Si Papaye était un fruit, il serait du genre petit, filandreux et très juteux, à s'en mettre plein les doigts. Avec une acidité à vous faire faire la grimace mais un goût suffisamment bon, qu'on, aurait envie d'y retourner aussitôt.
Mais Papaye est un vrai groupe de rock appartenant à la galaxie, Effervescence/ Kythibong : le trio s'est acoquiné avec Room 204, Pneu -et pourrait le faire avec Papier Tigre. Il a trouvé tout naturellement en Miguel Constantin, homme souvent providentiel pour toute la scène nantaise, le producteur idoine pour mettre en son leur bouillonnant univers. L'album s'appelle Tennis et Papaye est groupe à faire tout azimut, du service-volée, à ne pas user d'effet mais à trouver des trajectoires incroyables faisant virevolter en tout sens la balle dans l'air, avant de la faire retomber invariablement dans le carré magique. Papaye se donne à fond, ne craignant pas, dans un mouvement acrobatique et désordonné, de retomber dans une salissante terre battue - cela n'arrive d'ailleurs jamais, maîtrise oblige., Un groupe pour le moins expéditif (les morceaux, font 1'30-2'), pour lequel l'intensité de l'effort ne se fait pas dans l'endurance mais dans, une saccade brève et violente. Un groupe qui ne recherche pas la victoire mais le fun, le plaisir, le kiff, à l'instar du duo Gâtechien auquel nos trois lascars peuvent faire penser. Pour le reste, si ce n'est son titre, Tennis n'a pas grand-chose à voir avec le tennis ; si ce n'est de mettre sur la pochette une tenniswoman, sosie de Ségolène Royal. Si ce n'est qu'un morceau s'appelle Monica Seles, celle qui braillait comme un goret, à chaque renvoi de balle. Tennis, lui, ne braille pas : mise à part à sur Grapes, l'album est entièrement instrumental. Mais c'est ici la guitare électrique qui remplace la voix quand il s'agit de crier, pleurer ou laisser exploser sa joie.
Si situant entre Deerhoof - pour lequel, ils ont ouvert - et Don Caballero, Papaye fait aussi référence à des courants plus anciens comme la surf music, le rock des Kinks ou de Jefferson Aiplane (La cheminée), mais tout est ici maltraité, concassé ou même seulement, retravaillé dans un esprit noise et heurté qui rue dans les brancards. L'aisance rythmique, proche du math rock, , du binôme basse/batterie n'est pas là pour en mettre plein la vue mais juste pour rendre possible ces envies, de volte faces, de pirouettes, de décharges électriques. Papaye se ménage quelques moments plus calmes, et plus mélodiques, notamment avec le bien-nommé La Maturité et Monica Seles, dans un esprit Sonic Youth, mais, agrémenté d'une trompette. Histoire qu'ils ne sont, là seulement pour détruire mais aussi pour construire.