U2 aborde les années 1990 avec Achtung Baby, album à la sonorité plus européenne, sombre et accouchant un rock forci et déplumé de son blues, ce qui tranche nettement avec les envolées musicalement épiques, panoramiques et héroïques des dix années précédentes.
De l'avoir remis sur la platine (laser) il y a de cela quelques mois, j'avais trouvé l'album sacrément vieilli à mon désarroi.
À nouvelle chance accordée - à l'époque où Bono aujourd'hui copine avec Bill Gates et Georges Soros - cet album tient bon. Ça sent les néons froids qui se reflètent dans les flaques d'une ville qui change d'ère, cette Berlin tout juste descindée dans laquelle le groupe irlandais a composé son œuvre présente.
The Edge démarre sa guitare comme s'il démarre une tronçonneuse à l'entame de "Zoo Station". Bono empreinte une voix métallique. La ballade "One" a fini par me fatiguer avec les années, malgré le bien que beaucoup de personnes en pensent. La seconde moitié de l'album se délecte le mieux, dès le très rock "The Fly". C'est toujours appréciable d'écouter "Trying To Throw Your Arms Around The World" qui soupir toujours, en douceur, son élégie dans l'atmosphère. "Ultra Violet" n'a pas perdu de sa superbe tout comme "Acrobat". "Love Is Blindness" ferme à merveille cet Achtung Baby plutôt idéal à écouter la nuit, en aillant une vue sur une ville endormie où quelques lumières insomniaques subsistent.
Un des meilleurs albums de U2, que l'on peut apprécier dans sa totalité qui, même si on est en carence de patience, passera mieux que ce que les quatre irlandais ont sorti depuis les années 2000.