ambitieuses et tout aussi maîtrisées. « Love Will Find A Way » en est un parfait exemple. Ce hard rock nuancé aux jolies mélodies vocales s’appuie sur des riffs qui rappellent parfois les anciens Scorpions, tout en ne reniant ni la New Wave Of British Heavy Metal ni l’époque The Cage, le son des guitares en plus. On le comprend alors, le groupe a décidé de marier toutes ses différentes incarnations, afin de nous convier à une grande fête, comme le montrent également la power ballad « Words Cut Like Knives » qui renvoie aux meilleures compositions du groupe ou le tempo lent « Rescue Me » au magnifique refrain qui rehausse des couplets appuyés sur un riff épais. Dans ce même esprit, « Destiny » joue sur belle osmose entre mélodies vocales et riffs maîtrisés, afin de nous offrir un superbe mid-tempo au refrain ciselé qui ne nous lâche plus.
Mais où se trouve donc la folie ? Ne vous inquiétez pas, elle fuse à travers de nombreux titres, et ce dès l’excellent « Worlds Apart » qui ouvre les hostilités de fort belle manière, avec son riff tourbillonnant et son refrain mélodique. Elle se poursuit avec « Raise Some Hell », une déferlante qui rappelle le premier album du groupe, la maturité en plus. Un futur morceau de bravoure pour les concerts. Un peu moins déjanté, « Damn You! » est néanmoins une petite bombe de heavy metal à mi-chemin entre les titres de Spellbound et ceux de Tygers Of Pan Tang. Impossible de ne pas taper du pied en secouant la tête, surtout que des arrangements originaux apportent une petite touche entêtante à l’ensemble. Et que dire de la déflagration « The Art Of Noise » ? Ce heavy groovy est une pure merveille de maîtrise qui entre sournoisement dans la tête pour ne plus en sortir.
Ritual est un grand album qui devrait faire date, tant le groupe est parvenu à faire la synthèse de toutes ses époques pour le plus grand bonheur de ses fans. « White Lines » apparaît comme une superbe carte de visite, représentative de cette réussite. C’est certainement pour cela que le label et le groupe ont décidé d’en faire un clip. Excellent choix.