Tennis
7.3
Tennis

Album de Papaye (2013)

Si Papaye était un fruit, il serait du genre petit, filandreux et très juteux, à s'en mettre plein les doigts. Avec une acidité à vous faire faire la grimace mais un goût suffisamment bon, qu'on, aurait envie d'y retourner aussitôt.


Mais Papaye est un vrai groupe de rock appartenant à la galaxie, Effervescence/ Kythibong : le trio s'est acoquiné avec Room 204, Pneu -et pourrait le faire avec Papier Tigre. Il a trouvé tout naturellement en Miguel Constantin, homme souvent providentiel pour toute la scène nantaise, le producteur idoine pour mettre en son leur bouillonnant univers. L'album s'appelle Tennis et Papaye est groupe à faire tout azimut, du service-volée, à ne pas user d'effet mais à trouver des trajectoires incroyables faisant virevolter en tout sens la balle dans l'air, avant de la faire retomber invariablement dans le carré magique. Papaye se donne à fond, ne craignant pas, dans un mouvement acrobatique et désordonné, de retomber dans une salissante terre battue - cela n'arrive d'ailleurs jamais, maîtrise oblige., Un groupe pour le moins expéditif (les morceaux, font 1'30-2'), pour lequel l'intensité de l'effort ne se fait pas dans l'endurance mais dans, une saccade brève et violente. Un groupe qui ne recherche pas la victoire mais le fun, le plaisir, le kiff, à l'instar du duo Gâtechien auquel nos trois lascars peuvent faire penser. Pour le reste, si ce n'est son titre, Tennis n'a pas grand-chose à voir avec le tennis ; si ce n'est de mettre sur la pochette une tenniswoman, sosie de Ségolène Royal. Si ce n'est qu'un morceau s'appelle Monica Seles, celle qui braillait comme un goret, à chaque renvoi de balle. Tennis, lui, ne braille pas : mise à part à sur Grapes, l'album est entièrement instrumental. Mais c'est ici la guitare électrique qui remplace la voix quand il s'agit de crier, pleurer ou laisser exploser sa joie.


Si situant entre Deerhoof - pour lequel, ils ont ouvert - et Don Caballero, Papaye fait aussi référence à des courants plus anciens comme la surf music, le rock des Kinks ou de Jefferson Aiplane (La cheminée), mais tout est ici maltraité, concassé ou même seulement, retravaillé dans un esprit noise et heurté qui rue dans les brancards. L'aisance rythmique, proche du math rock, , du binôme basse/batterie n'est pas là pour en mettre plein la vue mais juste pour rendre possible ces envies, de volte faces, de pirouettes, de décharges électriques. Papaye se ménage quelques moments plus calmes, et plus mélodiques, notamment avec le bien-nommé La Maturité et Monica Seles, dans un esprit Sonic Youth, mais, agrémenté d'une trompette. Histoire qu'ils ne sont, là seulement pour détruire mais aussi pour construire.

denizor
7
Écrit par

Créée

le 3 sept. 2015

Critique lue 97 fois

denizor

Écrit par

Critique lue 97 fois

D'autres avis sur Tennis

Tennis
Lupi
7

Court, alambiqué et efficace

Après un premier album plein d'entrain, de surprises et de bonne humeur, Papaye reste sur le créneau math-rock-débilo-à-l'humour-approximatif. Rien de gênant là-dedans. Les gus jouent toujours aussi...

Par

le 23 déc. 2014

Tennis
MeRz
6

Jeu, set et math rock.

Nom de groupe pourri, titre d'album abscons, photo de couverture qui ne refoule pas la grande classe, pochette de derrière qui n'inspire pas vraiment confiance avec ses labradors aux appareils...

le 25 mars 2014

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime