A Hero's Death
7.3
A Hero's Death

Album de Fontaines D.C. (2020)

Débordé par le mouvement R’n B et hip-hop, le rock à guitares a pour ainsi dire disparu du paysage médiatique. Qu’il semble loin le revival rock du début des années 2000 ! Fontaines DC et Idles auraient pourtant pu être de parfaits prétendants au statut de (énièmes) sauveurs du rock’n roll, tant Dogrel (2019) et Joy as an Act of Resistance (2018) portaient en eux le germe d’une nouvelle génération dorée de mauvais garçons capables d’écrire une petite collection de tubes tumultueux ; las, sur A Heroe’s Death et Ultramono, les deux groupes pêchent précisément là où on les attendait de pied ferme, sur le terrain de la vitalité.

A Heroe’s Death et Ultramono sont atteints du même syndrome : celui de l’excès de confiance. Alors qu’Idles et Fontaines DC auraient dû creuser leur sillon, celui d’une énergie brute et spontanée, ils marquent le pas en laissant les manettes à leurs chanteurs, soit charismatiques, et à leur section rythmique, volontiers solide. Comme dans le hip-hop et le R’n B finalement… Mais quid de la guitare, justement ? De son grain, de son feeling ? Il faut réécouter Dogrel et Joy as an Act of Resistance : la six-cordes y jouait un rôle à la fois discret et prépondérant, celui d’une étincelle qui, patiemment, enflammait des chansons au départ essentiellement rythmiques et terriennes. Ici la guitare ne joue plus. Ou alors seulement un second rôle un peu terne, doublure d’une basse et d’une batterie qui font office de véritables points d’ancrage de la musique des deux combos. Seulement, quand cette vibration animale était auparavant relevée par un jeu de guitare aiguisé, elle tourne ici à vide, faute d’exaltation mélodique. Sur A Heroe’s Death et Ultramono les riffs sont pépères, simplistes dans leur exécution et leur habillage, et peinent à élever les débats.

On aimerait se sentir galvanisé (on parle de punk tout de même !) par ces deux jeunes groupes qui nous ont émoustillé les deux années précédentes, mais c’est la sensation tenace d’une rumination qui n’explose jamais, d’un surplace permanent, qui l’emportent. La ferveur qui entoure ces deux jeunes groupes saura-t-elle les transporter de nouveau ? Suite au prochain épisode.


Francois-Corda
5
Écrit par

Créée

le 13 oct. 2020

Modifiée

le 11 juin 2024

Critique lue 244 fois

François Lam

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